Critiques

James Blake

Playing Robots into Heaven

  • Polydor Records / Republic Records
  • 2023
  • 43 minutes
7

En 2021, James Blake proposait Friends that Break Your Heart, un des albums les plus pop de son répertoire. Deux ans plus tard, c’est une tout autre sauce que nous offre l’Anglais alors qu’il revisite ses racines musicales en nous invitant une fois de plus sur la piste de danse où les rythmes infectieux côtoient la mélancolie particulière de ceux qui ont grandi sous les cieux londoniens. En tout cas, pour la première moitié de Playing Robots into Heaven alors que ce sont les sonorités vaporeuses et la mélancolie qui prennent entièrement la place de la seconde moitié.

Ce retour aux sources a de quoi réjouir ceux qui sont tombés en amour avec l’approche de James Blake lors de la sortie de son album homonyme ou encore celle d’Overgrown. Depuis, l’auteur-compositeur-interprète a pris un chemin qui l’a emmené vers des sonorités plus accessible et souvent beaucoup plus mélancolique, mais en laissant en plan le côté dansant de sa proposition. Cela n’était pas sans charme; Assume Form était franchement réussi et en fait, il n’a jamais sorti un album ordinaire.

Quoi faire de ce Playing Robots into Heaven? La première moitié frappe dans le mille. Asking To Break qui ouvre l’album est d’une redoutable efficacité et offre déjà une fenêtre vers ce qui va régner sur cette première moitié. On y retrouve une sorte de post-dubstep qui rappelle particulièrement les deux premiers albums de l’Anglais. Puis, ça s’emporte. Loading fesse autant à coup de bonne mélodie que de rythmes extraordinaires. C’est encore le cas par la suite avec Tell Me qui mélange grosse trame faite sur mesure pour les pistes de danse et voix éthérée.

À He’s Been Wonderfull, on tombe dans une transition plus audacieuse qui mélange échantillons et musique électronique plus abstraite. Cette transition se fait sur plusieurs chansons alors qu’on se retrouve face à une Big Hammer reggae qui prend des airs hip-hop sous les influences de James Blake. Puis, avec Night Sky, on tombe dans quelque chose de plus éthéré. Cela se poursuit par la suite, mais en plongeant dans une mélancolie qui rappelle The Colour in Anything avec Fire The Editor. Le tout termine sa course avec la chanson-titre qui va à fond dans la musique abstraite.

L’album donne l’impression que James Blake se cherche et tire vers ses racines sans jamais entièrement être capable de se défaire de sa manière de composer et de son ton des dernières années. Le tout donne un mélange qui n’est pas toujours heureux. Il y a une sorte d’essoufflement qui se produit à travers l’album, alors que la première moitié de l’album est tout à fait délicieuse et nous promet le meilleur de James Blake. Une chose est sûre, il va y avoir de quoi se trémousser lors des prochains concerts de Blake et cet album, même imparfait, comporte son lot de moments magnifiques.

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