La Noce 2021: Marie Davidson & L’OEil Nu, Corridor, Robert Robert, Anachnid et Douance
Ce fut une journée de festival vécue dans les règles de l’art : j’ai attrapé un coup de soleil, il a plu à boire debout, j’ai perdu des choses et j’ai fait mon cardio plus d’une fois.
Jour 2 de ma présence à Chicoutimi pour La Noce de Froment. Ça me fait penser que je n’ai pas expliqué le concept de cette quatrième édition du festival dans mon précédent papier. Pour les néophytes, La Noce marie la musique (quel habile jeu de mots, Eloïse) et les mariages instantanés depuis 2017 dans la région saguenéenne. Et comme la programmation renouvelle ses voeux chaque année depuis (je suis en feu avec les tournures de phrase ou quoi ?), La Noce adopte un thème par an, conséquemment aux anniversaires de mariage. L’édition 2019 célébrait les noces de cuir du festival, tandis qu’aujourd’hui, on commémore la noce de froment. À travers le parcours du festival, on retrouve des animaux géants de la ferme de chez Ben Lalen, une idée du collectif de scénographie Pestacle (SOIR).
Marie Davidson & L’OEil Nu
É-LEC-TRI-SANTE. Elle habite la scène, elle connaît son personnage avec un micro dans les mains, elle est une véritable bête. La Montréalaise Marie Davidson, précédemment connue pour être DJ à travers le monde, occupe maintenant le rôle de chanteuse principale de sa nouvelle formation, Marie Davidson & L’OEil Nu. C’est avec son compagnon de toujours Pierre Guérineau et le multi-instrumentiste Asaël R. Robitaille qu’elle a effectué, en 2020, un retour au rock et au songwriting avec l’album Renegade Breakdown. Les textes, cyniques et existentiels, posés sur leur son électro-rock décapant frappent carrément en pleine gueule.
À la base, l’album ne m’avait pas charmé, car j’avais eu de la difficulté à comprendre les changements de ton, d’énergie et les styles divergents qui y ont été exploités. En spectacle, par contre, l’énergie et l’intensité des chansons n’ont fait qu’augmenter en crescendo, offrant au public debout sur le plancher de danse une prestation explosive et hypnotique — la mâchoire m’est tombée lorsqu’elle s’est mise à screamer. J’ai finalement saisi que Davidson et son groupe produisent de la musique qu’ils aiment et qu’ils se foutent bien de plaire à qui que ce soit. Le résultat est un véritable coup de poing au visage. Coup. De. Coeur. Bref, attrapez le trio en concert dès que vous pouvez, vous ne le regretterez pas.
Corridor
Je crois que j’ai dû voir Corridor en concert plus d’une quinzaine de fois dans ma vie. Le groupe montréalais d’art-rock et de shoegaze ont offert, comme toujours, une solide prestation à la foule frénétique rassemblée pour eux sur le parvis de la scène extérieure. Comme j’étais trop occupée à sauter sur place, je n’ai pas pris de notes… Mais je n’ai pas besoin de relire mes impressions sur papier pour dire qu’on a eu droit à un 100% de la part de Corridor. Terminant sur la note de la meilleure chanson de l’humanité selon moi, l’insurpassable Domino (Junior, 2019), c’était à la fois le climax et un moment crève-coeur — car nous en aurions pris davantage. Sans offrir de rappel, ils ont gentiment laissé la place à Marie-Pierre Arthur.
Anachnid
En formule trio, l’autrice-compositrice-interprète oji crie micmaque Anachnid nous a fait cadeau d’une performance mystifiante et chargée en émotions. Elle a commencé par reconnaître le fait que nous foulions le territoire des communautés innues, puis nous a fendu l’âme en chantant sa douleur et sa résilience, les sanglots dans la voix : «They are taking the children away, America». Une onde de choc a traversé le public. Une minute de silence a été accordée pour les corps des enfants autochtones retrouvés dernièrement. Anachnid a ensuite exécuté un virage à 180 degrés, passant d’une atmosphère sombre, pieuse et planante à une ambiance dansante et joyeuse pour terminer avec légèreté. «Allons dans la lumière», a-t-elle lancé, enjouée. Le public a offert une ultime salve d’applaudissements à la femme araignée, qui méritait tout l’amour du monde. Je la remercie d’avoir partagé toutes ces émotions avec nous.
Douance
L’autrice-compositrice-interprète d’origine saguenéenne Douance vient tout juste de passer au concours Les Francouvertes, où elle devait offrir une prestation de 25 minutes. Après avoir été invitée dans plusieurs festivals cet été et n’ayant qu’un EP à son actif, la grungeuse a dû se creuser les méninges afin de composer de nouvelles chansons. C’est ce qu’elle nous a confié avec humour et nonchalance avant de justement nous balancer lesdits morceaux. À mon grand étonnement, Douance a choisi de troquer son rock lent, lourd et chargé pour des rythmes plus dynamiques et dansants ; un pari qu’elle a réussi à l’aide de ses amis Raphaël Léveillé (batterie), Mélanie Venditti (guitare et synthés) puis d’Agathe Dupéré (basse). Qui aurait cru un jour qu’on aurait pu danser sous le soleil cuisant de juillet, en plein jour, sur du Douance? Alexandrine, tu m’as fait attraper un coup de soleil!
Robert Robert
Bon, il était si tard que les photographes sont allées se coucher! L’after-party à minuit était assuré par le producteur de musique électronique converti en chanteur pop slacker Robert Robert. Heureusement, le tout se déroulait au chaud et au sec à l’intérieur de la Pulperie, car dehors, la pluie diluvienne n’a cessé de tomber. Mais que serait un festival sans pluie? Bref, c’est en trio que l’artiste a vécu son baptême de feu, offrant ainsi sa première prestation sous cette formule. Bien que les chansons de son tout dernier album Silicone Villeray ne sont pas les plus dansantes pour un after-party, la foule de fêtards y a tout de même trouvé son compte pour se dégourdir en fin de soirée. Un show efficace, mais encore à peaufiner.
Crédit photo: Charline Clavier