Critiques

JP «Le Pad» Tremblay

rrrik thffu (l’onomatopée d’un crachat)

  • Spectacles Bonzaï
  • 2021
  • 53 minutes
7,5

Après 15 ans à rouler sa bosse avec Québec Redneck Bluegrass Project (QRBP) (qui a d’ailleurs sorti un album l’an passé intitulé J’ai bu), JP « Le Pad » Tremblay s’est offert un album solo. Avec rrrik thffu (l’onomatopée d’un crachat), l’artiste nous laisse entrer dans son intimité. Il laisse tomber le côté festif qu’on lui connaît avec QRBP pour aborder des thèmes sociaux qui lui tiennent à cœur.

JP « Le Pad » Tremblay s’est tourné vers Marc Déry pour co-réaliser rrrik thffu (l’onomatopée d’un crachat). Le résultat? Un album de 53 minutes et des poussières où règnent les guitares et la voix du Pad. Après tout, il a toujours offert de longs albums avec QRBP qui dépassent souvent l’heure d’écoute.

Avec rrrik thffu (l’onomatopée d’un crachat), JP « Le Pad » Tremblay crache au visage de la société moderne. C’est un angle avec lequel il est familier, entre autres avec J’ai bu (QRBP). On y retrouve également plusieurs pièces traitant de son mode de vie sur sa ferme à Saint-Nazaire et ses récriminations envers le besoin de se sentir productif. Or, c’est moins festif qu’avec QRBP. Et ce côté moins festif, qui laisse moins place à des artifices instrumentaux, laisse entrevoir un côté encore plus vulnérable et intime de Tremblay. Entre autres, il y aborde le sentiment d’appartenir à la société, l’amour et le déni face à un diagnostic de maladie dans sa famille.

L’album s’ouvre justement sur Maladie mentale, avec ses guitares qui semblent rire dès les premières notes. Au refrain, il annonce : « J’me fonds maintenant mieux dans la foule / Je fitte enfin dans le moule / Me v’là finalement normal / Grâce à mes maladies mentales. » Il parle entre autres de son TDA. D’ailleurs, ces dernières années, on a pu constater une augmentation des diagnostics de TDA avec ou sans H dans notre société ainsi que de la médicamentation. Quand on creuse un chouïa, comme le propose JP « Le Pad » Tremblay, on découvre que c’est peut-être causé par la société dans laquelle on évolue.

Mais surtout va pas dans l’bois
Prends pas d’vacances surtout pas
Faudrait pas qu’j’aille breaker d’une roue
Faut que j’reste dedans juste qu’au cou
Ben accoté ’a broue dans l’toupette
Dans l’jus jusqu’au temps que j’pète
Mais j’aurai pas lâché la patate j’aurai pas lâché l’morceau
Pis on s’souviendra p’t-êt’e de moé pas comme d’un simple numéro

Maladie mentale

Avec Tu sens bon, JP « Le Pad » Tremblay laisse son romantique intérieur s’exprimer. Même si la poésie sent la campagne et le sapin un peu, on ne peut s’empêcher de remarquer l’originalité des paroles dans ce sujet des plus populaires. La guitare se fait taquine, douce, entraînante. Le tout donne envie de se coucher sur une peau d’ours près d’un feu avec sa douce moitié et … bref, vous voyez où je m’en vais.

Finalement, avec Montagne, on découvre un pan encore plus sensible de la plume de Tremblay. Je ne sais pas si c’est une histoire personnelle ou inventée, mais on y suit un narrateur qui vit dans le déni du diagnostic de Sclérose latérale amyotrophique (SLA) de sa mère. Le texte est touchant et bien imagé.

Malheureusement, je dois souligner le côté un peu redondant dans la forme de rrrik thffu (l’onomatopée d’un crachat). Tout au long des 53 minutes, ce n’est que la voix de JP « Le Pad » Tremblay et des guitares. Ces dernières sont excellentes, je ne veux rien leur enlever. Mais l’opus, déjà long de 53 minutes, offre une continuité mélodique qui peut ennuyer après un certain temps d’écoute continue, et ce, malgré d’excellents moments comme J’cours après d’quoi et French.

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