Critiques

Jeff Tweedy

Love Is The King

  • dBpm Records
  • 2020
  • 39 minutes
7

« Life isn’t fair

Love is the king »

– Love Is The King

Ces dernières années, le meneur de Wilco a découvert les vertus de l’empathie et de la gratitude. Vu de l’extérieur, tout cet optimisme pourrait paraître enfantin ou pire, suspicieux. Certains pourraient même mettre en doute les véritables intentions qui se cachent derrière ce virage « positiviste » de Jeff Tweedy. Pourtant, ceux qui suivent de près la carrière de l’artiste savent que l’homme est en constante recherche d’une certaine forme de sérénité. Le vétéran a maintes fois souffert de tourments qui l’ont mené à la dépendance aux analgésiques. Aujourd’hui, Tweedy a atteint en partie son objectif. Tant mieux.

En 2018, en mode solo, le songwriter nous avait offert l’excellent WARM qui confirmait la zénitude qui caractérise de plus en plus son œuvre. Et ces jours-ci, Tweedy, âgé de 53 ans, s’affaire à jeter un coup d’œil au rétroviseur afin de faire un premier bilan de sa carrière. Il a ainsi lancé une autobiographie intitulée Let’s Go (So We Can Get Back) et récemment, il a fait paraître un autre bouquin, celui-là titré How To Write One Song.

Au printemps dernier, Wilco devait entamer une tournée nord-américaine, mais pandémie oblige, la série de concerts fut annulée… ce qui a laissé beaucoup de temps au vétéran pour écrire quelques chansons. Enregistré en avril dernier au studio maison de la formation (The Loft), Tweedy nous présente son quatrième album solo (si on inclut WARMER) : Love Is The King. Accompagné par ses deux fils, Spencer et Sammy, le trio s’est fixé un objectif amusant, mais exigeant : écrire une chanson par jour jusqu’à l’obtention d’un album en bonne et due forme.

Musicalement, la cellule familiale plonge dans un univers musical que le paternel connaît comme le fond de sa poche : le country-folk rock. On retrouve le son des albums A.M. et Being There de Wilco, mais avec une économie de moyens qui ramènent les chansons à l’essentiel : guitares, basse et batterie. On renoue aussi avec les influences qui ont façonné le travail compositionnel de Tweedy : The Byrds, Big Star et Gram Parsons, en tête de liste. L’ensemble est enrichi par quelques solos de guitare dissonants, ceux-ci filtrés dans un Echoplex (un effet de délai mis sur le marché pour la première fois en 1959).

Les textes sont certes remplis de candeur, mais aussi de lucidité. Tweedy s’est laissé inspirer par la nature qui l’entoure, mais également par la chance qu’il a de faire de la musique avec sa progéniture. C’est la poésie profondément humaniste de l’auteur, combinée à une maîtrise parfaite de ce retour aux sources qui font que ce disque est intéressant… sans être totalement enthousiasmant. Quelques pièces se démarquent. Le country rock « à la The Byrds » dans A Robin or A Wren fait taper du pied et le jeu de guitare de Tweedy est à son paroxysme dans Half Asleep.

Pour ceux qui souhaitaient un périple plus aventureux, vous devrez passer votre tour. Voilà un disque à écouter un dimanche matin, en compagnie de l’être aimé, en sirotant un bon café. Conçu dans une certaine urgence et dans une atmosphère bienveillante, Jeff Tweedy nous présente des chansons dépouillées d’artifices qui mettent en relief le plaisir qu’il ressent à créer en compagnie de ses enfants.

Un album serein et inspirant.

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