VioleTT Pi : Lancement de Baloney suicide le 27 avril 2023 au Club Soda

Le Club Soda affichait complet et ça se sentait et ça se voyait pour le lancement du troisième album de VioleTT Pi, Baloney suicide, paru le 21 avril dernier.

Photos par Alexanne Brisson

Si ça ne fait qu’une semaine que l’album est sorti, visiblement il y avait des personnes studieuses dans la salle puisque plusieurs spectateurs chantaient les paroles des nouvelles pièces en compagnie de l’excentrique rockeur. VioleTT Pi a prêché à des convertis hier soir dans tout ce qui avait les airs d’un triomphe pour l’auteur-compositeur-interprète. Avant qu’il ne prenne la scène, le public a eu droit à une première partie particulièrement originale.

O Captain, My Captain

Fait inusité, ce sont trois poètes qui avaient la tâche d’ouvrir la soirée. Et ce n’est pas parce qu’on parle de poèmes que cette première partie n’était pas tout à fait cohérente avec le reste de la soirée. Emmanuel Deraps est rentré sur Master of Puppets avant de lancer un poème où il cite de nombreux titres de chansons. La foule a embarqué dans le trip en réagissant bruyamment à plusieurs occasions. Et lorsque ça parlait trop fort à l’arrière, un fort « chut » s’est fait entendre. Ce à quoi Deraps a répondu : « ça va, je suis habitué au Bistro de Paris ».

Le deuxième poète à prendre la scène a été Jean-Guy Forget qui à son tour s’est fait acclamer pour des allusions à la culture populaire, notamment après avoir cité Lil’ Wayne. Puis, encore un peu plus lorsqu’il cite VioleTT Pi. Finalement, c’est Emmanuelle Riendeau qui est entré en faisant crier trois à la foule « vive le rock », pour enchaîner avec : « maintenant des poèmes de deuil. » C’est ce genre de soirée où l’humour noir côtoie la bonhomie et où le verbe est sorti victorieux. Les trois poètes ont été acclamés comme il se doit. C’était particulièrement rock comme première partie.

Messe pour marginal lettré

VioleTT Pi est entré sous les applaudissements d’une foule gagnée d’avance. Il s’est lancé dans Baloney suicide, son nouvel album, qu’il a enfilé de la première à la dernière note dans l’ordre. Pour l’accompagner, de nombreux spectateurs chantaient les paroles des chansons parues il y a à peine une semaine. Parmi les moments qui ont été les plus marquants de l’enchaînement, Bipolaire était particulièrement réussie. Karl Gagnon n’était plus derrière sa guitare, mais chantait avec le micro à la main devant la foule, dansant entre les paroles. C’était tout à fait divertissant.

Pour respecter l’intégralité de l’œuvre, Antoine Corriveau est apparu sur scène pour La qualité de ta détresse. Une fois les dernières notes d’Infini jouées, VioleTT Pi a continué sur des chansons de ses deux premiers albums, eV et Manifeste contre la peur. Si le groupe a bien livré les nouvelles chansons, on a remarqué rapidement le niveau d’aisance qui s’est élevé de quelques coches lorsqu’ils sont tombés dans les chansons du répertoire de VioleTT Pi. C’est tout à fait normal et surtout ça trahit la fidélité des musiciens qui jouent avec Karl Gagnon depuis belle lurette.

La foule, elle, était de plus en plus survoltée et il y avait plusieurs spectateurs qui glissaient sur la foule en body surf. Un jeune homme a même poussé l’audace à monter sur scène devant Karl Gagnon, lui faire une révérence qui lui a été retournée par le chanteur, avant de se lancer sur la foule. Il a lancé la deuxième partie du concert avec Fleur de Londres avant d’enchaîner pêle-mêle les titres de ses deux albums précédents dont Les huîtres de Julie Payette, Bulbe, Bondage, Calude Gravol et plus.

Le groupe est revenu pour un rappel survolté de Nuage en flammes et Six perroquets séchés dans un tiroir en bois. Le tout s’est terminé sur « Mange ma marde mange-marde », avant que Karl Gagnon dise simplement : « Merci beaucoup, on était VioleTT Pi. » Rapidement, You’ve Got A Friend in Me de Randy Newman s’est mise à joué, les lumières se sont allumées et le Club Soda s’est vidé à une vitesse impressionnante aidée par la sécurité qui a de moins en moins de patience pour les spectateurs qui voudraient étirer la soirée dans la salle de spectacle.

On peut dire que VioleTT Pi a tout à fait réussi son lancement. C’était encourageant de voir un Club Soda complet pour ce genre de rock un peu en marge des courants actuels et qui assume pleinement son caractère unique dans le paysage québécois.