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Étienne Coppée

Tadoussac 2021: un second baptême pour Étienne Coppée

«Ce deuxième baptême est clairement plus l’fun que le premier!»

Le gagnant de la dernière édition des Francouvertes offrait son premier véritable concert d’une heure au Festival en chanson de Tadoussac samedi dernier, devant un public qui a choisi d’y assister, avec un billet acheté d’avance. «Merci de prendre le temps. Si vous êtes là, c’est que vous m’aimez?», a demandé Étienne Coppée à la foule sous le chapiteau Desjardins, les yeux doux et ce sourire impossible à décrocher du visage.


«J’avais hâte de le faire, j’étais très stressé, me confie-t-il en entrevue. J’ai pas fait tant des shows dans ma vie… J’ai fait les Chansonneurs, j’ai fait une série de shows d’apparts avant la pandémie, le festival de Granby où c’était un show… Puis les Francous. Ah, et genre trois shows au Verre Bouteille avec des amis. C’est tellement de shows différents à chaque fois que j’avais rien de constant. J’ai jamais eu l’occasion de comprendre comment je suis tout seul sur une scène pendant 45 minutes, une heure, qui je suis sur scène. Donc c’était… Mon premier show de même?», admet-il.

Même si ni Étienne ni le public ne savait réellement à quoi s’attendre, ce moment partagé ensemble en fut un de bonheur, de rires, d’improvisations et d’intimité. C’est pas mal ça, l’effet Coppée. T’as l’impression de devenir son meilleur ami en quelques minutes seulement. Toutefois, se produire sur une scène semble si simple en apparences pour le jeune auteur-compositeur-interprète, mais ce l’est peut-être un peu moins à l’intérieur de lui.

«Ma crainte de rentrer dans le monde des spectacles moins « shows d’appart », c’est que ma musique porte tellement une intimité… Juché sur une scène, avec des lumières qui blastent sur moi, où je ne vois pas les gens… Dans ma tête, c’est pas ça [un spectacle]. Si j’avais eu à inventer le concept du spectacle, je ne l’aurais pas fait de même. Et je trouve finalement qu’hier, on a réussi à retrouver cette ambiance de show d’appart.»

D’un naturel désarmant, Coppée nous a fait sentir comme à la maison grâce à ses chansons rassembleuses telles Demain il fera beau, Écoute, L’été indien de ta vie, ainsi que quelques nouvelles compositions du nouvel album à venir. On a chanté en chœur, on a ri et on a frappé des mains en masse. En formule quatuor, lui au piano, au ukulele et à la voix, Flavie Melançon aux chœurs, Bruno St-Laurent (Vendôme) l’homme-orchestre à la caisse claire, cymbale, guitare, chœurs ainsi que Julien Comptour (Corail, Mort Rose) à la guitare et aux chœurs, le tout était toujours aussi minimaliste et efficace. Pour couronner le tout, Coppée a même offert une interprétation de, Je voudrais voir New-York par «ce bon Dan», Daniel Lavoie.

La formation a également réussi à improviser certains moments, comme une reprise d’une chanson de son musicien accompagnateur Bruno St-Laurent, Confidences, composée il n’y a pas si longtemps par ce dernier, offrant une fenêtre sur les autres projets de ses copains.

« On n’a pas mille tounes, hein. Et je parle souvent au « on » quand je parle d’Étienne Coppée, parce que oui c’est mon projet personnel, mais ce sont aussi mes amis. Je veux pouvoir pousser mes ami.es, qui ont des projets magnifiques. Ça s’est fait de manière tellement naturelle. T’sais Jul, j’aimerais qu’on fasse des tounes de Corail, puis si Phil [Corail] est dans la foule, qu’il se joigne à nous.»

«Je n’avais pas de band avant les Francouvertes.»

Ah bon? Pourtant, Étienne Coppée est un projet qui s’est formé autour d’amis, de colocs, de rencontres fortuites. Mais pour l’artiste autodidacte, il ne fut pas si facile de sortir de sa tête pour élargir sa musique au format du groupe.

«Ça me faisait très peur d’avoir un band, parce que ma musique, dans ma tête… C’est moi qui, dans un logiciel, stack 50 voix que moi je fais, puis des arrangements de voix qui sont très spontanés. J’écris pas la musique, je ne lis pas la musique. J’vais tu réussir à reproduire ça avec un band ou il me faudrait nécessairement 20 personnes et c’est pas réaliste?»

Il commence par faire des shows à trois avec ses choristes Sabrina et Flavie, mais il sent qu’il lui manque encore quelque chose. «En écoutant l’édition précédente des Francous, avec Ariane Roy et Valence », qui sont de bons amis d’Étienne, « j’étais avec Flavie à l’appart, pis on écoutait ça et j’me suis dit ”Il faut le faire. Arrête de choker, monte-toi un band ». Puis à partir de là ça s’est fait tellement naturellement. »

«Ça s’est fait de manière tellement naturelle. Le temps des Francous, on est tous devenus de grands amis. Et c’est ce que j’avais en tête quand j’imaginais un band puis il m’est un peu tombé dessus. À partir du moment où je me suis ouvert à avoir un band, tout est arrivé. Je remercie la vie. »

Étienne Coppée
Étienne Coppée dans son clip pour la chanson Écoute

«Ma job, c’est de serrer des moutons dans mes bras pour un clip, travailler avec des amis et faire la fête, rencontrer du monde.»

