The Luyas
Human Voicing
- Paper Bag Records
- 2017
- 38 minutes
Dix ans après leur premier disque, The Luyas prouve avec Human Voicing que l’indie rock montréalais n’est pas encore mort. L’album présente huit morceaux où les guitares palpitent, les claviers ajoutent une touche pop et la voix mutine de Jessie Stein claironne. Les violons s’ajoutent de temps à autre, le cor de Pietro Amato résonne toujours et on y trouve une orchestration épique sans avoir toutefois la fougue d’Arcade Fire ou la frénésie des Half Moon Run de ce monde.
Human Voicing a un certain tonus qu’on ne retrouvait pas sur les précédents efforts. Le dernier album (si on fait abstraction de l’EP Says You en 2016), Animator, était paru en 2012 et avait déçu les critiques. Ils avaient pourtant bien apprécié Too Beautiful to Work, paru lui en 2011. En entrevue avec Noisey, Jessie Lauren Stein expliquait que l’album a été enregistré à six musiciens à partir de quelques lignes directrices, sans avoir de compositions préalablement préparées. Elle y tisse un parallèle avec la danse contemporaine, où chaque danseur semble faire un mouvement de son côté, alors que tous les corps collaborent à offrir une phrase globale. Ça s’entend sur Human Voicing. On sent un trip musical, parfois opaque, alors qu’à d’autres moments, on a l’impression que ça tire dans tous les sens. Pour certaines pièces, ça marche. Comme pour All of Everything qui se décompose, ou plutôt se désharmonise, à la fin. Les paroles jouent aussi avec les sonorités. On entend « I love everything » ou « All of everything » et, en fin de compte, ça tient dans les deux sens.
On retrouve un certain humour sur Human Voicing, comme sur la pièce Self-Unemployed qui déchire et crépite : « When you don’t make money/You don’t make hope/Hope Hope Hope ». La finale sonne comme un rire de Père Noël qui n’a plus de cadeaux à offrir.
Coup de cœur sur l’album : No domination. Une pièce remarquable, où le refrain répète « No domination/No explosion » puis le rythme reprend et hop, cette phrase : « When women shave their heads/You can more see their eyes ». Superbe.
Malgré la grande qualité de l’album, il reste une sorte de frustration à la fin de l’écoute. Le groupe a une signature, mais c’est comme si elle est toujours surpassée par celles d’autres groupes. Les pièces ont chacune une personnalité remarquable, mais on ne s’y attache pas tant que ça. Human Voicing est donc un disque bien exécuté, bien sitedemo.cauit, mais dont l’écoute s’oublie malheureusement vite.
Ma note: 7/10
The Luyas
Human Voicing
Paper Bag Records
38 minutes