Critiques

JEFF The Brotherhood

Magick Songs

  • Dine Alone Records
  • 2018
  • 54 minutes
7,5

Après avoir été plaqués par l’étiquette de disques Warner, les frangins Orall ont évacué toutes leurs frustrations créatives avec le magnifique Global Chakra Rhythms; l’un des bons crus de 2015. Un disque hallucinogène où se côtoient cithare, synthés vaporeux et saxophones, l’ensemble reposant sur une panoplie de riffs aussi efficaces que planants. L’année suivante, libéré de toutes contraintes, JEFF the Brotherhood lançait Zone et retrouvait ainsi le sillon power-pop auquel le groupe nous avait habitués chez Warner, mais en nettement plus inspiré; album qui confirmait la renaissance artistique du groupe.

La semaine dernière, le duo nous proposait son 13e album en carrière, intitulé Magick Songs… et il y a de la nouveauté dans le petit monde de JEFF the Brotherhood ! Deux membres officiels s’ajoutent à Jake et Jamin : le bassiste Jack Lawrence (The Raconteurs, Dead Weather) et Kumal Parkash (Viva L’American Death Ray Music, Quinton’s Weather Warlock Band). Tout ce beau monde s’est donc engouffré en studio pendant trois mois pour nous offrir une création assez champ gauche, merci !

Après que les gars eurent longuement improvisé, Jake Orall a rassemblé et structuré les bandes maîtresses pour en faire des chansons en bonnes et dues formes, y ajoutant quelques pistes supplémentaires au passage… et ça donne une production qui explore une variété de styles musicaux, tout en conservant une certaine cohérence. Psychédélisme, krautrock, stoner rock, expérimentations aux ascendants asiatiques et utilisation inventive de la clarinette se chevauchent dans une atmosphère brumeuse, parfois menaçante.

Malgré quelques imperfections (ordre des chansons un peu déficient), JEFF the Brotherhood prend des risques et tente d’élever son rock à un niveau artistique supérieur. Pour un groupe qui a failli sombrer, la résurrection est admirable. Magick Songs est un disque qui demande plusieurs écoutes afin d’en saisir toutes les nuances, mais au fil des auditions, cet intrigant et singulier voyage musical saura satisfaire le mélomane aventureux.

Parmi les pièces les plus significatives, on vous conseille de prêter l’oreille à la très Pavement titrée Camel Swallowed Whole. Les inclinaisons krautrock entendues dans Wasted Lands et Locator sont réussis. Relish est une plongée dans la musique ambiante à la manière de… JEFF the Brotherhood ! Et ça se conclut avec trois chansons aux ascendants stoner rock (qui auraient dû être éparpillées séparément tout au long de l’album) : Magick Man, Heavy Journey et Farewell to the Sun.

Magick Songs est un disque de transition réussi. On a bien hâte d’entendre la suite des choses. Avec l’apport créatif de Lawrence et Parkash, JEFF the Brotherhood n’a pas fini de nous étonner.