Critiques

Moonface

This One’s for the Dancer & this One’s for the Dancer’s Bouquet

  • Jagjaguwar Records
  • 2018
  • 84 minutes
8
Le meilleur de lca

Spencer Krug a annoncé que c’était la fin de Moonface, ce pseudonyme sous lequel il fait paraître de la musique depuis 2010. Le claviériste de Wolf Parade avait frappé dans le mile avec Julia With Blue Jeans On et l’EP City Wrecker dans les dernières années. Mais rien ne pouvait nous préparer à ce qui s’en vient sur This One’s for the Dancer & this One’s for the Dancer’s Bouquet.

L’album est en deux parties, la première des chansons avec une tonne de marimbas et de Vocoder (tout comme son premier EP, Marimba and Shit-Drums), tandis que la deuxième partie est du rock mélodique où le saxophone est très utilisé. La première partie est écrite en se plaçant dans les souliers (sandales?) du Minotaure alors que la deuxième est écrite de la perspective de Krug. Les deux sessions n’ont pas été écrites ni enregistrées au même moment. Et pourtant, Krug a décidé de les tisser ensemble sur l’album, ce qui fait qu’on passe constamment d’un univers à l’autre.

Verdict?

C’est parfait. Cette construction bizarre et désorientante nous plonge dans la même confusion que Thésée qui tente de se frayer un chemin à travers le labyrinthe. Les pièces au marimba et pleines de Vocoder ressortent un peu plus par leur esthétique sonore aussi surprenante que réussie. Voilà une manière intelligente d’utiliser ces outils. Lorsqu’il s’énonce :

While I know I’m not the brightest fire

I’ll never really understand why

You never sing any songs for me

You never bang on the door

— Minotaur Forgiving Knossos

La magnifique mélancolie du Minotaure qui ne comprend pas pourquoi les gens sont aussi terrifiés de son visage est capturée avec une justesse impressionnante. C’est à la fois une complainte qui peut être interprétée comme l’expression de la solitude face à l’amour non réciproque ou encore envers un parent qui ignore sa progéniture. Du beau travail de la part de Krug.

Minotaur Forgiving Minos est une magnifique trame qui donne envie de danser sur le marimba. Même son de cloche du côté de Minotaur Forgiving the White Bull. Du côté des chansons écrites à travers les yeux de Krug, certaines frappent un peu plus dans le mile que d’autres. On y retrouve la groovy Sad Suomenlinha qui évolue de façon surprenante.

Aidan’s Ear nous ramène un peu plus près des pièces dépouillées qui ont toujours fait le charme de Moonface. C’est plein d’émotion et viscéralement impliqué dans les paroles. Dreamsong compte sur une grosse guitare ou un clavier au son tout à fait parfait.

It makes me think that dying will be like waking from a dream

The problem with your dreams is that they’re often about love
In a futuristic wasteland where she saves you from yourself
In this last one I‘m depressed in some post-apocalypse
And I cannot leave the bed unless the order leaves her lips

— Dreamsong

Walk the Circle in the Other Direction est aussi une pièce plus typique du projet Moonface avec la voix de Krug qui prend toute la place qu’elle mérite. C’est magnifique et efficace.

Cette bizarre offrande qu’est This One’s for the Dancer & this One’s for the Dancer’s Bouquet clôt de façon aussi unique que magnifique ce chapitre de la carrière de Krug. Ce n’est pas nécessairement l’album le plus facile à aborder, mais dès que vous vous perdez à travers les dédales du labyrinthe, soudainement de nouvelles couleurs s’ouvrent à vous.

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