Critiques

Homeshake

CD Wallet

  • Dine Alone Records
  • 2024
  • 34 minutes
7

Homeshake surprend sur CD Wallet alors que le son auquel il nous a habitués au fil des sorties prend le bord, ou presque, au profit d’une approche plus emo rock et un peu plus musclé. Dans une entrevue avec le magazine Range, Peter Sagar, explique qu’il a fait cet album pour impressionner la version adolescente de lui-même. D’ailleurs, ce voyage vers le passé occupe toute la place sur CD Wallet, du titre aux mélodies.

CD Wallet comme titre rappelle une jeunesse bien spécifique de la fin des années 90 et du début des années 2000 alors que le CD faisait loi. Les mélomanes passionnés avaient alors les albums dans ces pochettes de cuir ou de tissu et la sélection de ce qui s’y retrouvait était rarement laissée au hasard. On comprend rapidement que Sagar est né dans cette culture alors qu’il raconte que ses premiers albums sont Tragic Kingdom de No Doubt et la trame sonore du film Godzilla qui contenait No Shelter de Rage Against the Machine et la version revisitée de Kashmir de Led Zeppelin par Puff Daddy intitulé Come With Me.

La jeunesse de Sagar s’est déroulée à Edmonton, avant qu’il ne déménage à Vancouver à l’orée de la vie adulte, puis à Montréal pour atterrir aujourd’hui à Toronto. Il garde de cette ville les combats quotidiens des cols bleus qui travaillent à la sueur de leur front pour supporter leurs familles. De cette ville industrielle fière qui célébrait encore au début 2000 les coupes Stanley ramenées en ville par Wayne Gretzky et Marc Messier à la fin des années 80.

C’est donc dans ce contexte qu’Homeshake propose 9 pièces de rock parfois musclé, mais qui garde toujours un côté emo rock nonchalant en raison de ses mélodies et son approche vocale. C’est le cas pour Basement ou encore Frayed qui possède de belles salves de guitares, mais un ton archinostalgique. On n’est pas dans l’émotif pathos d’un Sunny Day Real Estate, mais plutôt dans les débuts de Death Cab For Cutie alors que l’émotion est toujours le point central des textes, qu’il existe une grande mélancolie, mais que la hargne a laissé de la place à la résignation.

La chanson-titre offre de beaux moments avec ses riffs de guitares simples, mais assez directs. Le côté un peu plus mollo d’Homeshake ne l’abandonne pas complètement, même lorsque la distorsion se fait plus lourde, il y a quelque chose de relâché dans son jeu de guitare qui empêche qu’on crispe les poings pour se lancer dans un mosh pit.

On sent quand même qu’Homeshake prend une grande liberté sur CD Wallet en abandonnant un peu le son qu’il a préconisé au cours des dernières années. Il se permet aussi une très longue chanson pour terminer l’album, Listerine qui fait près de 10 minutes.

Dans l’ensemble, est-ce que ça manque parfois un peu de mordant? Oui. Il y a un ton un peu lancinant qui traîne vers le bas tout au long de CD Wallet. C’est une écoute qui manque un peu de variété. Mais outre ça, l’approche est fort réussie et les chansons ne sont pas mauvaises pour autant.

Un album bien intéressant pour Homeshake qui se permet de sortir de sa zone de confort sur CD Wallet. Si vous étiez en manque de musique mélancolique, vous serez servi avec ce sixième album de l’auteur-compositeur-interprète canadien.

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