
Francos de Montréal 2025 | Ariane Roy
Avant qu’on me lance des tomates pour avoir raté Clara Ysé, j’étais en entrevue à parler de premières parties dans la nouvelle série d’entrevues Banane Banane. Je suis par contre arrivé à temps pour voir Ariane Roy triompher devant un Club Soda plein à craquer.
Photos par Alexanne Brisson
D’ailleurs, on anime à nouveau demain à la Jasette des Francos si le cœur vous en dit avec Marc-André Mongrain de sors-tu.ca et Camille Dehaene d’Atuvu.ca. FIN DE LA PLOGUE. De retour au programme habituel : célébrer les jeunes d’ici qui torchent. Après Lou-Adriane Cassidy, qui a soulevé les passions samedi sur la Place des Festivals, Ariane Roy lançait Dogue dans un Club Soda qui était complet à rebord.

L’art du pacing
S’il y a une chose qui est délicate, c’est de réconcilier les deux tons très différents de sa discographie. Les époques medium plaisir et Dogue ne sont pas de même couleur musicale. Et pourtant, Ariane Roy a fait tout ça avec le doigté d’une fée qui sait quand y aller à fond et quand prendre un pas de recul pour se déposer. L’enchaînement Dogue, Âmes sœurs, Quand je serai grande, Si je rampe et Kundah a été énergique et puissante. Ça y allait au toast, comme on dit. D’ailleurs, Roy se permettait souvent de laisser de côté la guitare pour habiter la scène davantage. Ça marche. Son travail avec Blaise Borboën sur la direction musicale lui a souri.
Il y avait un petit quelque chose de Janet Jackson dans sa manière de se présenter. C’était digne des stars de la pop américaine. Quand essoufflée, elle a dit : « Tsé, le monde qui danse et qui chante en même temps, c’est du sport… », après I.W.Y.B., qui terminait une séquence où des danseuses (Eva Carrubba et Stéphanie Hébert) étaient venues la rejoindre. La danse a toujours fait partie de l’approche d’Ariane Roy dans ses clips, c’est le cas dans Ta main déjà. Mais sur scène, c’est une première fois qu’on la voit aller si loin et ça lui va bien. Elle est énergique, contagieuse et séductrice à la fois. Elle le fait à la fois sérieusement dans la technique travaillée avec le chorégraphe Chad Concepcion et en même temps avec une folie assumée, comme lorsqu’elle revêt un masque de caniche.

Ariane Roy en plein contrôle
On a vu Ariane Roy qui était à tous les points de vue en plein contrôle au Club Soda. La mise en scène qu’elle a travaillée en collaboration avec Navet Confit est efficace et magnifique à de nombreux moments. Les jeux de lumière Raoul Beaudin étaient magnifiques, faisant même parfois penser à de l’esthétique de métal industriel à la Laibach. Et que dire du groupe qui l’entourait, solide comme toujours : Jeanne Laforest, Vincent Gagnon, PE Beaudoin et Dominique Plante se sont gâtés dans les jams à quelques occasions.
Mais au centre de tout ça, il y a Ariane Roy qui a été au bout d’une nouvelle esthétique sonore avec toute la détermination qu’on lui connait. Elle a exprimé sa reconnaissance que le public soit au rendez-vous pour son premier Club Soda en solo. Mais… c’est plutôt le public qui doit la remercier pour l’excellent moment passé ensemble. Elle a terminé le concert avec Ta main et Fille à porter, sur laquelle, sous les acclamations bruyantes de la foule, Lou-Adriane Cassidy est venue la rejoindre. Cette amitié entre deux des femmes les plus intéressantes de la scène musicale québécoise est si belle à voir. Quand on se dit que le monde est crackpot en ce moment, on peut se tourner vers cette jeunesse qui nous montre du doigt à être le meilleur de nous-mêmes et la remercier.
Un concert à voir. Et revoir.
Liste des chansons
- Dogue
- Âmes sœurs
- Quand je serai grande
- Si je rampe
- Kundah
- Coule
- Une cigarette sur le balcon
- Agneau
- Mordre
- Tous mes hommages
- I.W.Y.B.
- Ce n’est pas de la chance
- Tu voulais parler
- Berceuse
Rappel
- Ta main
- Fille à porter — avec Lou-Adriane Cassidy
























Crédit photo: Alexanne Brisson