Francos de Montréal 2023 : Jay Scøtt, Robert Charlebois, Mononc’ Serge & Anonymus et Philippe Brach
C’était une grosse soirée pour terminer les Francos de Montréal! Les festivaliers étaient nombreux à braver la pluie pour venir voir les concerts en ce samedi de juin.
Photos par Alexanne Brisson (avec des bonus de LUMIÈRE et Naïma Frank)
Mère Nature avait beau être maussade hier, il en était tout autrement sur le site des Francos alors que plusieurs festivaliers ont dansé sous la pluie à Jay Scøtt. Comprenant que ça prendrait plus que ça pour décourager la foule, la pluie s’en est allée et les Francos ont tenu une dernière soirée digne du festival. Il y avait du monde, mes amis!
Jay Scøtt
Pier-Luc Jean Papineau, alias Jay Scøtt, a frappé de nombreux coups de circuit dans la pop au cours des dernières années. Son mélange de reggae, de rap et de pop-rock foncièrement québécois a séduit une nouvelle génération de mélomanes. D’ailleurs, ils étaient nombreux hier devant la scène des Francos malgré la pluie qui continuait de tomber du ciel.
Habile au micro et en plein contrôle de ses chansons, Jay Scøtt a montré de quoi il est capable. C’est toujours un peu bizarre de voir ce genre de projet sans groupe par contre. Je comprends bien le processus de création et tout, mais il me semble que les pièces sont interprétables par un band. Pour palier à l’absence de musicien, Jay Scøtt a sorti plusieurs invités de sa manche, dont Mike Clay pour deux pièces de leur album collaboratif paru récemment et Souldia pour interpréter Grand frère qui se retrouve sur Non conventionnel, le nouvel album du rappeur de Québec. J’ai quitté avant la fin pour aller rejoindre la scène de la Place des festivals, mais j’ai eu vent que FouKi est venu jouer leur succès Copilote.
Robert Charlebois
J’avais un choix déchirant à faire. D’un côté, CHOU faisait la première partie d’Anonymus et Mononc’ Serge au MTELUS et de l’autre, il y avait Robert Charlebois qui offrait un concert sur la Place des festivals. Jeunesse vs expérience. J’avais beaucoup entendu parler du show de Robert en CharleboisScope et j’ai finalement décidé de pouvoir dire que j’aurai vu au moins une fois Charlebois live dans ma vie. Je n’ai pas été déçu.
Il a du cran pareil Charlebois. Il lance le concert avec Le manque de confiance en soi, une chanson de son album Et voilà paru en 2019. C’est un gros pari pour un homme avec la discographie qu’il a. D’ailleurs, il va par la suite se lancer dans un feu roulant de succès en partant avec Dolorès, Les ailes d’un ange, Ent’deux joints… j’étais KO ben raide avec un gros sourire dans le visage de m’époumoner sur les pièces qui ont déjà passé à l’histoire.
Si les pièces ont déjà rejoint le tissu culturel du Québec, Robert Charlebois pour sa part est encore bien en vie. Sur scène, non seulement, il a encore la dégaine unique qu’on lui connait, mais en plus il danse de bord en bord, il swinge, il se démène et fait complètement oublier qu’il a 78 ans! À 37, je suis moins en forme… c’est pour vous dire. Il faut dire que les deux batteries sur scène aident à donner un bon air d’aller à la troupe.
Je savais que je vivais sur du temps emprunté et que je devais quitter la Place des festivals vers Mononc’ Serge et Anonymus avant la fin du concert. Mais sur les conseils d’une amie, j’ai attendu California et Lindberg parce que la rumeur voulait que Louise Forestier serait de la partie. Je n’ai pas été déçu de mon choix! Louise Forestier et Robert Charlebois sur scène, c’est magique. Ils ont encore le feu sacré de nous refaire vivre les années psychédéliques avec une bonne dose de folie. C’était un solide concert et c’est non sans pincement au cœur que je me suis mis en route pour aller rejoindre le MTELUS.
La liste des pièces du concert se trouvera en bas de cet article.
L’Académie du massacre : Mononc’ Serge et Anonymus
Je n’ai pas regretté de bouger au moment où je l’ai fait. Je suis arrivé juste à temps pour le début du concert du projet l’Académie du massacre qui fête ses 20 ans. Pour l’occasion, le groupe de métal québécois et l’auteur-compositeur-interprète se sont réunis pour replonger dans les deux albums collaboratifs qu’ils ont faits : L’Académie du massacre et Musique barbare.
