Critiques

Michael Beach

Dream Violence

  • Goner Records
  • 2021
  • 37 minutes
7,5

Américain converti en Australien, le musicien Michael Beach a depuis plus de 10 ans un faible pour le down under et le son indie rock alternatif lo-fi. Un son bien présent sur son quatrième album Dream Violence sorti sur Goner Records (Ty Segall, Jay Reatard, The King Khan & BBQ Show). Même s’il y joue une musique rappelant notamment le rock alternatif des années 90 et le garage rock des années 2000, le résultat ne sent pas pour autant le réchauffé. Dream Violence est une galette intime, viscérale, bruyante et fraîche.

Enregistré à Melbourne et en Californie, Dream Violence surprend par ses nombreux et différents sous-genres de rock explorés en profondeur : rien n’est fait à moitié ici. L’excellente première chanson Irregardless commence par une longue introduction garage rock, puis prend un agréable virage inattendu avec son bruyant rock alternatif accrocheur qui recouvre son chant passionné et authentique : « I was dreaming of an imaginary past / Where we had a time in each other’s arms / It was never gonna last ». Cette pièce en plusieurs temps transporte dans différentes directions, toutes plus jouissives les unes que les autres.

Le premier simple, De Facto Blues, propose une grosse dose d’énergie rock n’ roll crasse à la Black Lips ou Ty Segall : un bon moment dynamique, mais un style souvent entendu ces dernières années. Dans un tout autre genre, Michael Beach sort sa voix ténébreuse à la Nick Cave sur You Know, Life Is Cheap qui offre une musique minimaliste, obscure et menaçante, ainsi que sur la délicieuse Curtain of the Night avec son rock n’ roll relaxe et son intonation détachée de slacker talentueux. Pour sa part, Spring mène vers des sonorités à la Velvet Underground par sa belle mélodie déconstruite et sa guitare désaccordée comme il faut. L’énergie angoissante cumulée sur cette chanson en raison de la musique dissonante et des paroles déprimantes (« Never let me go again / For I am tired / And I’ve thought too much of death ») finit par atteindre un sommet explosif attendu.  

Parmi les chansons les plus marquantes, You Found Me Out détonne par sa jolie mélodie simple au piano. Cette musique épurée laisse toute la place à la voix rauque, sincère et touchante qui est loin du ton détaché présent sur une grande partie de l’album : « You found me out / On a ship at sea / You pulled me in / Made a mess of me ». Michael s’aventure également dans les pièces instrumentales qui véhiculent autant d’émotions que ses chansons. Dream Violence rappelle notamment la bande originale marquante du film Dead Man composée par Neil Young.

Sur Dream Violence, Michael Beach touche à plusieurs bons sous-genres de rock avec talent et aisance. Il n’y réinvente rien et le résultat éclectique pourrait facilement être éparpillé et superficiel, mais le musicien explore chaque style toujours assez en profondeur pour demeurer intéressant. Donc un album lo-fi bien réussi pour ce bum américano-australien.

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