Ah, La Noce. Qu’est-ce qu’il est bon de te retrouver, avec ta Pulperie enchanteresse, ton énergie bienveillante et ta programmation fignolée avec soin! Vêtue de laine cette année, tu t’étais préparée pour une première journée de festivités plus fraiche, mais aussi exaltante qu’à l’habitude. Regardons ce qui s’est passé lors de ta première veillée!

Crédit photo de bannière: Samuel Snow

Les shows de l’heure de l’apéro: Secret Chiefs 3 et Galaxie

Vous lisez ce titre et devez vous dire que ça part fort en sapristi. Je vous dirai que vous avez absolument raison.

C’est avec le groupe californien de rock expérimental, Secret Chiefs 3, que j’avais rendez-vous en lever de rideau. Fière d’un passage au Festival de jazz de Montréal, à la fin juin, la formation, difficilement qualifiable/quantifiable, finissait son bref séjour au Québec avec La Noce hier. Le band mené par l’excellent musicien Trey Spruance est débarqué sur la scène, en bas de la côte de la Pulperie de Chicoutimi, avec les intentions fermes de faire lever le party avec les festivaliers les plus précoces. « On est tu rendu en enfer? », s’est questionné un jeune visiteur à mes côtés, à la vision des cinq musiciens capuchés et à l’air sévère qui sont montés sur les planches.

Dans un élan musical grondant, alliant métal dur et musique cinématographique aux détours moyen-orientaux, Secret Chiefs 3 nous a invités à nous shaker le corps, alors que les artistes, sur scène, suaient abondamment au travers de leurs longues tuniques marquées de runes diverses, en raison de l’énergie avec laquelle ils performaient. Je tiens à le rappeler, c’était un peu frais à l’extérieur.

Ainsi, de nombreux morceaux instrumentaux et bruyants à souhait ont défilé, alors que claviers, guitares, oud, batterie communiaient allègrement dans des envolées prononcées par l’énergie du groupe mystique. Le tout a été couronné par l’arrivée du Québécois Youri Raymond (Unhuman, ex-Cryptopsy), qui allait briser et prêter sa voix aux Californiens le temps de deux chansons sombres et particulièrement mouvementées. OK La Noce, ça part fort.

Après 2-3 grandes respirations, un pit-stop pour visiter les sympathiques aubergistes du festival et un encas de quelques dattes pour l’énergie, j’ai grimpé la côte à la veille d’un nouveau spectacle attendu.

C’est avec Galaxie que la fête se poursuivait! La belle équipe, toujours en jambes, a pris les rênes de cette soirée et a emporté ses adeptes dans une suite de morceaux alt-rock populaires qui ont cette faculté de plaire à toutes les générations. Même si les feuilles du grand arbre surplombant la foule se sont mises à shaker, comme quand une averse va s’abattre avec force sur nos têtes, Galaxie a chassé la flotte avec ses hits les plus mémorables. Olivier Langevin, le grand manitou du groupe et ses fidèles, Fred Fortin, Karine Pion, Pierre Fortin et François Lafontaine, nous ont habilement ravis, entre quelques lampées de cognac, avec des classiques intemporels comme Dragon, Piste 1 et Shanghai et des extraits de leur dernier album paru en 2024, notamment Anomie, Le spleen de Montréal et À demain peut-être.

S’arrêtant de temps à autre pour s’adresser à la foule constamment grandissante, Olivier Langevin a senti l’excitation qui régnait sur le site. « Oh my god, oh my god », s’est-il exclamé, euphorique, devant « la batch la plus en forme », selon lui, enthousiasmé d’être de retour à la maison.

Les shows de l’heure du souper: Sarahmée, P’tit Belliveau

Alors que le soleil tombait tranquillement, une nouvelle salve de concerts se sont présentés à nous. En redescendant la pente, j’ai capté les premières bribes du concert de la rappeuse Sarahmée. En forme, la MC nous a fait visiter les confins de sa discographie avec des chansons rythmées et entrainantes, comme Ma peau, Fuego et Le coeur a ses raison. Avec les qualités de performeuse qu’on lui connait, comme sa verve, sa diction impeccable et son sens du spectacle, Sarahmée et son équipe de musiciens talentueux ont offert un beau moment à la foule plus intime qui lui faisait face. Toujours avec les mots justes, elle a souligné qu’elle ne tenait jamais ces moments pour acquis et a présenté son affection pour son public visiblement heureux d’être là.

Puis, le clou de la soirée. P’tit Belliveau et sa grande équipe ont offert un moment ravissant aux innombrables festivaliers. Saluant les « hipsters de Montréal et de Québec et les rednecks d’ailleurs », au passage, Jonah Guimond a offert un concert absolument déjanté, lors duquel se sont mélangés ses plus grands classiques, de la pyrotechnie incontrôlable, des chorégraphies rodées au quart de tour et de magnifiques kilts en laine. Ponctuant le tout, des reels particulièrement entrainants ont retentit, alors que les musiciens sur scène se démenaient avec ferveur.

On a eu droit à une sélection étoffée de morceaux, nous faisant passer de ritournelles, comme Les bateaux dans la baie, L’eau entre mes doigts, Ej m’en fus et Gros truck. À travers tout ça, la gang s’est également amusée avec les reprises surprenantes de How You Remind Me de Nickleback et de Chop Suey! de System Of A Down.

Pour clore cet impressionnant concert, le public a eu droit à deux rappels sentis comprenant une version à l’unisson de L’arbre est dans ses feuilles, la grandement appréciée Income Tax et la pièce la plus touchante du répertoir du P’tit Bell’, L’Église de St. Bernard, qu’il a fait seul sur scène, en chest, offrant un moment émouvant et suspendu à ses fans.

Les shows des p’tites heures: Virginie B et Qualité Motel

C’est finalement avec Virginie B et son hyperpop envoutante et Qualité Motel avec leurs remix surprenants pour veiller tard que j’ai eu la chance de terminer cette première journée de Noce. Vermoulu, je suis retourné vers mes quartiers, les oreilles sifflantes et avec un sentiment de plénitude satisfaisant.

On remet ça ce soir La Noce!

Crédit photo: Samuel Snow et Charline Clavier