Critiques

Chastity

Suffer Summer

  • Dine Alone Records
  • 2022
  • 34 minutes
6,5

Originaire de Whitby en Ontario, Brandon Williams, alias Chastity, entretient une certaine tradition « pop-punk-emo alternative » qui, disons-le, tombe un peu en désuétude. Si l’entrée en matière intitulée Death Lust (2018) en avait convaincu plus d’un, Home Made Satan (2019) a ralenti quelque peu les ardeurs; un disque résolument pop-rock et un peu trop mou…

Tout au long de ces années, Chastity a fait la première partie de groupes et artistes aussi recommandables que METZ, DIIV, Chelsea Wolfe, Japandroids et Fucked Up, entre autres. Il est de retour avec Suffer Summer, un long format enregistré de manière intermittente l’année dernière. Pour en arriver à ce résultat, Williams a écrit et composé pas moins de 24 chansons afin d’en sélectionner 10 qui, selon lui, tenaient solidement la route.

Plusieurs invités se joignent à lui. On note la présence de Stefan Babcock de la formation PUP qui est le compositeur associé sur la pièce d’ouverture titrée Real World. Babcock joue le même rôle sur When You Go Home I Withdrawl. Pour sa part, Dallas Green (Alexisonfire, City and Colour) prête sa voix sur Vicious Circle.

Sans modifier la formule qui lui a permis de se faire connaître, Williams durcit un peu plus le ton sur ce nouvel album. Les riffs sont plus puissants, les refrains sont comme d’habitude rassembleurs, mais c’est surtout la réalisation fracassante qui bonifie l’impact fédérateur de ce nouvel album.

Suffer Summer est bel et bien une production pop-rock cherchant à rassembler le plus grand nombre, mais sous ce vernis unificateur se cache des textes qui contestent la dictature du bonheur. Ce fameux « bonheur » trop souvent associé au consumérisme et à l’hyperactivité.

Chastity a démarré son projet pour s’opposer à l’atmosphère étouffante et conservatrice de la banlieue ontarienne mentionnée en début de texte. Ainsi, il a pu réunir les nombreux adolescents et jeunes adultes « différents » qui vivaient (et vivent toujours!) cette aliénation banlieusarde au quotidien. Dying to Live creuse encore plus profondément ce sillon.

« Another sick person just trying to get well

You, me, everyone I know »

– Dying to Live

Dans Happy Face, Williams a senti le besoin d’explorer un sujet plus personnel. Cette chanson est un hommage à son ami décédé d’une surdose. Écrire sur le chagrin provoqué par la mort de son camarade a eu un effet libérateur sur lui : « Until now I’ve always tried to keep a safe arm’s length away from the real life content of my songs but on that song, I couldn’t », déclare-t-il dans le communiqué de presse remis par la maison de disque.

« You and I were alone at the same time

I’m lucky for it

You showed me The Misfits and we sang out Last Caress

I’m lucky for it »

– Happy Face

Malgré le durcissement de ton entendu tout au long de l’album, Suffer Summer se conclut en queue de poisson avec deux pièces convenues : la « power ballad » Vicous Circle et Smiling, un morceau sans identité sonore forte.

Même si Chastity accentue son virage pop-punk amorcé avec Home Made Satan, ce troisième chapitre est juste assez énergique et décapant pour être catégorisé respectable. Cela dit, si vous croyez que ce monde est invivable, vous vous sentirez peut-être un peu moins seul à l’écoute de Suffer Summer.

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