Critiques

Jonathan Wilson

Fanfare

  • Downtown Records / Fontana North
  • 2014
  • 78 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Jonathan-Wilson-FanfareAu mois d’octobre dernier le musicien et réalisateur américain, Jonathan Wilson mettait sur le marché l’ambitieux Fanfare. L’homme, qui est derrière les plus récents Roy Harper et Father John Misty, est surtout reconnu comme étant celui qui a revitalisé la scène musicale de Laurel Canyon (ville mythique, peuplée de stars hollywoodiennes, située en Californie). En invitant de nombreux musiciens réputés à participer à des séances d’improvisations publiques tels que Chris Robinson (Black Crowes), Jakob Dylan (The Wallflowers) ou encore le multi-instrumentiste Pat Sansone (Wilco), Jonathan Wilson a su insuffler une cure de jouvence à ce lieu qui a connu son heure de gloire au début des années 70.

Comme vous pouvez vous en douter, ce Fanfare est fortement marqué par l’esthétique musicale soft-rock progressif qui sévissait dans les seventies, à la différence que Wilson y appose sa propre signature grâce à une écriture chansonnière parfaitement incarnée et assumée. Le créateur s’est enfermé pendant plusieurs mois dans son studio, invitant tour à tour des pointures telles que David Crosby, Jackson Browne, Graham Nash et Father John Misty afin d’enrober éloquemment ses chansons.

Au fil des auditions, on a été foudroyé par cette sublime réalisation orfévrée (la meilleure de 2013 en ce qui nous concerne) par ces arrangements raffinés, cette fluidité mélodique, ces divines harmonies vocales, ces envolées de saxophone ainsi que par cette sorte de liberté jazzistique qui octroie à ce Fanfare une humanité accrue. Wilson ressuscite l’âge d’or du rock avec faste et goût, ramène le passé vers l’avenir tout en conservant un je-ne-sais-quoi de modernisme qui fait que cette création ne tombe jamais dans une nostalgie ringarde.

Les morceaux sont longs et mettent du temps à se loger dans le cortex cérébral et même si votre patience sera mise à rude épreuve (le disque dure 78 minutes), vous serez entièrement récompensés lors des écoutes successives de ce disque. Malgré les aveuglantes influences musicales qui soulèvent l’œuvre de Wilson, ce Fanfare séduit à la faveur de cette réalisation léchée qui sert merveilleusement le propos et qui contribue à mettre en relief cette ambiance vintage délicieusement enfumée.

Parmi ce foisonnement de plages harmonieuses et délicatement recherchées, nous avons principalement affectionné l’orchestrale Fanfare, le folk rock psychédélique Dear Friend, les très Wilco/Dylan titrées Love To Love et Moses Pain, les remarquables harmonies vocales (gracieuseté de Crosby et Nash) dans Cecil Taylor, la country rock narcotique Illumination, la ballade pianistique/hommage à Pink Floyd nommée Lovestrong de même que le folk éthéré/orchestré All The Way Down.

Le mélomane passionné de vinyles se voit dans l’obligation de se procurer promptement ce Fanfare afin d’en apprécier toute la substance; une œuvre qui remémore à la fois les classiques de Pink Floyd ainsi que le climat sonore caractérisant les bons vieux albums de Crosby, Stills & Nash ou encore ceux de Fleetwood Mac. Tout compte fait chers lecteurs, on vous doit de sincères excuses. Pourquoi? Parce que ce disque aurait dû se nicher quelque part dans nos tops de l’année qui vient de s’achever… mais puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, c’est aujourd’hui même que nous vous partageons ce véritable coup de cœur! Splendide!

Ma note : 8,5/10

Jonathan Wilson
Fanfare
Downtown Records/Fontana North
78 minutes

songsofjonathanwilson.com

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tawWSAgLd_M[/youtube]