Un an après le premier EP, l’album Et on pleurera ensemble est déjà terminé. La dernière touche au matriçage finale a été apportée pas plus tard que vendredi, jour où Étienne a pris la route de Tadoussac. «On est rendu à imprimer des vinyles et des CDs!» Co-réalisé à trois avec Simon Kearney et Salomé Leclerc, le long format arrivera à l’automne 2021.

«C’était malade. Le processus de création s’est vraiment défini pendant [l’enregistrement de] l’album. Et c’était pas clair au début! La seule chose qui était claire c’était qu’on rentrait en studios quatre jours. On n’avait préparé aucune maquette, on s’était juste dit que tout allait se passer en studio pour faire les basics tracks puis qu’après on allait rajouter du stock. Alors je ne savais pas à quoi ça allait ressembler. Des deux premiers jours, on n’a presque rien gardé pis tout s’est passé dans les deux derniers jours. C’était vraiment l’fun de travailler avec Simon et Salomé qui ont deux énergies différentes. Après, je suis parti de mon bord, j’ai fait mes arrangements de voix, de mellotron…»

À partir de maintenant, Coppée s’affaire sur l’univers visuel et narratif tout autour de son disque. «J’veux trouver une manière que ça soit pas juste en deux dimensions… Que ce soit plus 3D. Dans le sens que ce soit pas que de la musique. Je vais rechercher du visuel, et tout. Mais je ne peux pas en dire plus.»

Artiste multidisciplinaire, le jeune homme s’occupe évidemment sur la direction artistique de son projet. «C’est malade, c’est rendu ma job! Ma job, c’est de serrer des moutons dans mes bras pour un clip, travailler avec des amis et faire la fête, rencontrer du monde.»

Oui, alors que le reste de son été servira à mettre les dernières couches de vernis sur le projet, Coppée trouve important de prendre le temps . «À travers ça, je veux quand même profiter de mon été et pas juste avoir la tête dans la job.»

Rester fidèle à soi

«Il y a des bouts où je trouve ça anxiogène, cette job-là… D’être la proue d’un projet, de devoir prendre des décisions, d’être un peu le patron de tout le monde, même si j’aime pas du tout ce rôle-là. J’ai une image vraiment précise de ce qu’est « Étienne Coppée » et je veux garder le fait d’être vrai et honnête là-dedans, mais c’est une industrie qui ne l’est pas toujours. Surtout en début de carrière, c’est facile de justifier le fait de se dénaturer.»

Coppée a beau être en début de carrière, il n’a pas envie qu’on lui dise qu’il ne peut pas jouer pieds nus sur scène avant d’être connu. Il croit toutefois que son label Simone Records, chez qui il vient tout juste de signer, lui offre cette belle liberté. «Phil Brach est un bon exemple de ça. Il n’a pas attendu, il est toujours resté lui-même. Pour moi, c’est ce qu’on demande à l’artiste. Sois la personne qui s’assume à 100%, sois dans ton art et sois inspirant. Puis, on va tous tripper sur toi.»

Personnellement, moi, Eloïse, la fille qui rédige cette entrevue, je trouve encore dur d’être 100% authentique, car je découvre encore qui je suis tous les jours. C’est une grosse responsabilité en tant qu’artiste d’assumer tout ça non?

« Bien, être 100% authentique, ce n’est pas d’être « stable ». C’est d’accepter que le Étienne anxieux que je peux être des fois, c’est autant moi que le Étienne qui fait un show, où tout se passe bien, qui est capable de parler au monde. Le même que le Étienne déprimé qui ne sait pas trop ce qui se passe, qui est trop stressé, qui a trop de choses en même temps, qui a envie de travailler sur son projet, mais qui n’a pas le temps parce qu’il n’est pas inspiré… Il faut juste assumer ces parties-là.»

«Pour moi, les gens les plus intéressants sont les gens qui arrivent comme un tout. Je dois les accepter dans leurs bons comme dans leurs moins bons aspects, mais c’est clair. C’est une quête de toute une vie, comment être authentique… Surtout quand on est anxieux. Le fait que cette job-là pousse à éventuellement devenir une figure publique aussi, tout ça mélangé à l’anxiété, à l’overthinking… Je trouve ça tough

Coppée aurait-il une vieille âme pour réfléchir ainsi? C’est mon impression. Le jeune homme souligne que cette nouvelle vie est vertigineuse, qu’il a hâte de continuer, mais qu’il ne se cantonnera pas à ce projet si l’envie n’y est plus après un certain temps. «Là où je trouve ça beau, c’est que je me laisse la possibilité d’un jour, si je suis malheureux, de juste aller derrière et écrire pour d’autre monde. J’me forcerai pas à être Étienne Coppée pour faire des shows pis de porter un projet de société. Il y a d’autres manières de gagner sa vie. Comme le monde est capitaliste, faut payer les bills à la fin du mois… Alors si tu peux travailler en aimant ce que tu fais, ben c’est ça l’idéal.»

Étienne Coppée ne fait pas que de la belle musique douce. Il fait réfléchir, il donne de belles leçons d’humilité, il entraîne tous ceux et celles qui le croisent à entrer dans son sillage lumineux.

Abonnez-vous sur les plateformes d’écoute en ligne pour ne rien rater. En attendant, écoutez son nouveau morceau Écoute, annonciateur de l’album Et on pleurera ensemble.

Crédit photo: Jay Kearney

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