Critiques

l'heure idéale

Jesuslesfilles

L’heure idéale

  • Duprince
  • 2021
  • 31 minutes
7,5

La formation de garage rock psychédélique menée par Martin Blackburn (voix, guitare) est de retour avec un nouvel album : L’heure idéale. En 2014, le groupe nous avait proposé Le grain d’or ; un album encrassé qui recelait des airs de Ty Segall, en moins explosif, il va sans dire. Quatre plus tard, un étrange personnage, nommé Daniel, faisait son apparition. Plus domestiqué, ce long format demeurait malgré tout à l’intérieur des mêmes balises que son prédécesseur, même si on voyait poindre une certaine évolution mélodique.

Avec les nombreuses années d’existence compilées à son compteur, Jesuslesfilles a souvent modifié son personnel au fil des productions. Blackburn est toujours accompagné par Yuki Berthiaume-Tremblay (claviers, voix). La formation est maintenant complétée par l’excellent Guillaume Chiasson à la guitare (Bon Enfant, Ponctuation), Thomas Augustin à la basse (Malajube, Penny Diving) et l’immuable Benoît Poirier à la batterie. Et le quintette a eu la brillante idée de confier la réalisation à Emmanuel Éthier (Chocolat, Population II, Corridor, etc.).

Comme toujours, Jesuslesfilles nous plonge dans l’habituel garage rock psychédélique, mais on décèle dans ce nouvel opus, des lueurs de post-punk et d’indie-pop. Ce nouveau long format est plus sobre, mais tout aussi efficace et ce n’est probablement pas étranger à l’apport d’Emmanuel Éthier. Les guitares sont plus soignées, moins saturées, mais par-dessus tout, c’est l’approche mélodique de Blackburn qui retient l’attention. Auparavant, les mélodies vocales étaient noyées dans une lave sonore décapante. Cette fois-ci, elles sont positionnées bien en avant (et avec confiance) dans le mix, sans amoindrir l’importance des guitares et des claviers d’ambiance.

L’heure idéale démarre sur des chapeaux de roues avec six chansons-matraques. L.A. est un bijou de garage-pop. Laurence-Anne vient y mettre son grain de sel à la voix et à la guitare. Coup de chapeau au court solo de guitare dissonant dans la conclusion de Doux Doux. Le riff principal de la chanson-titre est inoubliable. Troisième semaine contient un je-ne-sais-quoi évoquant le Kurt Vile de Wakin On A Pretty Daze et c’est probablement lié à la contribution des guitares arpégées. Cris plonge dans la noise-pop aux allures « shoegaziennes » et cette rafale se conclut avec l’indie-pop ensoleillée Chariotte de cowboy.

Par la suite, l’efficacité chansonnière s’estompe quelque peu, même si Vingtièmement remémore habilement la pop psychédélique « à la The Byrds ». L’album se conclut avec une superbe chanson orchestrale : Trottoirs d’or. Même le texte est désarmant… en tenant bien sûr pour acquis que l’appréciation que l’on porte à Jesuslesfilles est loin d’être littéraire.

Mes amis je pars
Je serai là
Quelque part
Les trottoirs
Sont plaqués or
J’y marche
Et pleure sur mon sort
J’me magasine… encore

– Trottoirs d’or

Ceux qui les préféraient en mode plus abrasif pourraient être désarçonnés par cette nouvelle approche, mais L’heure idéale est la création la plus aboutie de Jesuslesfilles. Leur meilleur album.

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