Concerts

POP MTL 2021 : Le Ren, Lightman Jarvis Ecstatic Band et MAGELLA

La 20e édition du festival de musique POP Montréal 2021 se poursuivait vendredi. Voici notre retour sur les concerts auxquels nous avons assisté.

J’ai vécu un véritable coup de foudre pour l’autrice-compositrice-interprète country-folk Le Ren, j’ai passé un agréable apéro en compagnie de la chanteuse soul MAGELLA, et j’avais de trop grandes attentes pour le duo expérimental Lightman Jarvis Ecstatic Band, formé d’Yves Jarvis et Romy Lightman (Austra).

Lisez également nos impressions sur la journée de jeudi à POP Montréal, avec Cakes da Killa, DijahSB et Nick Schofield.

MAGELLA
Photo : L. Longpré

MAGELLA

R&B, soul, jazz

Un soleil automnal de fin d’après-midi éclairait l’Entrepôt 77, où MAGELLA se donnait en concert en formule full-band. Malheureusement pour l’artiste, il y avait peu de spectateurs pour l’encourager… DJ à ses heures, la chanteuse montréalaise fait passer des sujets très durs comme du miel dans la gorge grâce à sa superbe voix soul, une attitude joviale contagieuse et des arrangements jazz. Entre autres, MAGELLA s’exprime à propos de la diaspora noire, de l’isolation, de la résistance, de l’identité et des relations toxiques. Elle faisait paraître plus tôt cette année son premier EP Checkmate de manière indépendante : l’artiste nous a d’ailleurs laissés sur cette pièce un peu plus dansante, qui envoie carrément promener les stupid f*ck boys de cette planète. Yes girl!

Le Ren
Photo : Coralie Daigneault

Le Ren

Country-folk, acoustique

L’un de mes coups de coeur de POP Montréal 2021 sans contredit : Le Ren (Lauren Spear) a fait couler des larmes sur mes joues avec ses textes sincères, déchirants et criants d’amour. Et sa voix! À la fois grave et pouvant chanter de tête avec aisance. Des voix comme celles-là me brisent en deux. Armée de cette force tranquille qui vient avec les grandes épreuves de la vie, la Montréalaise a joué seule à la guitare acoustique la plupart des chansons de son répertoire, dont Dyan, qu’elle a dévoilé dernièrement. Cette pièce est dédiée à sa maman décédée il y a quelques années. Son amoureux, présent au spectacle, s’est vu dédier une jolie composition que personne, dont lui, n’avait entendue auparavant. Le Ren nous avait également réservé un duo harmonique avec sa coloc. Ensemble, elles ont interprété avec justesse et douceur le morceau All I Ever Loved Was You originalement écrit et interprété par l’artiste blues Ralph Stanley. Ce fut beau et doux sous un ciel de plus en plus couvert et un vent de plus en plus froid. Le Ren donnera suite à son premier EP Morning & Melancholia avec un premier long format le 15 octobre, intitulé Leftovers. 

Lightman Jarvis Ecstatic Band
Photo : Alex Apostolidis

Lightman Jarvis Ecstatic Band

Expérimental, folk, noise, psych-rock

Je déteste donner un mauvais compte-rendu de concert, mais là, je ne peux pas dire grand-chose d’autre. J’avais de grandes attentes pour cette prestation de deux artistes dont j’aimais beaucoup le travail en solo et en duo. Partenaires amoureux depuis un moment, l’Ontarienne Romy Lightman (AustraTasseomancy) et le Montréalais Jean-Sébastien Yves Audet, alias Yves Jarvis (Un Blonde), se sont assemblés pour une résidence de création en 2020 et ils ont réussi à enregistrer un album en seulement deux semaines. J’ai bien aimé leur album Banned paru cet été sous ANTI-Records et Flemish Eye, même si les critiques de Pitchfork et Le Canal Auditif n’étaient pas convaincantes. Moi je me rangeais davantage du côté d’Exclaim!. Bref, j’étais fébrile de voir ces deux bons génies en action. Lightman se trouvait aux claviers et lui aux guitares acoustique et électrique, puis les deux se partageaient les voix, alors qu’un batteur, un guitariste supplémentaire et un bassiste s’occupaient du reste. Si je pouvais résumer leur prestation en quelques adjectifs qualificatifs, je choisirais : décousue et inconfortable. On aurait sincèrement dit que c’était leur premier spectacle à vie — oui en tant que duo — mais oh là là, que je n’ai pas eu de plaisir. Comme si le spectacle n’avait jamais été répété avec les musiciens accompagnateurs ! Ça sonnait mal, les transitions étaient insupportables… Si un malaise survenait, ni Lightman ni Jarvis ne prenait le temps de s’adresser au public pour expliquer ce qu’il était en train de se passer. La qualité de leur équipement était boiteuse (amplificateurs qui buzzent, aucun stand à guitares). On n’entendait ni les guitares ni les claviers, juste la basse et la batterie. Je me suis même déplacée devant un haut-parleur pour être certaine que ce n’était pas moi qui hallucinais! Par-dessus le marché, Jarvis changeait constamment de guitare — pas une, mais bien trois ou quatre fois avant de commencer une chanson. Heureusement, le public rassemblé pour Lightman Jarvis Ecstatic Band dans la cour arrière d’un résident du quartier Marconi a été généreux et a même insisté pour un rappel. Moi, je suis partie à ce moment-là. Je souhaite de tout mon coeur que si les artistes concerné.es lisent ce paragraphe, qu’ils sachent que je les aime quand même et que j’ai envie qu’ils améliorent leur prestation afin de rendre hommage à leur album.

POP Montréal se poursuit samedi avec une foule d’autres concerts. Nous, on va voir Suuns, All Hands_Make Light et Alicia Clara.

Crédit photo: Coralie Daigneault