Critiques

Jonathan Wilson

Dixie Blur

  • 55 minutes
7

En plus d’être le directeur musical attitré des concerts-événements de Roger Waters, Jonathan Wilson est l’un des réalisateurs parmi les plus prisés et respectés dans le monde du folk-rock indépendant. Il est le maître d’œuvre derrière le son si distingué des albums de Josh Tillman, alias Father John Misty, permettant ainsi au personnage, cynique et ineffable à la fois, d’obtenir un succès populaire inattendu.

En mode auteur-compositeur-interprète, Wilson a quelques bons disques dans sa besace : Fanfare (2014) et Rare Birds (2018). Le premier revitalisait habilement le son lustré de la scène de Laurel Canyon, lieu qui a connu son heure de gloire au début des années 70. Le deuxième était caractérisé par un virage électro-pop qui conservait somme toute les spécificités habituelles de ses réalisations.

En plus d’être un magicien de l’orchestration et des arrangements, l’homme est un véritable virtuose, jouant à la quasi-perfection d’un éventail varié d’instruments (batterie, guitare, piano, cuivres, etc.).

La semaine dernière, le musicien émérite était de retour avec un nouvel album sous le bras : Dixie Blur. Enregistré au Sound Emporium Studio situé à Nashville – lieu ayant appartenu au légendaire Cowboy Jack ClementWilson a confié l’enregistrement « live » de son disque à Pat Sansone (Wilco). En plus de Sansone, il s’est entouré des meilleurs musiciens de studio de la région de Nashville, le violoniste Mark O’Connor en tête de liste.

Originaire de la Caroline du Sud, résident aujourd’hui en Californie, Wilson a replongé dans la musique qui a bercé son enfance. Inspiré également par les goûts musicaux de son paternel, l’artiste a voulu produire un album parfaitement « deep south », tout en ne perdant pas contact avec ce qui l’a toujours défini. Parallèlement à cette démarche, l’homme avait envie de concevoir un disque plus humain et moins « réalisé ». L’esthétique sudiste se prêtait magnifiquement bien à cette recherche de simplicité tant désirée par l’Américain.

Et ça donne un disque parfois assis entre deux chaises. Les immersions dans le country sont parfois trop lisses pour être bouleversantes. So Alive, In Heaven Making Love et El Camino Real, sans être médiocres, peinent à capter notre attention. Quand Wilson retourne à son style distinctif, on embarque de plain-pied. Les arrangements dans Oh Girl et la sublime Riding the Blinds font penser aux meilleurs moments orchestraux des albums de Father John Misty.

Wilson réussit presque à nous faire verser une petite larme dans Pirate; pièce que n’aurait pas reniée ce paria qu’est devenu, non sans raison, Ryan Adams. Enemies aurait pu paraître sur le tout dernier Springsteen, Western Stars et ce Dixie Blur se conclut avec Korean Tea qui est un condensé que ce que nous a proposé Jonathan Wilson tout au long de l’album.

Sans être un disque marquant de sa discographie, il est toujours agréable d’être accompagné par la musique du réalisateur-compositeur. Un artiste que l’on pourrait qualifier de « confortable anachronisme ».

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