FIJM 2024 | Unessential Oils, Yaya Bey et Hiatus Kaiyote
En ce premier soir de l’édition 2024 du Festival International de Jazz de Montréal, des artistes de tous les genres ont inauguré les scènes et salles qui accueilleront à nouveau une excellente programmation cette année du 27 juin au 6 juillet. De ce côté, Unessential Oils, Yaya Bey et Hiatus Kaiyote ont fait partie des arrêts marquants.
À mentionner que, par pur hasard, j’ai récemment critiqué les plus récents albums de ces trois formations. Ce sont d’ailleurs des projets que je recommande : Unessential Oils de Unessential Oils, Ten Fold de Yaya Bey ainsi que Love Heart Cheat Code de Hiatus Kaiyote.
Unessential Oils
Derrière le comptoir des huiles non essentielles se trouve Warren Spicer, connu, entre autres, pour sa présence dans le trio rock Plants and Animals. Après avoir assisté au concert de ce nouveau projet lors de la plus récente édition de Santa Teresa, j’avais envie de voir avec quel genre de formation le chanteur et guitariste débarquerait sur scène. C’est finalement 8 autres musiciennes (dont Adèle Trottier-Rivard de Bibi Club au chant) et musiciens qui l’accompagnaient et on peut dire que ça n’a pas manqué de charme et de conviction. Ayant uniquement eu le temps d’entendre 4 compositions, soit Cameleon, Which Way Will the Sun Set Now?, Solutions to My Gloom et Distrust the Magician, avant de me diriger vers le spectacle de Yaya Bey, ce passage en leur direction me fait dire que je les verrais encore et encore. Ce qui porte à intérêt, c’est notamment l’heureux mélange entre un côté atmosphérique, un autre plus mélodieux avec par exemple le chœur qui approfondit la section chant ainsi que le vaste nombre de textures qu’apportent les multiples percussions. Le côté jazzé décontracté et aérien se fait encore plus ressentir en spectacle. Quant à Spicer, ces riffs de guitares et sa voix flottent comme la ligne de basse et le saxophone au travers des compositions smooths et rythmées .
Yaya Bey
C’est du côté de la grosse scène extérieure que la musicienne originaire de Brooklyn Yaya Bey, en quatuor avec une bassiste, un claviériste et un batteur, a offert un fort moment musical où le RnB, le soul, le jazz et la politique se sont traînés ensemble. Ce qui est intéressant de ses compositions, c’est que la touche lo-fi emmène un riche grain d’authenticité et de proximité, qu’on absorbe aisément grâce à la prestance intimiste de la chanteuse. En spectacle, et ce malgré que le son semblait parfois retirer quelques moments de chaleur dans sa voix, on l’entend rapper, parler-chanter ou tout simplement nous parler avec conviction de sa voix claire et feutrée, qu’elle utilise comme un instrument et qui semble être le canal émotionnel principal de ses projets. On retient de ce moment la douceur, l’attitude et le groove, qu’on a notamment retrouvés lors de slow dancing in the kitchen, chasing the bus, me and all my niggas, career day, iloveyoufrankiebeverly et let go.
Hiatus Kaiyote
C’est le quatuor australien de jazz funk Hiatus Kaiyote qui se chargeait d’orchestrer le spectacle de fin de soirée sur la grosse scène. On peut dire qu’avec les jeux de lumières et 1h30 de musique, il nous en a donné plein les sens. Avec l’ajout de choristes, les quatre membres ont semblé s’amuser en naviguant dans l’ensemble de leur discographie. À l’aube de la sortie de leur nouvel album Love Heart Cheat Code, le groupe piloté par la chanteuse musicienne Nai Palm a joué quelques compositions de ce dernier en commençant par Dreamboat, puis en orchestrant plus tard la dansante Telescope, l’éponyme Love Heart Cheat Code et la groovy Make Friends. Autrement, des chansons comme Sip Into Something Soft, And We Go Gentle et Red Room de Mood Valiant ont fait partie des réussites. On retient l’énergie funky spatiale apportée par le groupe et la qualité des productions malgré quelques petits grichements techniques en début de spectacle. La voix de Nai Palm demeure quant à elle un attrait principal et essentiel de ce projet captivant.
Crédit photo: Benoit Rousseau