Concerts

Festival en chanson de Petite-Vallée 2023 | Jour 6 : Kanen et Dumas

Pour cette sixième et ultime journée de couverture du Festival en chanson de Petite-Vallée, j’ai assisté aux concerts de Kanen et de Dumas. Voilà donc le dernier compte-rendu d’une journée pop et rock réussie.

Crédit photo : Alexandre Cotton

La touchante sincérité de Kanen

J’avais assisté à une courte prestation de Kanen dans le cadre de la toute dernière édition des Francouvertes et j’avais apprécié le son assez « rugueux » de la performance. Pour l’occasion, elle était accompagnée par l’excellent guitariste Jérémie Essiambre, alias La Faune.

Dans le cadre d’une prestation allongée, j’étais donc très curieux de voir de quel bois se chauffe cette talentueuse artiste innue de la communauté Uashat-Maliotenam située sur la Côte-Nord. C’est sans compter que mercredi soir, dans le cadre de La Marée de l’aube, elle m’avait passablement conquis par son indicible charisme et son interprétation nuancée. C’est au Camp Chanson qu’elle nous a présenté l’essentiel de son premier album Mitshuap paru en avril dernier.

C’est sur une trame sonore évoquant un pow-wow — une célébration festive qui permet à nos amis autochtones de promouvoir leur héritage culturel — que l’autrice-compositrice s’est présentée sur scène avec humilité. Rapidement, Kanen et ses musiciens ont entamé le concert avec Assi, en nous offrant une version plus abrasive que celle entendue lors de La Marée de l’aube. Par la suite, elle a empoigné une petite guitare à quatre cordes — un cuatro, si je ne m’abuse — pour nous présenter une version sensible et dépouillée de Mitshuap.

Si en album, les chansons tortueuses de l’artiste sont intéressantes, en « live », c’est la charge émotive de ses pièces qui prennent de l’ampleur. Et ce n’est pas étranger au jeu parfois dissonant et bruitiste et à d’autres moments aérien de Jérémie Essiambre. Kanen crédibilise ce dessuintage d’oreilles assumé en ne forçant jamais la note, en n’en faisant jamais trop, en évitant le pathos et la surenchère affective.

Petit moment cocasse. Kanen et ses acolytes ont souhaité un joyeux anniversaire singulier à Marc-Antoine Dufresne, directeur artistique adjoint de l’événement, en entonnant « Mon cher Marc-Antoine, c’est à ton tour », sur un seul accord.

Je souligne aussi le clavier dissonant en conclusion de Dead Shopping Mall, gracieuseté encore une fois d’Essiambre. J’offre une sincère courbette à la version « malpropre » de Nimueshtaten Nete ainsi qu’à celle tout aussi crasseuse de Fuck That Shit… ce qui est venu clore ma prestation préférée du festival.

Sincère, candide, mais déterminée, Kanen a tout ce qu’il faut pour avoir une longue trajectoire. Il s’agira pour elle de poursuivre son évolution aux côtés de cette valeur sûre qu’est Jérémie Essiambre, mais surtout, de se faire confiance et de rester parfaitement elle-même pour la suite des choses.

Coup de cœur.

Credit photo : Alexandre Cotton

Dumas le rassembleur

Il y a le Dumas qui, en format album, ne convainc pas toujours l’auteur de ces lignes. Et il y a celui qui livre toujours la marchandise en concert. Hier soir, au Théâtre de la Vieille Forge, l’artiste a été, fidèle à son habitude, à la hauteur des attentes.

L’un des « chouchous de Petite-Vallée » — du moins, selon la présentation qu’Alan Côté a faite de l’artiste — nous a offert l’un des derniers concerts de la tournée Le cours des jours. L’album-phare du dynamique auteur-compositeur célèbre cette année ses vingt ans d’existence.

