Critiques

VioleTT Pi

eV

  • L-A be
  • 2013
  • 40 minutes
7,5

Cette semaine arrive sur la scène musicale québécoise, une bibitte étrange, un mix entre Jean Leloup et le groupe américain Orgy. Voilà un mariage improbable et qui surprend l’oreille! Le résultat se rapproche franchement de -M- par son côté rock. VioleTT Pi, c’est d’abord Karl Gagnon qui est allié à Sylvain Deschamps à la guitare, à la réalisation et aux bidules (c’est eux-mêmes qui s’expriment de cette façon) et le batteur Maxime Drouin. Après une demi-finale aux Francouvertes 2010 (où VioleTT Pi a terminé derrière Bernard Adamus, Monogrenade et Alex Nevski), une finale au Festival international de la chanson de Granby en 2009 et un maxi lancé en 2011, voilà que la band accouche de leur premier rejeton : eV.

Il faut dire que la galette surprend les oreilles à la première écoute; d’un côté loin des tendances musicales québécoises, mais d’un autre côté, Gagnon possède définitivement la force mélodique des auteurs-compositeurs-interprètes d’ici. Voilà une bizarre offrande qui ressort du lot et bardasse, mais qui en même temps risque fortement d’être populaire auprès d’un public plus large, car les mélodies sont efficaces et accessibles. On est devant un enfant étrange qui nous parle d’amour, de bipolarité, mais surtout qui ne s’empêche pas de nous parler de sexe sans détour.

Le tout débute sur Petit singe robot et une introduction de harpe, qui rapidement, se transforme en rythme électronique plus proche de Skrillex que de Joanna Newsom. Un tube électro dansant, avec une bonne base de guitare acoustique. Puis, arrive Princesse carnivore qui rappelle les guitares des Cowboys Fringants mais avec une facture franchement plus rock. Jeffrey Dahmer au musée d’art contemporain est aussi inquiétant que le titre l’indique, Marie Curie est mélancolique à souhait, Nalbuphine ballerine vient vous soutirer des battements de têtes avec ses «slides» de guitares abrasives et sa basse bien grasse. Il faut également souligner le travail du batteur Maxime Drouin qui est surprenant et inventif. Et que dire de la participation de Jean-Willy Kunz qui vient ajouter du clavecin (oui, oui du clavecin) sur certaines pièces et l’apparition de Klô Pelgag sur Le clown est triste dans un contre-emploi séduisant.

Bref, vous n’avez pas fini d’entendre parler de VioleTT Pi et son monde sauté, excentrique, mais définitivement accrocheur. Si une ou deux chansons sont franchement « pop déjà-vu », le propos lui n’est tellement pas destiné aux auditeurs de Rouge.fm que le danger est écarté du revers de la main… mais surtout de voir un artiste qui jamais n’a baissé les bras et arrive aujourd’hui avec une offrande rafraîchissante et innovatrice est rassurant dans la jungle qu’est le milieu artistique. Bravo!

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