Critiques

Linaire

Linaire

  • Indépendant
  • 2020
  • 37 minutes
6,5

Linaire est le nouveau projet solo, et principalement électronique, de la musicienne et chanteuse Anna Atkinson. Nouveau projet, nouvelle identité et nouvelle approche pour la Canadienne basée à Montréal qui avait lancé au cours des dernières années deux albums plutôt campés dans le folk et le néoclassique. Au lieu de s’en tenir aux violons, violoncelles, accordéons et autres, c’est cette fois derrière un laptop et un Omnichord que la chanteuse explore des avenues où engager ses textes confessionnels et mélancoliques. 

La volonté de réinvention est claire sur cet album. Atkinson plonge tête première dans une approche et un instrument qui semblent constituer pour elle un véritable terrain de jeu et d’exploration. L’Omnichord est un curieux instrument, espèce d’hybride entre une autoharpe et un Casio VL-1 qui nous renvoie tout droit au début des années 1980, et Atkinson se sert des rythmes squelettiques produits par l’appareil pour accentuer l’aspect mélancolique et solennel de sa musique. 

Quand elle met le doigt sur un texte et une mélodie qui lèvent et qui mettent sa voix en valeur, notamment dans la pièce No Part of Me Ever Dies, on peut dire que l’exercice en valait vraiment la peine. Atkinson expérimente aussi avec l’enregistrement DIY et superpose plusieurs couches de sa voix dans certaines pièces, ce qui a un effet saisissant de chorale à la fois lo-fi et éthéré. 

Malgré ce bond dans l’inconnu, les racines classiques et folk de l’artiste sont encore visibles sous la surface. Certaines des compositions de Linaire pourraient presque passer pour des chants celtiques méconnus, couchés sur des trames électroniques. Ce côté traditionnel a quelque chose d’un peu caduc à mes oreilles, et je m’en lasse un peu vite. Dans plus d’une autre pièce, Atkinson tente des arrangements et des textes volontairement très simples et répétitifs, ce qui fait que ces pièces s’étirent en longueur, même quand elles durent moins de quatre minutes. 

J’applaudis la volonté d’Atkinson de se réinventer, et une grande partie du plaisir de l’album provient de son émerveillement manifeste devant les possibilités qui s’ouvrent devant elle. Je pense toutefois qu’elle aurait eu fort à gagner en élargissant davantage la palette d’instruments sur l’album et en donnant moins de responsabilités à un instrument aussi peu expressif que l’Omnichord. Peut-être que le prochain pas vers l’avant de Linaire pourrait être l’inclusion d’autres musiciens pour enrichir et apporter plus de dynamiques à ses pièces les plus répétitives? L’aspect hypnotique de ces chansons n’en serait que rehaussé. Malgré tout, la curiosité dont fait preuve Atkinson garantit que je tende l’oreille à ce qui viendra par la suite, quelle qu’en soit la forme. 

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