Critiques

Lily Allen

No Shame

  • Parlophone Records
  • 2018
  • 51 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Après son premier album Alright Still en 2006, le décent It’s Not Me, It’s You et le très ordinaire Sheezus, tous deux sortis en 2009 et 2014 respectivement, Lily Allen nous revient avec No Shame. Un album qui dépeint une Lily Allen authentique, imparfaite et surtout humaine.

Dans cet album clairement autobiographique de 14 titres, elle expose sa vulnérabilité sans apitoiement et aborde des sujets tels que les peines d’amour, la famille, la dépression, la solitude et la résilience.

D’entrée de jeu, Lily Allen donne le ton avec Come On Then. Fébrile et déterminée, elle reprend du service après 4 ans d’absence et livre des lignes espiègles à ses détracteurs (les médias), sans tomber dans l’agressivité et le tout sur un rythme électro-pop. Telle une provocation en forme de clin d’œil lancée par une rebelle finalement assez sympathique.

Yeah, I’m a bad mother, i’m a bad wife

You saw it on the socials, you read it online

If you go on record, saying that you know me

Then why am I so loney

Cuz nobody fucking phones me

– Come On Then

Afin de faire grimper la pression, l’album se poursuit sur le titre dynamique Trigger Bang, une collaboration avec le rappeur britannique Giggs. Une chanson ou Miss Allen se pose en femme au-dessus de ses affaires pour ensuite partager ses insécurités et ses remises en question avec le très dansant What Are You Waiting For ? et le rythmique et accrocheur électro-reggae Your Choice avec Burna Boy, une autre collaboration sur l’album.

Les pistes défilent et les ambiances s’adoucissent le temps de quelques chansons, côté arrangements musicaux, et les paroles deviennent plus alarmantes et honnêtes. Dans les titres Family Man et Apples, la chanteuse évoque son divorce en y exposant son triste bilan et constat. Elle partage son désarroi à un tel point qu’on sent clairement que cette situation la hante encore et qu’elle sait que rien ne changera, et ce, en dépit de tous les efforts qu’elle a pu accomplir.

I’m to blame for all your pain

I never could have played that part

I had to do it, baby

We were both depressed

Towards the end we were not even having sex

– Apples

Sortant définitivement du lot, on note les pistes Lost My Mind, une irrésistible chanson pop plus typée R&B, et le poignant Three, où Lily Allen s’approprie les mots et pensées de son enfant qui ne comprend pas pourquoi maman préfère partir en tournée plutôt qu’être à ses côtés. Une interprétation à couper le souffle et ironiquement, cette piste sonne musicalement comme une comptine pour enfant.

Bien que l’album partage plusieurs morceaux évoquant les ruptures, les échecs et la culpabilité, il se termine sur une note plutôt optimiste. Comme piste de clôture, Lily propose Cake. Une jolie et inspirante ballade rappelant à ses auditrices qu’elles possèdent les rênes de leur destinée et qu’elles ont aussi le droit au bonheur.

En somme, c’est un album mature marqué d’un bel effort de construction et la voix de la chanteuse n’a jamais sonné aussi bien. Bien entouré de grands noms tels que Mark Ronson, Ezra Koenig et Fryars, Lily Allen fait preuve d’un grand savoir-faire et porte sur ses épaules un ambitieux collectif de chansons électro-pop, de dancehall, d’afrobeat et de rap aux sonorités captivantes et bien appuyées.

Lily Allen récidive avec tout ce qui faisait le charme des compositions de ses deux premiers albums avec une coche de plus et cet album est de loin son meilleur jusqu’à présent.

* Lily Allen sera en concert à Montréal le 27 octobre 2018 au Théâtre Corona.

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