Critiques

Inverted Serenity

As Spectres Wither

  • Indépendant
  • 2017
  • 48 minutes
7

Inverted Serenity a sorti son troisième album, As Spectres Wither, le 6 octobre 2017. Avec cet opus, ils prouvent que le « tech-death », s’il peut parfois sembler réservé à une élite, est ici réellement accessible! Les musiciens sont à des années-lumière d’une certaine « froideur » souvent entendue dans ce style. Selon leur page Facebook, leur leitmotiv est « jouer, composer, rire, enregistrer, performer ». En effet, le groupe se prend au sérieux, mais sait tout de même rire de lui-même, comme le témoigne cette photo où ils portent de splendides robes fleuries!

Le son d’Inverted Serenity est évidemment très pesant, un peu comme l’album éponyme de Strapping Young Lad, datant de 2003. En fait, ce groupe, c’est comme si Steve Vai et Devin Townsend avaient créé ensemble un album plus lourd… Un Sex et Religion mille fois plus maléfique… Des gros riffs sales de dinosaures qui écrasent des villes, créant l’apocalypse et la panique! Ça sonne toutefois un peu « bourrer jusqu’à la gueule »… On dirait qu’ils ont trop de choses à exprimer en même temps! Est-ce qu’Inverted Serenity est seulement constitué de quatre membres? Parfois, il y a juste trop de notes pour l’émotion exprimée, et ça commence à tomber dans le « crossage de manche » à la limite abrutissant et répétitif. Malgré cela, Inverted Serenity crée une multitude d’ambiances différentes et captivantes à travers tout l’album.

Dès le début de Dead Dialectics, on est emporté par le flot d’un black metal séduisant… Le son net, épuré et cristallin nous emporte ailleurs. Dans cette chanson, il y a un solo tout de même un peu étonnant, à la Steve Vai, et ça crée un beau contraste. Tout au long de l’album, les passages lisses inquiétants s’étirent, et on adore ça. On en veut plus! D’autre part, lorsque le chant « clean » est mélangé avec le « growl », c’est tout simplement divin. Autre bon point : leurs paroles parlent de philosophie, de conscience, d’éveil spirituel, de la science, de la nature. Très inspirant!

It’s time we recognize the gravity of the…
Paradox of progress induced regression of
Hope and optimism
Caused by unprecedented accumulations
Of intellectual
In aptitudes that will change this current paradigm
And make us relinquish
Any remaining delusions of our supremacy

Building mechanical gods

The imminence
Of the advent
Warrants our wish
And our fear

-Mechanical Gods

 

À noter que dans Mitral Genesis, il y a un minuscule moment de silence, et c’est très bien placé. C’est un peu contre nature de souligner cela, mais les temps d’arrêts font aussi partie de la musique, non? Ensuite, We Who Wander rappelle notamment certains riffs malsains d’Astarte, alors que Grave fait beaucoup penser aux riffs rapides de Gojira. Par moments, les sons de guitare sont clairement « empruntés » à Joe Duplantier… L’ambiance de la fin de la chanson est vraiment bien travaillée., et ça reste très questionnable de la terminer en fondu. L’album se clôt également de cette façon… Non, juste non! Est-ce un brin de paresse musicale? Dans un tout autre ordre d’idées, on ne comprend pas trop la pochette… Qu’est-ce que c’est que cette texture effilée, mélangeant le rouge vif aux tons pastel, qui semble avoir été bricolée dans Photoshop en cinq minutes? Passons…

Autre sujet important. Inverted Serenity s’autoproclame « death metal progressif et technique ». Ouf. Lourde étiquette, pour un groupe qui précise ensuite la chose suivante : « Nous n’avons pas de formule constante pour composer, et on ne se limite pas à un style spécifique. Cela se traduit par un album varié, qui tire un petit quelque chose de nos influences diverses. C’est éclectique, mais cohérent, en tous cas, on l’espère! »… On se questionne alors : pourquoi autant de groupes s’obstinent-ils à dire qu’ils ne se limitent pas à un style de musique, alors qu’ils spécifient très clairement qu’ils font du death metal ? On comprend qu’ils veulent ressortir du lot et se différencier, sur le marché saturé du metal… Mais le problème est que maintenant, tout le monde dit ça. C’est très facile de prôner qu’on a aucune affiliation à aucun style, alors qu’en fait, toute la direction artistique est hyper ciblée dans un genre de musique bien particulier… Phénomène fascinant, n’est-ce pas?

Ceci étant dit, As Spectres Wither d’Inverted Serenity est un album passionnant à écouter d’un bout à l’autre, autant pour les amateurs de black metal que de progressif, et les plus purs passionnés de « death technique » y trouveront aussi leur compte. À découvrir!

 

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