Critiques

Lydia Loveless

Daughter

  • Honey You're Gonna Be Late
  • 2020
  • 43 minutes
6

« If I give you a daughter,

Would you open up ? »

– Daughter

Ce sont les textes jusqu’au-boutistes et le rock sans fioritures qui ont toujours différencié Lydia Loveless de ses semblables. En 2014, elle nous proposait un premier album réussi avec Somewhere Else; un disque qui assumait pleinement ses ascendants, des Pretenders à Tom Petty, en passant par les Replacements et Stevie Nicks. Deux ans plus tard, elle récidivait avec Real; une création moins rock, plus accessible et qui laissait poindre un virage plus pop.

Ce premier album de Loveless en quatre ans a été très ardu à concevoir. L’artiste a vécu une période de profonds bouleversements : divorce, déménagement interétatique, remises en question concernant son statut d’artiste, etc.

Enregistré par Tom Schick (Wilco, Mavis Staples, Norah Jones) au studio d’enregistrement chicagoain nommé The Loft – propriété de Jeff TweedyLoveless nous convie à prendre conscience des impacts que toutes ces perturbations ont eus sur son intimité, #meetoo inclut : « Je voyais des panneaux publicitaires sur le bord de la route implorant les gens de ne pas blesser les femmes parce qu’elles étaient « la fille, la sœur ou la mère » de quelqu’un […] Ma famille était en plein bouleversement et de me définir comme une fille, une sœur ou une mère assumée ne m’a pas beaucoup réconforté », relate-t-elle dans le communiqué de presse faisant la promotion de l’album.

Après un départ très intéressant, laissant présager le meilleur, l’auteure-compositrice-interprète emprunte un virage pop-rock avec Wringer – une chanson sise entre ce que proposait à l’époque Melissa Etheridge et Ani DiFranco – et Can’t Think. Ensuite, on la retrouve en mode country rock avec l’émouvante Say My Name… et ce sera cette constante alternance entre un pop-rock sans malice et une musique plus traditionaliste qui prévaudra jusqu’à la fin de l’album.

Aucun doute, Loveless est une mélodiste douée et une parolière fougueuse. Cependant, lorsqu’elle délaisse ses racines musicales, il est difficile de ressentir sincèrement les souffrances qu’elle a éprouvées.

On a un immense respect pour le désir d’indépendance de Loveless, car cette production est la première à être lancée sur sa propre maison de disques. On a une admiration sans bornes pour la nouvelle femme d’affaires. On apprécie aussi les quelques subtiles prises de risques entendues en fin d’album (September et Don’t Bother Mountain). Toutefois, c’est lorsqu’elle pointe son regard vers le country rock qu’elle touche les cœurs.

En mode sudiste, elle est impeccable. Dead Winter, Love Is Not Enough, Say My Name et la pièce-titre sont à classer parmi les réussites. Coup de chapeau à la ballade pianistique titrée September qui met en vedette une invitée de marque : Laura Jane Grace (Against Me!); une amie de l’artiste.

Même si ce virage plus propret était prévisible, Lydia Loveless demeure nettement plus pertinente lorsqu’elle branche les guitares et qu’elle explore, à sa façon, l’Americana.

Une bonne conversation avec l’une de ses plus grandes admiratrices, la vénérable Lucinda Williams, pourrait lui faire le plus grand bien.

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