Le MTELUS était plein à craquer pour l’occasion. On a retrouvé le père Mononc’ Serge et les 4 étudiants récalcitrants d’Anonymus avec plaisir qui ont lancé les hostilités avec La chute du dollar qui a frappé comme une tonne de brique avec ses gros riffs. Il y a quelque chose de magique à replonger dans quelque chose d’humoristique comme les textes de Mononc’ Serge lorsqu’une vingtaine d’années se sont écoulées parce qu’on se retrouve devant des élans de nostalgie lorsqu’il scande le point en l’air : « Fuck you Môman Dion » ou encore « moi, je n’aime pas Sébastien Benoît ».
Les succès se sont succédé comme Mourir pour le Canada, Le bad trip, L’âge de bière, Godzilla 2003, Un clown pour grand-papa, Les patates et autres ritournelles avec des gros riffs, des paroles subversives pour l’époque, mais un humour qui fonctionne encore lorsqu’on est assez vieux pour s’en rappeler. Et malgré le ton bon enfant, on était bel et bien devant un show de métal. Le circle pit pendant Môman Dion en est un bon exemple. Le mosh-pits était bien actif devant la scène.
Tout ceci était accompagné de nombreux effets visuels notamment un clown géant qui se gonfle pendant Un clown pour grand-papa. Après une litanie sur Pink Floyd étant de la musique de drogué par le père Mononc’ Serge, le groupe a lancé Le bad trip et pendant la chanson, on cochon gonflable est passé sur une corde à linge. Le genre de choses qui me font vraiment rire. Parmi les autres moments surprenant du concert, le groupe a invité un « motivé » à caler une bière sur scène pour L’âge de bière.
C’était tout à fait réussi. C’est impressionnant de voir à quel point Anonymus est adroit musicalement sur scène. Les membres se regardent si peu, mais sont toujours exactement sur la note. Les pirouettes musicales comme les solos étaient toujours savoureux et l’énergie à son maximum. J’ai quitté pendant le rappel pour me diriger vers la scène Hydro-Québec où Philippe Brach faisait son retour sur scène. Quelle soirée…
Philippe Brach
Philippe Brach est entré sur scène en combinaison orange avec un masque qui ressemblait aux photos de presse du dernier album si bien que je me suis demandé pendant deux secondes s’il allait faire un hommage à Slipknot. Mais non, le tout s’est déroulé sur l’instrumentale Les gens qu’on aime pour ensuite lancer Last Call aussi issue du nouvel album. Puis, Philippe Brach étant typiquement lui-même nous a demandé comme ça se faisait qu’on était pas couché? Comment ça qu’on était pas à la F1? Et a prévenu qu’il espérait une plainte de bruit des gens qui se retrouveront dans les condos sur les abords de la Place des Festivals, ce réel fléau montréalais.
Musicalement, Philippe Brach et son groupe (Guillaume Bourque, Simon Trottier, Étienne Dupré, Marianne Tessier et Gabriel Desjardins) ont réussi à traduire sans orchestre les pièces de Les gens qu’on aime avec habileté. Ça fonctionne à merveille. Du nouvel album, il a joué Un peu de magie, Soleils d’automne, J’ai de l’air et Révolution (la chanson).
Sa discographie n’était pas en reste alors que Philippe Brach a surtout concentré ses efforts sur Portraits de famine duquel il a joué Crystel, Alice, Héroïne et Né pour être sauvage. Il aussi glissé Dans ma tête et Mes mains blanches de ses deux autres albums. Au rappel, il est revenu seul pour faire Bonne journée que la foule a chanté en chœur avec lui. Un retour sur scène tout à fait réussi et satisfaisant. Ça ouvre l’appétit pour sa tournée à l’automne.
C’est ainsi que se termine des Francos où la foule était au rendez-vous. J’ai l’impression que pour la première fois depuis la pandémie, il y avait une réel masse de monde dans le rues de Montréal. Ça rendait la ville si vivante… en fait, ça me rappelle pourquoi j’aime ma ville. C’est pour ces moments-là. Merci les Francos, on se revoit l’an prochain.
Liste des chansons Robert Charlebois :
- Le manque de confiance en soi
- Dolorès
- Les ailes d’un ange
- Ent’deux joints
- Musique de chambre
- Tout écartillé
- Mon Pays
- Fu Man Chu
- California
- Lindberg
- Ordinaire
- J’taime comme un fou
- La fin du monde
- Je reviendrai à Montréal
- Te v’la
Crédit photo: Alexanne Brisson