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POP Montréal 2022 : DenMother + TootArd + Medicine Singers

Pour cette deuxième soirée de POP Montréal, je me suis dirigé du côté de l’Entrepôt 77 pour voir les Medicine Singers.

J’avais vu le concert donné au FME au début du mois et sur scène, les Medicine Singers n’avaient pas réussi à recréer la magie de l’album. Ça peut arriver à tout le monde d’être un peu moins focus pour un concert, j’ai donc donné une deuxième chance au combo et je n’ai pas été déçu. Mais avant eux, DenMother et TootArd ont bien réchauffé (c’est le cas de le dire) la foule.

DenMother

Sabarah Pilon, la femme derrière le projet DenMother travaille aussi dans son autre vie pour la conservation naturelle dans un organisme relié au Gouvernement canadien. Cet amour de la nature se transmet dans sa musique qui a une portée organique importante. Inspirée par les Björk et Fever Ray de ce monde, DenMother propose une électro-pop alternative. Pour ce faire, elle construit des boucles et surtout chante sur des trames préenregistrées. Le truc avec les trames sur enregistrements, c’est que ça finit toujours par sonner un peu mince. Et c’est ce qui est arrivé. Particulièrement quand elle pousse sur la voix pour faire des effets de voix surprenants qui rappellent des chants de gorge, la musique semble complètement déconnectée.

Ça n’a pas été le cas tout au long du concert. Il y a quelques moments où les trames sont plus adaptées et suivent les montées théâtrales de Pilon. En général, le côté théâtral était légèrement surfait. Il faut dire que l’Entrepôt 77 n’est pas le lieu idéal pour ce genre de performance que j’aurais préféré voir dans un lieu intime où une relation de proximité peut s’installer entre le public et DenMother. Dans tous les cas, c’était bien intéressant malgré les écueils.

TootArd

Quand on lit et qu’on écoute TootArd, on ne se prépare pas à ce que les deux frères Rami et Hasan Nakhleh sont venus nous présenter. Leur dernier disque, Laissez-passer est un mélange de desert blues et de rock rythmé. Les deux musiciens originaires du Plateau du Golan (une zone syrienne occupée par Israël depuis 1967) ont présenté plutôt une version discothèque où s’entremêlent reggae, disco, dance et mélodies moyen-orientales. C’était franchement réussi.

La foule a embarqué dans le trip du duo et s’est mise à danser dès les premières mesures. La danse s’est poursuivie pendant toute l’heure qu’a duré leur performance. TootArd était tellement content de la réponse de la foule qu’il n’a pas vu passer le temps et c’est finalement les techniciens de son qui ont baissé graduellement le son du groupe pour laisser place aux Medicine Singers. Sous les applaudissements chaleureux de la foule, la paire a pu se dire : mission accomplie.

Medicine Singers

Comme je le précisais plus tôt, j’ai vu la performance du collectif au FME au début du mois. Ce n’était pas tout à fait réussi. En fait, un moment donné, c’est comme si le groupe s’était perdu dans ses expérimentations et les pièces franchement intéressantes de l’album avaient pris le bord. Ce n’était pas le cas à l’Entrepôt 77. C’est une version ramassée et efficace de la formation que nous avons pu voir. Des ajouts au groupe ont été faits : en plus de Thor Harris (Swans) à la batterie, il y avait aussi Vince Nudo (Priestess, Kurt Vile & the Violators) qui était de la partie. De plus, au tambour ancestral, on retrouvait Daniel Monkman (Zoon, OMBIIGIZI). Yonatan Gat, Chris Pravdica (Swans) et deux membres des Eastern Medicine Singers étaient bien sûr de la partie.

Le groupe nous a offert une généreuse heure d’un heureux mélange de chants traditionnels autochtone, principalement des chansons de pow-wow, et de rock bruyant. Ce mélange entre tradition et modernité se fait sans heurt et le résultat est franchement convaincant. C’est parfois beau, parfois lourd, parfois rythmé, mais toujours très intéressant.

C’est une belle soirée qui nous a gardés au chaud malgré le temps frisquet de cette fin septembre.