Critiques

Country Westerns

Forgive the City

  • Fat Possum Records
  • 2023
  • 30 minutes
6

Country Westerns est un trio purement rock originaire de Nashville, capitale de l’état du Tennessee. Formé du chanteur-guitariste et auteur-compositeur Joseph Planket, du batteur Brian Kotzur ainsi que du bassiste Jordan Jones, le trio avait lancé un excellent album homonyme en 2020 rempli de chansons incendiaires et prolétaires à la fois. Ce premier long format, joué avec une énergie vigoureuse et interprété par un chanteur à la voix éraillée, imbibée d’alcool, avait convaincu plusieurs amateurs de rock.

Pour ce deuxième opus, le groupe a légué la réalisation de ses nouveaux morceaux à Matt Sweeney, lui qui a déjà œuvré aux côtés de Bonnie « Prince » Billy, Iggy Pop et Run the Jewels. L’apport du réalisateur n’est pas étranger au virage un peu plus domestiqué effectué par Country Westerns. Encore une fois, on y entend les influences que la formation privilégiait sur son premier effort — Supersuckers, The Replacements, Uncle Tupelo, en tête de liste —, mais le son d’ensemble est plus docile et ne dépasse jamais les limites.

Comme tout bon songwriter de rock ouvrier se doit de le faire, Plunket nous parle de rêves brisés, d’amitiés chancelantes, d’excès alcoolisés, tout en prenant bien soin d’y greffer un peu de lumière. Dans la chanson intitulée Country Westerns, le parolier y va d’une émouvante déclaration d’amour aux musiciens-amis qui l’accompagne :

That’s all it ever was

All it can ever be

Country Westerns for me

– Country Westerns

Dans Hell, l’auteur règle ses comptes avec certaines amitiés qui se sont défraîchis au fil du temps :

I don’t care much what you do

Ain’t I been a friend for you

I don’t deserve your attitude

Hell is here all the time

– Hell

Si une pièce comme Grapefruit recèle une véritable détermination punk, Forgive the City réunit malheureusement trop de pièces aseptisées. L’ascendant « heartland rock » entendu dans It’s a Livin’ a été maintes fois entendu ces dernières années, particulièrement chez des groupes comme The War on Drugs et Titus Andronicus. Des pièces comme Speaking Ill of the Blues, Money on the Table et Wait for it manquent franchement de caractère, malgré le louable désir de Country Westerns de mettre le feu aux poudres. Or, ce désir est muselé par une réalisation sans aspérités.

En dépit de l’interprétation sentie de Plunket, évoquant par moments le bon Eddie Spaghetti des légendaires Supersuckers, le vernis appliqué aux chansons de ce nouveau long format est beaucoup trop lisse, nous distrayant ainsi du réel potentiel que contiennent ces morceaux.

Sans être un ratage complet, Forgive the City est un album rock qui fait tout simplement semblant de l’être.

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