Critiques

Mimicking Birds

Layers of Us

  • Glacial Pace
  • 2018
  • 42 minutes
7

Il y a un petit quelque chose d’insaisissable dans la musique du groupe américain Mimicking Birds. Sans être particulièrement originale, elle n’en reste pas moins difficile à classer, oscillant entre indie folk et psychédélisme léger. Sur son troisième album, Layers of Us, le trio originaire de l’Oregon poursuit dans la même veine en offrant encore un produit de qualité, malgré quelques temps morts.

Le son du groupe a considérablement évolué depuis la parution de son premier album éponyme en 2010, centré autour des guitares acoustiques et de la voix du chanteur Nate Lacy. Ce disque, teinté d’une esthétique lo-fi et donnant l’impression d’avoir été enregistré avec les moyens du bord, avait été très bien reçu par la critique à l’époque, aider sans doute par le fait que le groupe ait joui du soutien du leader de Modest Mouse, Isaac Brock, et de sa compagnie Glacial Pace Recordings.

Lancé en 2014, l’album Eons marquait un tournant dans la carrière de Mimicking Birds, qui délaissait quelque peu l’étiquette indie-folk pour offrir une pop beaucoup plus atmosphérique, dans l’esprit d’un groupe comme Other Lives et avec des relents prog à la Midlake. À ce chapitre, Layers of Us ne réinvente donc pas la roue puisqu’il est également dominé par les guitares planantes et les synthés vaporeux. Il y a bien quelques envolées plus rock, comme sur la générique Another Time, mais il est clair que le groupe excelle davantage dans la douceur que dans le bruit.

L’album commence en force avec l’excellente Dust Layers, une ballade puissante menée par un riff de guitare au grain un peu sale, ce qui donne un côté plus rugueux à l’ensemble. La voix de Lacy, qui évoque parfois celle de Justin Vernon (Bon Iver, Volcano Choir) ou même Damien Rice, se démarque par son timbre quasi céleste, empreint de mélancolie. La chanson se termine toutefois dans une envolée prog à la rythmique complexe qui ne lui convient pas et qui illustre la difficulté de Mimicking Birds à bien choisir ses transitions. Un titre comme Island Shore souffre du même problème, avec l’arrivée d’une narration dramatique mal assortie.

L’album atteint toutefois un sommet avec les ballades Great Wave et Belongings, qui porte la marque de ces chansons qui vous transportent par leur côté planant et épique. La première, inspirée d’un article du New Yorker décrivant l’impact possible d’un tsunami sur la côte nord-ouest, illustre deux facettes des textes de Mimicking Birds : leur côté sombre et l’omniprésence du thème de la nature. Great Wave est en outre portée par une finale intense où les percussions s’entrechoquent telles des vagues destructrices. Quant à Belongings, elle est tout simplement bien écrite, avec une magnifique mélodie chantée par la voix tremblante de Lacy.

Au final, Layers of Us contient suffisamment de bons titres pour faire oublier les morceaux plus convenus comme Sunlight Daze, premier extrait de l’album paru en octobre. Le fait que le trio puise à toutes les sources, y compris dans le shoegaze, peut parfois donner l’impression d’une musique fourre-tout, mais nous aurions quand même tort de bouder notre plaisir au nom du dictat de l’originalité.

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