Critiques

Double Date With Death

Portraits

  • La Shoebox
  • 2023
  • 40 minutes
7

En 2020, avec la sortie de L’au-delà, la formation Double Date With Death entreprenait un virage francophone réussi, et ce, même si les vingt-deux minutes bien tassées de ce long format nous ont semblé un peu minces… Ce premier effort en français plongeait dans les eaux agitées du rock garage, mais on y décelait quand même certaines sonorités dites « indie rock », guitares arpégées et cristallines en tête de liste.

Le quatuor formé de Vincent Khouni (voix, guitare), Julien Simard (basse), Oli Cohen-Daigle (guitare) et Samuel Morrissette (batterie) présente son second opus dans la langue de Molière. Intitulé Portraits, ce long format a été enregistré en deux temps distincts. À la fin de l’année 2020, des séances d’enregistrement ont eu lieu au studio montréalais Treatment Room sous la férule de l’excellent Guillaume Chiasson (Bon Enfant, Ponctuation) et ces sessions se sont poursuivies tout au long de l’automne 2021 afin de finaliser le boulot.

Au cours de ces séances, le groupe a pu expérimenter avec de nouveaux instruments. On peut entendre le son d’un synthétiseur Roland Jupiter-4 sur Jouets et même une flûte traversière, gracieuseté d’Anne Frances Meyer (Les Deuxluxes), sur l’excellente Labyrinthe.

Si Double Date With Death délaisse ses élans abrasifs pour un son plus limpide, la qualité compositionnelle, elle, prend un peu de galon. Le refrain accrocheur dans Loin n’a d’égal que les guitares et le clavier d’ambiance habilement mixés en conclusion. Dans l’introductive Miroir Baroque, le dénouement, rempli de guitares distordues, évoque en musique — et à la perfection — l’effet d’un miroir déformant. Deux courts intermèdes instrumentaux, l’un vaporeux, l’autre plus « concret », font office d’agréables diversions.

Même si les qualités de Double Date With Death résident dans ses capacités compositionnelles, les textes, eux, sont quand même amusants, sans qu’ils soient littérairement d’un niveau exceptionnel. Dans Ben là, l’auteur de ces lignes a souri en entendant ces lignes :

Si je te disais que la terre était plate

Tu ne me croirais pas, oh non

Et si je te disais que tu étais plate

Tu ne me croirais pas, oh non

– Ben là

Or, une chanson nous a fait quelque peu sourciller. La suite d’accords et les deux solos de guitare dans Jouets nous ont semblé assez similaires à Under the Pressure, chanson introductive de l’album Lost in the Dream de la formation états-unienne The War on Drugs. Double Date With Death a quand même eu l’excellente idée de ralentir la vitesse du morceau, mais la ressemblance avec la chanson de la formation menée par Adam Granduciel est quand même assez frappante.

Sinon, l’orientation sonore plus domestiquée que propose la formation avec ce Portraits est somme toute réussie. Déjà Vu et la conclusive La fin viennent habilement appuyer les morceaux phares de cette création, Loin, Ben là et Labyrinthe.

Bref, les admirateurs des formations Real Estate, The War on Drugs et Corridor trouveront assurément leur compte avec ce nouvel album de Double Date With Death.

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