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Trans musicales 2019 : Mush, Catnapp, Claude Fontaine, Velvet Negroni et plus

Pour ce deuxième retour sur les rencontres Trans Musicales, j’ai eu la chance de voir Mush, Catnapp ainsi que les Américains Claude Fontaine et Velvet Negroni.

J’avais déjà survécu à mes deux premières journées de Trans Musicales. Voici qu’il m’en restait deux autres à affronter. Parce qu’il y a quelque chose de sportif dans la couverture des Trans. Les concerts commencent tôt et finissent tard, souvent vers 6 h du matin. L’organisation a quand même pensé à son coup : il est possible de se prendre un menu 3 services pour 18 euros. Et le chef est celui d’un restaurant qui a une étoile Michelin. Pas si mal.

Des artistes en devenir ?

On peut certainement dire des jeunes Anglais de Mush qu’ils savent faire parler d’eux. La formation a retenu l’attention des médias avec la sortie de son EP un peu plus tôt cette année. Leur post-punk gentil tire beaucoup vers des mélodies pop. Sur scène c’est plutôt efficace. Par contre, la bande ne l’a pas eu facile ce samedi soir de Trans Musicales. Après deux chansons la guitare du chanteur/guitariste semble avoir rendu l’âme. Après deux chansons à essayer en vain de faire fonctionner le tout, il a finalement décidé de changer de guitares. Par contre, là c’est les moments où il s’accordait qui prenaient un long temps. C’est dommage. À chaque fois que la mayonnaise semble prendre, ça tombe à plat par un moment entre deux chansons d’une longueur exagérée. C’était peut-être trop tôt pour leur donner un grand plateau.

Par contre, on peut dire tout le contraire de la surprenante Catnapp. L’artiste originaire d’Argentine, mais maintenant établie à Berlin fait un mélange de rap et de R&B qui défie les standards actuels. Il y a quelque chose dans son approche qui n’est pas sans rappeler Grimes, mais aussi Death Grips. C’est une belle découverte qui méritera certainement plus d’attention dans les prochaines années. Elle a offert une performance inspirée où les moments bruyants côtoient un groove contagieux.

Puis, c’était au tour de Yin Yin, une formation originaire des Pays-Bas et qui à la manière d’Altin Gün mélange le rock psychédélique avec des sonorités orientales. Par contre, plutôt que la Turquie, il s’agit ici du Sud-est asiatique. Ce qui est dommage, c’est que ça reste plutôt en surface comme mélange. À part un gong (très cliché), les instruments asiatiques étaient absents. On joue avec des sonorités d’erhu, mais pas du violon chinois. Le groupe offre une bonne performance énergique, mais je n’ai pas trouvé le tout entièrement convaincant. Tout le long, je me disais que TEKE::TEKE aurait été 100 fois plus pertinent. My two cents.

Changement de cap

Puis, je me suis frotté à la troupe multidisciplinaire Groove Control. La formation est composée de deux rappeurs, mais aussi d’un DJ, d’un beatmaker et de danseurs. On passe donc de moment de danse à deux chansons rappées à des moments qui mettent de l’avant les talents du DJ. C’est divertissant, mais le fan de rap le moindrement exigeant n’y trouvera pas son compte. Par contre, la formule est intéressante et se dissocie de ce qui est généralement un show dans le genre.

La proposition la plus surprenante que j’ai vue du festival est certainement celle de San Salvador. L’ensemble polyphonique est franchement impressionnant. Dans la langue occitane, il entonne des chants d’une culture oubliée qui survit dans la mémoire de quelques individus, mais qui réveille chez l’auditeur quelque chose qui est enfoui profondément dans les gênes. De plus, les arrangements vocaux sont tout simplement magnifiques et puissants. Il faut les voir sur scène pour comprendre la force qui accompagne les six chanteurs qui sont munis de deux tambours et une tambourine. Ça rentre dans le dash.

Une dernière soirée en beauté

C’est de retour à l’Ubu, la salle qui a été centrale pour les Trans Musicales depuis de nombreuses années que s’est terminé le festival. Au menu, deux américains qui font jaser depuis le printemps. D’un côté, la chanteuse Claude Fontaine qui n’a rien de français malgré son nom à consonance francophone. Celle-ci offre un rocksteady mélancolique qui nous ramène quelques années en arrière. C’est bien livré et une approche intéressante. Par contre, pour le moment, c’est un peu linéaire comme proposition. Claude Fontaine se débrouille au niveau des mélodies vocales et sait nous captiver adroitement.

J’étais curieux de voir ce que la nouvelle sensation américaine Velvet Negroni allait proposer. L’ancien collaborateur de Bon Iver a fait jaser de lui avec son album Neon Brown, paru chez 4AD un peu plus tôt cette année. Il n’a pas déçu. Dans son R&B mélodieux et groovy, il injecte des inflexions de voix agressives surprenantes qui viennent ponctuer l’ensemble comme s’il refusait de bercer la foule trop longtemps. C’est très intéressant comme approche et ça vaudra une attention accrue.

C’est la fin pour ce périple à Rennes pour les rencontres Trans Musicales. C’est vraiment un festival particulier qui est marqué par la passion musicale de son programmateur, Jean-Louis Brossard, qui depuis le début des années 80 nous présente ses trips musicaux. Ça se ressent dans l’atmosphère générale du festival. De plus, c’est hyper bien organisé Il faut voir les grandes halles où les gens transitent pour aller d’un concert à l’autre, les aires de restaurations suffisamment grandes et l’atmosphère générale du festival qui est à la fête, surtout dans la navette qui nous ramène au centre de Rennes à 4 h du matin.

Merci pour l’accueil, c’était bien plaisant. J’ai déjà hâte de vous revoir.