Critiques

Gabriel Barbeau

Douze oiseaux

  • Indépendant
  • 2020
  • 31 minutes
7

Intitulé Douze Oiseaux, le premier opus du jeune auteur, compositeur et interprète montréalais Gabriel Barbeau est un véritable baume. S’inscrivant dans la même lignée rock folk pop que son EP Pastel (2019), il berce son auditeur au travers de mélodies à la fois planantes et mélancoliques. Une réalisation contemplative où figurent neuf chansons qui s’écoutent d’une traite sans réaliser que le temps a passé. 

Paru à la fin de 2020, l’opus québécois raffermit l’amour pour la musique et la poésie de qualité. Et puisque le mot «qualité» est subjectif, je l’emploie ici pour désigner une musique réfléchie, porteuse d’un sentiment qui s’éloigne de l’éphémère.

Solidaire face aux élans de ces êtres qui n’attendent pas qu’on les prenne par la main pour créer leur propre univers, il me semblait juste de critiquer cet album conçu par ce musicien autodidacte et son père au mixage et au matriçage. Cet univers mélodieux qu’est Douze Oiseaux en vaut le détour, clairement. Allons savoir pourquoi.

À l’écriture de ces lignes, j’émets un premier constat. Suivant son écoute dans diverses situations, je réalise que sa plus grande force réside dans son entièreté passe-partout. Autrement dit, qu’importe la saison, qu’importe notre humeur, c’est un album qui fait du bien. La simplicité de son écoute se ressent telle une brise qui donne des ailes et fait rêver de grands espaces. Même en hiver, il sait se convertir en calorifère et j’imagine qu’en été, il amènera son élan rafraîchissant. 

La douceur candide qui émane de la voix de Gabriel Barbeau borde l’esprit. Son ton jovial s’arrime à merveille avec les textures rêveuses de ses chansons. Bien interprétés, ses textes sont imagés, colorés, porteurs d’espoir. Le tout donne envie de prendre le large sans se poser trop de questions. 

Figurant sur la chanson Le sablier, une bribe retient davantage l’attention pour la poésie des images qu’elle évoque :

« C’est comme si dans une transe on m’apprenait à fuir 
Et tous les rivages de la mer étaient condensés sur mon île 
J’ai peur que dans mon sommeil la plage se multiplie 
Et j’aimerais grimper jusqu’au Soleil pour trouver un abri »

– Le Sablier

Cet album – où les doux accords de guitare et de piano s’agencent à merveille aux cloches et autres textures oniriques – est inspirant. Alors que le calme s’impose à l’écoute des deux premières chansons – Vent et Demain matin – les airs de Vers le nord et de Douze oiseaux donnent quant à elles envie de valser gaiement. Finalement, Nuits blanches est un coup de coeur et s’écoute abondamment.

En somme, cet ensemble musical ne réinvente pas le monde de la musique par sa complexité ou par son originalité hors du commun, mais chose certaine, on prend plaisir à le visiter et le revisiter. Alors que la clé semble ici ouvrir les portes de la simplicité, cette source musicale sans prétention s’explore aisément avec les oreilles, tout comme ces autres sens qu’elle peut susciter. J’ai la nette impression qu’en prenant du galon poétique et en s’explorant davantage au niveau mélodique, il n’y a pas de doute que Gabriel occupera une place confortable dans le monde de la musique.

Avare de cinéma et par conséquent, de l’image portée à l’écran, Gabriel Barbeau nous dévoile sa première réalisation avec son clip accompagnant la chanson homonyme. Une attention se doit également d’être mise à l’égard de sa sublime pochette qui fait écho au projet solo.