Accompagné par ses deux vieux complices, Jocelyn Tellier (guitare) et Vincent Réhel (claviers), Dumas était appuyé par un jeune, mais solide batteur, Christian Renaud, et par Amélie Mandeville à la basse. La musicienne a remplacé au pied levé le bassiste habituel, François Plante, dont la mère est décédée récemment. Compte tenu des circonstances, Mandeville a offert une performance colossale.

Le concert s’est amorcé de manière ingénieuse avec une courte présentation vidéo d’une critique dithyrambique de l’album Le cours des jours de Claude Rajotte à la belle époque de MusiquePlus. Drôle et brillant !

Dans un enrobage rock, Dumas et ses compétents musiciens ont aligné dans l’ordre Hélium, Le cours des jours, Vénus, J’erre, Je ne sais pas et Arizona. La version de Vénus était particulièrement explosive.

En plein milieu de parcours, l’auteur-compositeur a transformé le Théâtre de la Vieille Forge en plancher de danse. Arborant des lunettes futuristes / robotiques, le chanteur a demandé à son éclairagiste d’illuminer la boule disco qui auréolait la scène. Le « showman » s’est alors mis en marche encourageant le public à taper des mains, danser et manifester sa joie. On a pu entendre des versions groovy, mais toujours rock, de Ne me dis pas, Le soleil à son zénith et Mouvement, entre autres.

La fête s’est conclue calmement avec Linoléum, pièce conclusive du Cours des jours. En rappel, Dumas nous a ressorti son premier succès, Miss Ecstasy, mais remanié afin de nous décrasser allègrement les oreilles.

Même si les chansons de Dumas sont truffées de refrains accrocheurs, et parfois surexploités, le public en redemande et, dans le cadre d’un festival rassembleur, ça fonctionne drôlement bien.

La carte postale du jour :

À Petite-Vallée, il s’agit simplement de vagabonder à travers les nombreux concerts pour faire des rencontres intéressantes. Hier midi, je me restaurais en compagnie de ma partenaire de voyage, lorsqu’un sympathique être humain s’est tout bonnement présenté à notre table.

Au cours de cette semaine de concerts, je n’ai cessé d’exprimer à ma compagne à quel point tous les spectacles auxquels j’ai assisté sonnaient comme des tonnes de brique. Ça tombait vraiment bien, car l’homme qui s’est pointé à notre table n’était nul autre que le directeur technique et sonorisateur de l’événement, Pat Tousignant.

Je lui ai donc souligné de manière sentie l’excellent travail accompli par lui et tous les sonorisateurs du festival. Bref, salutations Pat, et encore bravo pour ton excellent boulot !

Voilà qui conclut officiellement mon périple en terre gaspésienne. J’aimerais remercier chaleureusement les organisateurs de l’événement, plus particulièrement Stéphanie Richard, attachée de presse, qui m’a facilité la tâche afin que je puisse produire mes comptes-rendus avec efficacité. Je salue aussi les deux gentilles bénévoles de la pourvoirie Beauséjour avec qui nous avons souvent rigolé, tôt le matin, devant un essentiel café.

Et ici, j’exprime à nouveau, et avec une conviction renouvelée, à quel point nos musiciens sont techniquement irréprochables. Tous les groupes accompagnateurs entendus tout au long de la semaine ont performé à un niveau exceptionnel.

Même si la chanson francophone proposée lors de ce festival n’est pas tout à fait celle que je préfère, j’ai constaté de visu que le Festival en chanson de Petite-Vallée est un important incubateur pour tous ces autrices-compositrices et auteurs-compositeurs de la relève qui souhaitent développer leur potentiel chansonnier.

En fait, comme le soulignait avec justesse le bon Pat Tousignant lors de notre échange, le Festival en chanson de Petite-Vallée est le « poumon de la chanson d’ici ». On ne saurait mieux dire.

Après 40 ans d’existence, je ne peux que souhaiter la pérennité à ce sympathique festival.

Crédit photo: Alexandre Cotton

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.