Critiques

Idles

TANGK

  • Partisan Records
  • 2024
  • 40 minutes
8
Le meilleur de lca

Il n’y a pas de doutes, sur TANGK, IDLES se fait plus doux. Les muscles sont moins présents… à l’exception du muscle le plus important : le cœur. (Oui, oui, c’était la Saint-Valentin cette semaine.) Blague à part, la formation anglaise a parlé abondamment du processus qui a mené à la création de TANGK. Chez Exclaim, Mark Bowen, guitariste de la formation, avouait que le processus avait été difficile étant donné que le groupe changeait son cap musical. Joe Talbot racontait à The Guardian que lui et le guitariste Bowen sont devenus des parents au cours des dernières années et que cela les amenait à réfléchir davantage et différemment.

C’est vrai que sur TANGK la force de frappe agressive qu’on connaissait à IDLES se fait moins présente. Elle n’est pas complètement absente, on en retrouve notamment sur l’excellente Gift Horse qui mise sur un refrain puissant et sur des lancées verbales convaincantes. Dans un registre rock, mais peut-être un peu différent de celui qu’on connait de la formation, Dancer fait aussi belle figure. Entre le riff de guitare délicieux de la pièce, la lourdeur des salves de la basse, le son de distorsion intéressant du refrain, les chœurs puissants de LCD Soundsystem et Joe Talbot qui nous mène à travers le tout avec sa verve et son ton tranchant, on retrouve beaucoup de choses plaisantes. On retrouve aussi une bonne dose de rock dans Hall & Oates et Talbot se fait plus agressif à notre grand plaisir. Même son de cloche du côté de Gratitude.

Mais entre les pièces lourdes, on découvre de nouvelles sonorités pour IDLES. C’est le cas de l’intéressante POP POP POP qui a une belle basse et des percussions synthétiques surprenantes. Il y a une qualité dans les sons qu’IDLES utilise, des sonorités qu’on entend pas souvent et qui requièrent une bonne dose de recherche. Dans la même lignée, Grace se laisse aller à des sonorités atmosphériques qui sont gardées sur la bonne voie grâce à une batterie synthétique. Il y a tout de même un peu de menaces dans cette pièce alors que les guitares grondent comme si elles se préparaient à exploser, sans jamais s’abandonner à la brutalité.

Il y a même des chansons carrément douces sur TANGK. C’est le cas d’A Gospel une pièce au piano où Joe Talbot chante doucement des paroles où il laisse une vulnérabilité émotionnelle colorer son interprétation. IDEA 01 qui ouvre l’album est aussi dans le registre plus doux, même si ça lève davantage et sert de tremplin pour Gift Horse. Mais IDLES comment quand même TANGK doucement, presque posé. C’est aussi comme ça que la formation ferme l’album avec Monolith où Talbot chante avec douceur le besoin de sentir un certain réconfort.

Est-ce qu’IDLES ramollit? Le groupe rock a toujours eu une certaine part de vulnérabilité en lui. Ce qui est nouveau, c’est qu’il y a une absence de la colère qui pouvait la masquer. Ce qui ne veut pas dire que la formation évacue toute critique sociale dans ses textes. Joe Talbot ne trouve pas soudainement que les gouvernements agissent pour le mieux, mais il semble qu’ici, ce n’est pas ce discours qui occupe la place centrale dans la démarche. Cet album est un pivot réussi pour un groupe qui a offert bon album sur bon album au cours des dernières années. C’est différent et il faut entrer dans l’écoute avec une ouverture d’esprit, mais cette ouverture sera largement récompensée.

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