Critiques

Todd Rundgren

White Knight

  • Cleopatra Records
  • 2017
  • 52 minutes
4

Cette semaine, je vous amène dans l’univers d’un des plus inclassables musiciens de l’histoire de la musique états-unienne : Todd Rundgren. Pour bien saisir l’éclectisme qui a caractérisé l’ensemble de la carrière de Rundgren, je vous invite à prêter l’oreille à ce que plusieurs historiens du rock considèrent comme ses deux œuvres phares: Something/Anything et A Wizard, A True Star. Le premier, paru en 1972, est un album pop-rock d’une originalité sans équivoque; probablement la création la plus envoûtante de la carrière de Rundgren.

À la sortie de ce disque, rien n’indiquait que l’artiste récidiverait un an plus tard avec un disque complexe, bourré de chansons qui partent dans tous les sens, foisonnant d’expérimentations, autant vocales que synthétiques : l’atypique A Wizard, A True Star. Si je fais référence à ces deux vieilleries, c’est qu’elles sont révélatrices de la trajectoire artistique de Rundgren; un artiste totalement imprévisible, capable du meilleur comme du pire.

Aujourd’hui âgé de 68 ans, le Philadelphien d’origine n’a jamais cessé de sitedemo.cauire, que ce soit en mode songwriter ou encore en tant que réalisateur. Même si ça faisait un bail que je n’avais pas prêté l’oreille à une création de Rundgren, j’étais quand même curieux d’entendre le nouveau matériel du vétéran. La semaine dernière paraissait White Knight, disque qui fait suite à State et Global, tous deux parus en 2013 et 2015 respectivement.

Sur White Knight, il est clair que Rundgren s’est payé la traite en invitant une panoplie d’amis et d’artistes qu’il affectionne. Daryl Hall, Joe Walsh, Trent Reznor (qui fait équipe avec son bon ami Atticus Ross), Robyn, Joe Satriani, pour ne nommer que ceux-là, ont tous participé à l’aventure.

Ça donne quoi ? Eh bien, mes amis, après une écoute, je rigolais. Après deux, je flirtais avec le sommeil profond et, de penser que je devais me taper une troisième audition de ce navet, j’ai ressenti une certaine impatience… car il n’y a rien de pire que d’écouter un disque qui nous rebute, qui nous emmerde au plus haut point et être dans l’obligation d’en faire un compte-rendu objectif.

White Knight est d’une inconstance totale et manque de direction claire. J’ai eu l’impression d’entendre un fourre-tout incohérent rempli de claviers « cheap » et de chansons souvent minables, de temps à autre correctes. Chance For Us, mettant en vedette Daryl Hall (l’un des deux zigotos de Hall & Oates… vous vous souvenez du blond et du moustachu?), sonne comme du rock périmé, tiré tout droit des années 80. Let’s Do This sonne comme un rock FM très seventies. That Could Have Been Me met de l’avant l’apport vocal de Robyn… qui elle, sonne comme une pâle copie de Cyndi Lauper. En contrepartie, Deaf Ears, comptant sur la contribution de Trent Reznor et Atticus Ross, et le solide « flow » de Michael Holman dans Look At Me prouvent que Rundgren est encore capable de pertinence.

J’aurais aimé vous dire que le dernier Rundgren est une excellente entrée en matière afin de vous inciter à entrer en contact avec son oeuvre. J’aurais aimé vous faire découvrir cet important musicien par l’entremise de ce White Knight, mais j’ai dû oublier ça rapidement. Si vous me le permettez, je vais même oublier le doyen pour un bon bout de temps. J’ai des choses plus intéressantes à faire que de gaspiller quelques heures de mon précieux samedi après-midi à écouter un artiste qui a invité ses amis à nettoyer ses fonds de tiroirs…

Ma note: 4/10

Todd Rundgren
White Knight
Cleopatra Records
52 minutes

http://www.todd-rundgren.com/tr-tour.html