Concerts

Le Tigre et cumgirl8 à l’Olympia, le 22 juillet 2023

Impossible de rater l’énorme fil d’attente qui longeait les rues Sainte-Catherine et Saint-Timothé: les fans de Le Tigre étaient présents et présentes samedi soir dernier afin de célébrer la venue du groupe en ville. Retour sur un concert flamboyant en compagnie de cumgirl8 en première partie.

cumgirl8

L’Olympia se remplissait encore lentement au compte-gouttes lorsque le groupe new-yorkais a lancé le bal. S’autoproclamant elles-mêmes « sex positive » dans leur approche, cumgirl8 puise également dans des influences post-punk flirtant avec quelques sonorités électros. On ne se questionne pas pourquoi le groupe soutient Le Tigre en première partie ; un discours engagé, appuyé par un son dissonant grâce aux guitares perçantes et aux lignes de basses qui enrobent solidement le tout. Le morceau gothgirl1lancé le mois dernier aux côtés de cicciolinaa du panache avec l’attitude des musiciennes. À les voir aller, on se dit qu’on ne peut pas vraiment mettre un mot sur l’identité formelle du groupe, mais la recette fonctionne et la singularité y est. Bon choix en guise d’ouverture pour réchauffer la foule. 

Le Tigre

La grande salle de l’Olympia était assez grande, quoique limite, pour accueillir la foule éclectique cette soirée-là. Rempli à ras bord au parterre, du mouvement se faisait encore aller jusqu’au balcon lorsque le groupe a débuté avec le morceau The The Empty issu de leur tout premier album Le Tigre (1999). Trois microphones en avant-scène : gauche et droite, où Johanna Fateman et JD Samson se logeait pour faire place à Kathleen Hanna en plein centre. Derrière eux, un écran projetant les paroles des chansons nous permettait de suivre façon karaoké – il y avait un désir de communion, et ce n’était pas dénué de sens – parce que manifestement un concert de Le Tigre est aussi une jolie célébration de la culture queer

Le fluo et les couleurs de Le Tigre explosent de partout, je ne compte plus le nombre de chandails de Bikini Kill aperçu chez les gens. Kathleen Hanna, justement, possède encore cette énergie enflammée. Les paroles de F.Y.R (Feminist Sweeptakes, 2001) sont chantées avec ardeur par le groupe, les guitares – timbré par un fuzz assez riche – sont échangées au fil des chansons. Cependant, le côté électro de la formation est évidemment bien présent : c’est ce qui fait danser la foule, même si le discours d’Hanna relate les failles du système de santé envers les femmes aux États-Unis : « We can enjoy ourselves and also be mad, right ? », déclara-t-elle. 

Naturellement, une transition tend vers un nouveau tableau après que les membres du groupe sont sortis de scène pour un cours instant. Get Off The Internet, quelque peu modifié au niveau des voix, accompagne une projection sur l’écran. Hanna, Fateman & Samson reviennent vêtus de monochromes, rappelant de petits Pierrots. Toujours au rythme de la musique, une chorégraphie – qui se veut ironique – se forme sur scène avant de continuer avec Keep On Livin’ .

S’il y a quelque chose dont j’apprécie grandement chez Le Tigre, c’est cette absence de prétention dans ce que le groupe fait. Leur énergie est brute, sincère et à l’image de leur communauté. Et c’est justement lorsque Deceptacon résonne dans l’Olympia qu’un sens réel se déploie chez tous et toutes.

« We can enjoy ourselves and be mad ». 

Crédit photo: Olympia de Montréal

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