Okkervil River
Away
- ATO Records
- 2016
- 58 minutes
Voilà un groupe que j’ai adoré à ses débuts. Les premières offrandes d’Okkervil River étaient franchement remuantes; de l’excellent indie folk rock interprété à fleur de peau par le principal compositeur et ce parolier de haut niveau qu’est Will Sheff. Je vous conseille de prêter l’oreille à Black Sheep Boy, l’un des grands crus de l’année 2005. À l’époque, Sheff chantait ses chansons comme si sa vie en dépendait, mais lors des dernières parutions, Okkervil River a perdu l’essence de ce qui le caractérisait, bifurquant vers une esthétique folk pop nettement moins concluante.
La semaine dernière était révélée Away qui, aux dires de Sheff, est un disque qui rompt avec le passé d’Okkervil River. La gestation de ce disque fut, semble-t-il, assez complexe: changements professionnels incluant le départ d’une bonne partie des membres de la formation, décès du grand-père de Sheff, etc. Bref, une période transitionnelle, comme ils nous arrivent tous d’en avoir dans nos vies… à moins d’avoir une vie lisse et sans heurts comme le bonheur consumériste le prescrit.
Alors, Sheff en a profité pour faire table rase et propulser sa musique dans des territoires orchestraux assez ambitieux. Pour ce faire, il a fait appel au réputé Jonathan Wilson (l’homme derrière le «son» de Father John Misty) à la réalisation afin de changer de cap. Pas d’inquiétude, ça demeure toujours dans la zone de confort habituelle que préconise Okkervil River, mais le nouvel habillage sied très bien à la beauté mélancolique de ce nouvel album. L’ajout d’orchestration de cordes, d’orgues et de claviers vintage apporte énormément aux chansons frémissantes de Sheff. Lors des premières écoutes, vous pourriez ressentir un certain engourdissement tant la vitesse des 9 chansons de l’album semble être la même, mais après quelques auditions, cette impression se dissipe, faisant place à toute l’ampleur des arrangements de Wilson.
L’entrée en matière, Okkervil R.I.P, met parfaitement la table pour ce Away. On comprend assez rapidement que nous aurons affaire à un Okkervil River réactualisé. Beaucoup de pièces dépassent la barre des six minutes, mettant ainsi l’accent sur les rythmes lancinants et surtout sur les orchestrations minutieuses de Wilson.
Est-ce qu’on s’ennuie un peu du rock sale qui caractérisait les premiers efforts du groupe? En ce qui me concerne, c’est oui. Cependant, s’il y avait un virage à effectuer, c’était bien celui-là. Sans qu’il y ait de morceaux mémorables, on passe une heure des plus agréables à entendre Sheff incarner ses nouvelles chansons dans ses habits tout neufs.
Away, même s’il ne me comble pas à 100%, permettra au véhicule musical de Sheff de survivre et probablement donner une seconde vie à une carrière qui battait de l’aile. Un gros merci au talent de «storyteller» de Sheff, mais aussi, et surtout, au maestro Jonathan Wilson.
Ma note: 7/10
Okkervil River
Away
ATO Records
58 minutes