Critiques

Agnes Obel

Myopia

  • Blue Note Records / Deutsche Grammophon
  • 2020
  • 39 minutes
7,5

Depuis la sortie de son premier enregistrement, Philharmonics en 2010 (numéro 10 de mon TOP 50 de la décennie), l’auteure-compositrice-interprète d’origine danoise ne fait que cumuler les éloges. Acquérant de nouveaux fidèles avec Aventine et Citizen Of Glass en 2013 et 2016 respectivement, elle revient avec une quatrième offrande, le très attendu, Myopia.

Les amateurs de première heure de l’artiste (j’en suis) ont probablement accueilli son dernier album Citizen Of Glass avec étonnement : certes le piano y était toujours. Cependant, il était dissimulé par une multitude d’autres couleurs sonores. Certains titres étaient plus synthétiques et moins harmoniques et acoustiques qu’à l’accoutumée. De nouvelles techniques de traitement du son et filtre vocal étaient utilisées, ainsi que plusieurs nouveaux instruments tels que le célesta, le mellotron et le trautonium. Dans la même lignée que Citizen Of Glass, la Danoise poursuit cette exploration sonore et flirte de nouveau avec des éléments électroniques tout en gardant sa singularité musicale.

Myopia a été écrit, arrangé, produit et mixé par la multi-instrumentiste dans une solitude totale chez elle, à Berlin. Seuls violon (John Corban) et violoncelles (Kristina Koropecki et Charlotte Danhier) furent enregistrés indépendamment.

Comme à l’habitude, les albums d’Agnes Obel sont des exercices d’introspection. C’est au-delà de la musique, c’est une immersion, et ce disque n’est pas une exception. Le décollage spirituel débute joliment avec la première pièce de l’album, Camera’s Rolling, ou nous sommes bercé d’une douce mélodie itérative, et confronté par d’énigmatiques paroles.

« The camera’s rolling

What will you do?

What will you do that you can’t undo ? »

Camera’s Rolling

De la ballade dépouillée à la pop onirique délurée aux pistes instrumentales mélancoliques, chaque morceau a sa cohérence. La piste-titre Myopia nous présente un bon moment de musique de style celtique, qui me rappelle l’œuvre de la chanteuse irlandaise Enya. On tourne, on plane et on descend dans une humanité profonde et une énergie en constante réévaluation.

« Your god is someone

Who would glow when you go along

Through so many eyes

In the dark with someone

Will you go, will you go along ? »

Myopia

Le reste de l’album évolue sur les mêmes bases, sans toutefois être trop répétitif et ennuyant. Il y a une belle finesse dans les enchaînements et un bon équilibre dans les effets. L’album se conclut sur Won’t You Call Me. Simpliste, sans toutefois manquer de personnalité, cette piste nous laisse une dernière fois voguer sur les eaux déjà domestiquées de l’artiste.

Somme toute, le nouvel opus d’Agnes Obel est un bel ouvrage. Il est composé d’un mille-feuille d’instruments et d’une intéressante recherche sonore où certaines pistes se révèlent d’autant mieux au fil des écoutes. Bien que j’ai un faible pour le grain minimaliste et acoustique de ses premiers albums, je ne peux qu’applaudir la capacité de cet artiste à se libérer des structures traditionnelles et d’élargir ses champs musicaux qui, je suis convaincue, ne cesseront de s’accentuer au fil des années.

*Agnes Obel sera en spectacle le 23 avril 2020 à la Maison Symphonique de Montréal.

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