Critiques

Hamilton Leithauser

The Loves of Your Life

  • Glassnote Records
  • 2020
  • 42 minutes
7,5

Pendant plus de dix ans, le chanteur, compositeur et multi-instrumentiste a été la figure de proue de l’excellente formation new-yorkaise The Walkmen… en pause depuis 2014. Hamilton Leithauser en a donc profité pour entamer une carrière solo des plus pertinentes. Et le coup de départ fut donné avec un premier album assez éclectique intitulé Black Hours (2014); disque qui mélangeait la pop, le doo-wop, la ballade pianistique et bien sûr l’indie-rock habituel qui le caractérise.

En 2016, Leithauser revenait à la charge avec l’excellent I Had a Dream That You Were Mine; album conçu avec Rostam Batmanglij de Vampire Weekend. Aussi diversifié que Black Hours, ce deuxième effort contenait quelques pointes de folk et de country. Mais ce qui définit plus précisément la démarche de l’artiste, c’est cet équilibre entre passé et présent.

La semaine dernière, l’Américain nous présentait une nouvelle création : The Loves of Your Life. Réalisé, arrangé et mixé par Leithauser lui-même au Electric Lady Studio (il a aussi joué la majorité des instruments), aidé par son épouse et sa fille aux chœurs, l’album est une incursion dans le quotidien de l’artiste. Il relate des histoires, parfois fictives, de personnes qu’il a rencontrées et/ou fantasmées au cours des dernières années.

Jouant son habituel rôle de dandy un brin anachronique, il nous offre une habile mixture d’indie-rock de la décennie 2000 et de folk-rock inspiré des années 60-70. The Garbage Man, Isabella et Cross-Sound Ferry (Walk-On Ticket) sont parfaitement campés dans cette esthétique, piano électrique Wurlitzer bien en avant-plan. Évidemment, la voix caractéristique de Leithauser – une mixture du Bono effervescent des débuts et de la dissonance coutumière de Dylan – donne un sens à toutes ces historiettes inoffensives.

Moins urgent que pouvait l’être la musique des Walkmen – celle de Leithauser nous semble plus raffinée et évocatrice – l’indie-rock nostalgique du New-Yorkais est crédibilisé par son approche vocale. À quelques occasions, il s’époumone avec passion, conférant à ce The Loves of Your Life une crédibilité assurée. Un disque qui aurait pu verser dans une certaine pédanterie… étant donné les arrangements souvent passéistes, et quelque peu ampoulés, qui définissent cette production

D’autre part, les chansons de ce nouvel album nous semblent plus linéaires qu’à l’accoutumée. Pas de A 1000 Times – superbe pièce introductive du précédent effort – ni de The Smallest Splinter – pièce conclusive de Black Hours –, mais cet opus se positionne un cran largement au-dessus des parutions du même acabit, même s’il demande un effort d’écoute accru.

En plus des trois pièces mentionnées précédemment, on vous conseille de prêter l’oreille à ce court périple dans la country poussiéreuse intitulée Here They Come. Til Your Ship Comes In contient quelques références aux Walkmen, influences gospel en sus. The Old King est inspiré des ballades celtiques que la formation The Pogues pouvait créer. On pense entre autres à Fairytale of New York, pièce tirée du classique If I Should Fall from Grace With God (1988).

Sans être le meilleur album de la discographie de Leithauser, c’est toujours un plaisir de renouer avec l’artiste… ne serait-ce que pour entendre la voix d’un des plus grands chanteurs rock de sa génération.

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