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Festival en Chanson de Petite-Vallée 2025 | Des larmes de joie pour éteindre les feux

C’est difficile de décrire le sentiment qui m’habite, assis au deuxième étage du Théâtre de la Vieille Forge, alors que les trois fenêtres devant offrent une vue sur la mer qui se perd dans l’horizon. Ce jeune lieu est déjà habité d’amour et de fierté. On sait déjà qu’on aura les blues en partant et qu’on aura hâte à nouveau de l’habiter l’an prochain.

J’ai laissé couler une larme en mettant les pieds au Théâtre de la Vieille Forge pour la première fois. Le bâtiment que j’ai vu maintes fois en simulation, duquel j’avais vu des photos, n’est devenu tangible qu’en y mettant les pieds. Le bois est omniprésent comme dans l’ancien bâtiment. Mais le plus important est certainement la force de caractère des gens derrière le festival, qui n’ont jamais cessé de persévérer au cours des 8 dernières années. Et cet esprit est toujours aussi vif dans ce nouveau théâtre qui va bercer les prochaines générations de mélomanes.

Crédit : Alexya Crôteau-Grégoire

Les émotions, comme la mer agitée

Ces premiers jours ont été riches en émotion. Tout ça a commencé avec la traditionnelle chorale des enfants de la Gaspésie, qui s’attaquait à l’œuvre de Beau Dommage. La Petite-école de la chanson a fait briller le répertoire de ce groupe légendaire avec brio, comme d’habitude. Non, mais, 300 enfants qui lancent le tout avec La nouvelle saison, ça fait son effet. En chœur, ils ont chanté les plus grands succès de la formation : Tous les plamiers, Le blues d’la métropole, Harmonie du soir à Chateauguay et plus.

Parmi les moments marquants, il y a eu deux chansons chantées en partie avec les voix originales : Pic-bois avec Pierre Bertrand, qui n’était pas présent pour des raisons de santé, et Ginette avec la voix de Michel Rivard, qui était bien assis dans son siège. Comme le veut la tradition, les membres du groupe ont été invités sur scène par les élèves qui leur ont posé quelques questions et qui ont chanté avec eux La complainte du phoque en Alaska. Comme d’habitude, c’était touchant à mort. Le lendemain, quand on parlera avec Alan Côté, il nous expliquera que le festival fait ce projet à perte (parce qu’il n’existe pas de subvention pour ça) parce qu’ils croient à l’importance de semer dès le jeune âge la passion de notre culture aux enfants.

Crédit : Alexya Crôteau-Grégoire

La famille, la famille, la famille

C’est probablement l’élément qui est le plus présent autour de la réouverture du théâtre. Les liens solides entre les artistes qui jouent ces premiers jours et le festival en chanson de Petite-Vallée forment le tissu qui drape la création. C’est vrai pour Jack Layne, le neveu d’Alan Côté, qui était le premier à jouer dans la nouvelle salle pendant le festival. Il a présenté les pièces d’un album à venir plus tard cette année : Blanc cassé. Il a profité de la présence d’artistes qui se retrouve sur l’album pour offrir les versions complètes : Sensei H est venue deux fois sur scène, même chose pour BKay (LaF), Thalia Rosaura et d’autres. Un des moments forts du concert a été la pièce qui prenait la forme d’un cypher où les rappeurs venaient briller chacun leur tour.

Crédit : Alexandre Cotton

Mais c’est certainement avec La Marée du forgeron que l’esprit de famille se faisait sentir à sa pleine force. Sur scène: Michel Rivard, qui a fait partie du comité de sélection de l’architecture, Louis-Jean Cormier, cousin d’Alan Côté, Jeanne Côté, sa fille, Marie-Pierre Arthur et son frère Jean-Sébastien (Ti-Bass) Fournier, qui viennent de Grande-Vallée, la conjointe de ce dernier, Lana Carbonneau, Patrice Michaud, qui vient de Cap-Chat et qui a été moniteur de camp, Luan Larobina, qui vient de Gaspé et qui a été chansonneuse, Velours Velours qui a été campeur, Klô Pelgag qui vient de Saint-Anne-des-Monts, Daniel Boucher qui a un long historique avec le festival et qui habite maintenant à Mont-Louis, Sandrine Masse qui a été chansonneuse, Manuel Gasse qui accompagne les cohortes depuis plusieurs années et Vincent Carré qui a aussi un long historique avec le festival. Bref, tous avaient un lien important avec la Longue-Pointe. Et c’est cet amour qui s’est fait entendre avec On s’est jamais éteint, une pièce composée pour l’occasion. Vous le devinerez, c’était émotif. C’est beau la détermination à faire vivre la culture. C’est ça qui nous garde unis. Et aujourd’hui, plus que jamais, ça semble manquer.

À tour de rôle, les uns chantaient les chansons des autres. Daniel Boucher offrait une Comme des rames dansante, Michel Rivard chantait Y peut mouiller de Jeanne Côté après une anecdote de sa jeunesse et plusieurs autres échanges réussis de la sorte. Un numéro spécial a été conçu pour faire un hommage aux disparus qui ont foulé les différentes scènes du Théâtre de la Vieille Forge et les gens importants de la communauté qui ont été emportés.

Crédit : Alexandre Cotton

Un medley surprenant de La marche du président de Robert Charlebois, d’Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde de Lisa Leblanc et Bonne journée de Philippe Brach. C’était sorti un peu de nulle part, mais tout de même bien sympathique. La bande a aussi fait se rencontrer Chanson démodée de Gilles Vigneault et Tshishe Manitu de Florent Vollant, deux auteurs-compositeurs-interprètes qui ont un long historique avec la Longue-Pointe. C’est sur les airs d’Un musicien parmi tant d’autres que la bande est sortie de scène, un ultime clin d’œil à Serge Fiori qui est parti le 24 juin.

On se remet de ces émotions et on se tourne vers les concerts qui vont animer les prochains jours. Si l’équipe du festival a eu son lot de feux à éteindre avec les aléas d’une nouvelle bâtisse qu’ils apprennent toujours à connaître, on peut dire qu’ils ont fait couler suffisamment de larmes de joies pour les éteindre tous. On se revoit pour tout ça sous peu!

Crédit photo: Couverture : Alexya Crôteau-Grégoire

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