Critiques

Kiwi Jr.

Chopper

  • Sub Pop Records
  • 2022
  • 37 minutes
6

Maintenant résidente de la ville de Toronto, la formation indie-pop-rock Kiwi Jr. a d‘abord vu le jour dans la province de l’Île-du-Prince-Édouard. Influencé par le « slacker rock » de Pavement et Parquet Courts, entre autres, le quatuor mené par Jeremy Gaudet s’est démarqué significativement de ses ascendants l’année dernière avec la parution de Cooler Returns… mais pas assez pour ne pas associer la voix du meneur à celle de Stephen Malkmus !

La semaine dernière, Kiwi Jr. lançait son troisième long format en trois ans. Intitulé Chopper, ce nouvel album réalisé par Dan Boeckner (Wolf Parade, Operators, Arcade Fire) voit le groupe prendre ses distances des inspirations susmentionnées, empruntant par moments les sonorités de la pop alternative des années 80. Ce virage n’est pas étranger à l’apport des nombreux synthétiseurs qui dominent la facture sonore de ce Chopper.

Ces groupes « relâchés » qui ont fait la pluie et le beau temps au milieu des années 90 ont extirpé tout le jus créatif que contenait le « slacker rock ». Aujourd’hui, une formation qui s’inspire fortement de ce genre musical devra, un jour ou l’autre, moduler son approche afin de conserver une certaine crédibilité. C’est ce que concrétise Kiwi Jr. sur ce nouvel album, sans convaincre totalement.

En reléguant à l’arrière-plan les quelques guitares abrasives qui durcissaient le son d’ensemble de la formation et en faisant la belle part aux synthés ensoleillés, Kiwi Jr. prend probablement le pari de fédérer un plus grand nombre de fans à sa proposition. Or, certaines chansons sont trop linéaires, rythmiquement parlant, ou trop labyrinthiques, pour capter pleinement notre attention. Après de nombreuses auditions, on peine à dénicher un point d’ancrage à ces chansons pourtant bien réalisées, mais qui souffrent malheureusement d’une direction claire en matière de songwriting.

Dans une pièce comme Kennedy Curse, Jeremy Gaudet nous explique inconsciemment et involontairement l’état de confusion dans lequel l’auditeur sera plongé après avoir écouté Chopper :

Dead lifting a Fender guitar and getting nowhere

Showing your ass, trying to dance to a cycle of failure

– Kennedy Curse

Même si notre attention vacille tout au long de l’écoute de ce disque, quelques pièces valent quand même la peine d’être entendues. Les synthés dans Unspeakable Things sont souriants. Night Vision et Downtown Area Blues sont inspirés par les approches vocales de Jonathan Richman et Julian Casablancas (The Strokes) respectivement. The Sound Of Music recèle un je-ne-sais-quoi de Vampire Weekend.

Or, ce qui permet à cette production de garder la tête hors de l’eau, c’est l’influence manifeste d’une des formations indie-pop parmi les plus mésestimés de l’histoire du rock, The Go-Betweens. Sur des morceaux comme Clerical Sleep et The Extra Sees The Film, l’ascendant du duo formé à l’époque de feu Grant McLennan et Robert Forster a stimulé un peu plus l’attention de l’auteur de ces lignes.

Sans être une création inécoutable, Chopper est trop rectiligne et faussement inventif pour se démarquer de ses semblables. Malgré cela, Kiwi Jr. mérite de poursuivre sa route, surtout si le groupe simplifie son écriture chansonnière afin de la rendre plus intelligible et percutante.

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