
Francos 2025 | Louis-Jean Cormier, Lou-Adriane Cassidy et Loud
Alors que votre scribe se remet encore des émotions de la veille, il était de retour, samedi, à la place des Festivals, pour assister à trois nouveaux concerts des plus excitants. Le programme triple de la soirée était assuré par des artistes d’horizons bien différents, mais dont le succès est indéniable: Louis-Jean Cormier, Lou-Adriane Cassidy et Loud. Chaud devant.
Photos par Eugénie Pigeonnier

Louis-Jean Cormier: « Quelles sont les chances? »
Pour une deuxième soirée, c’est dans l’ambiance feutrée de la Cinquième salle de la Place des Arts que le troubadour moustachu a convié son public dans le cadre de sa tournée Les Entretoits. Seul sur scène avec sa petite guitare, le musicien a, d’emblée, su instaurer une ambiance intime. C’est de manière bien dépouillée que ce dernier a surpris son public en entonnant de nombreuses chansons hors de son répertoire. Il faut préciser que le show Les Entretoits nous éloigne de la discographie du prodige de Sept-Îles. Ce sont plutôt de magnifiques reprises qui se sont succédé, passant de classiques de la chanson francophone, comme Le petit roi de Ferland, et Dis, quand reviendras-tu de Barbara à des morceaux plus nichés, comme L’Exil de Martin Léon et Ce monde sans issue du poète Gaston Miron.
Cormier, entre quelques salves musicales, s’est arrêté afin de jaser à son public et d’aborder, avec beaucoup d’humour, plusieurs questions existentielles amenant à la confidence. Le temps, la famille et le hasard; avec ces sujets, le musicien a tissé le fil rouge des magnifiques reprises qu’il a présentées. Chapeau levé pour les impeccables interprétations de chansons comme Montréal -40 de Malajube, qui a embarqué le public dans son concept jukebox, Tu m’aimes-tu de Desjardins, qui a scié pas mal de monde en deux, et Gros Pierre de Gilles Vigneault…ben parce que c’est Vigneault. À travers cette nostalgie, le barde s’est affairé avec grande maîtrise sur le manche de sa guitare et tapait du pied, comme quoi, il n’a besoin que du petit Cormier (comme lui-même le dit) pour en mettre plein la vue.
Louis-Jean Cormier a rappelé, tout au long de ce concert, ce drôle de hasard qui a rassemblé « des inconnus assis dans le noir » en ce samedi soir d’été. J’ajouterais que c’était une chance sublime que de se tapir dans l’ombre de cette salle confortable, loin du brouhaha du festival, le temps d’un voyage au cœur des plus belles chansons de la francophonie. C’est pour dire: avec tous ces frissons, j’ai pensé pogner un rhume.

Lou-Adriane Cassidy: Aller très haut
À deux pas de Place des Arts, débutait quelques minutes plus tard, le très attendu concert de Lou-Adriane Cassidy. Avant même que la dame de l’heure ne débarque sur la grande scène Rogers, la mobilité était déjà compliquée, puisque se sont agglutinés de nombreux adeptes et passants jusqu’à la rue Sainte-Catherine.
C’est sous les derniers rayons du soleil que la chanteuse est arrivée en grande trombe et on a compris ce qui allait se passer. Brillant de mille feux, Cassidy a immédiatement arraché le band-aid et a chanté les premières notes de son hymne Dis-moi dis-moi dis-moi. Au son de cette magnifique chanson, les choses sérieuses ont commencé et on est parti pour une véritable clinique de scène.
Le public, un brin timide, a eu droit à plusieurs moments grisants au son des pièces de Journal d’un Loup-Garou, son premier album de 2025 (il y en a deux). La louve a déployé son énergie particulièrement contagieuse sur des chansons, comme Prière quotidienne, Cours, Cora, cours, alépok (ponctué d’un solide solo signé Thierry Larose) et Souffle souffle. Bénéficiant d’une scénographie travaillée, l’a plongeant dans des teintes rouges et rosées, l’artiste s’est également permis des passages plus tendres et touchants devant la pleine lune projetée sur scène. Ce fut d’ailleurs le cas avec 16 ans bientôt 30 et Ariane, chanson destinée à sa meilleure amie Ariane Roy, qui est venue y prêter sa voix, alors qu’elle venait tout juste de sortir de son amigo en provenance du Festival de la Chanson de Tadoussac. Les deux « sœurs cosmiques », assises en bout de scène, ont combattu les larmes et ont offert un moment privilégié aux « 10 000 » curieux présents. Attention, je ne suis pas certain de ce chiffre.
Puis, ça a été aux chansons de son deuxième album de 2025, Triste Animal, de briller. De sa voix cristalline, la chanteuse a présenté les plus tendres J’ai l’habitude, Jamais tout a fait, ainsi que la sublime Adieu. Elle a finalement fermé les livres avec Ça va ça va, ver d’oreille rassembleur sur lequel elle a quelque peu oublié les mots sous le coup des nombreuses émotions fortes de la soirée.
Épaulée d’un band en très grande forme, et visiblement préparée à affronter le plus grand concert de sa vie, Lou-Adriane Cassidy a déployé son charme magnétique, sa voix impériale et son sang-froid pendant 1h30. Avec tout ça, on pourrait commencer à parler de l’année 2025, comme de « l’année Cassidy », je dis ça, mais je dis rien.

Loud: Un jeu d’enfant
Puis, en guise de night cap, votre fidèle scribe a titubé jusqu’au Studio TD afin d’y voir un certain Loud. Maintenant établi comme vétéran du rap, le MC est venu se délier les jambes lors d’un show surprise dans le vieil Astral. Alors qu’un nouvel album est éminent, selon ses dires, Simon Cliche a fait plaisir à ses fans en interprétant ses plus grands classiques. Au son de succès comme Hell, what a view, Fallait y aller et 56k, on peut avoir la réflexion que c’est un véritable jeu d’enfant pour le rappeur out of Ahuntsic.
Entouré de son éternel DJ et producteur, Ajust, et du batteur Ryan Stevenson, Loud était en grande forme. Il en a même profité pour convier de vieux amis sur scène. Obligatoirement, Lary Kidd est débarqué avec son énergie singulière. Ensemble, ils ont interprété les extraits Sac de sport, On my life et Xoxo, pour les adeptes du premier jour. Puis, Lost s’est également joint à la fête pour y faire sa chanson Parano. Loud nous a wrappé ça avec un vaillant rappel composé des pistes Aucune promesse, TTTTT et Devenir immortel (et puis mourir).
Voilà, c’est un peu abasourdi que ma soirée se termine. Après avoir eu la chance d’assister à ce programme triple exemplaire, le puissant plaidoyer de Lou-Adriane résonne fort en moi. « Le meilleur est à venir », a-t-elle scandé au sujet de la culture québécoise. Avec ce genre de performance, il n’y aucune raison de douter.



































Crédit photo: Euégnie Pigeonnier