Festival en chanson de Petite-Vallée 2019 : de la chaleur humaine à la pelletée
À défaut de pouvoir sentir la chaleur du soleil sur notre peau, on a pu se faire réchauffer le cœur par des concerts touchants.
On va se le dire, Patrice Michaud est un être humain tout simplement attendrissant. Devant ses partisans maison, il a livré un concert de deux heures solide, bien rodé et efficace. Entre les succès comme Kamikaze et La Saison des pluies, il a raconté des anecdotes et charmé un peu tout le monde qui était présent sous le grand chapiteau. En plus de ça, il a fait la belle place à Simon Kearney, chansonneur cette année, qui le connaît depuis presque dix ans puisque Michaud a été aussi accompagnateur.
En plus, au début du concert cela a donné l’occasion à la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy de venir annoncer une aide supplémentaire de 150 000$ pour la période de transition en attendant la reconstruction du Théâtre de la Vieille Forge.
Se rencontrer
Je vais vous conter à mon tour quelque chose de très personnel. À l’automne, avec mon collègue de Sors-tu.ca, Marc-André Mongrain, nous avons réalisé un podcast sur le projet Nikamu Mamuitun. Parmi les témoignages que nous avons recueillis, celui de Karen Pinette-Fontaine, m’avait particulièrement touchée. Elle nous parlait du fait qu’elle avait dû réapprendre sa langue, l’innu, puisqu’elle ne la connaissait pas. Le problème, c’est qu’elle vient de Maliotenam, un village innu de la Côte-Nord. Lors de la première chanson du spectacle, Karen chantait en innu dans le chœur. J’ai fondu en larmes. Et celles-ci n’ont pas arrêté avant les dernières notes du spectacle. C’était d’une beauté incroyable, d’une chaleur humaine palpable et surtout empreinte d’amour. Et de l’amour, il va nous en falloir beaucoup pour se rencontrer et faire la paix pour vrai entre nations.
Le spectacle est pourtant loin d’être larmoyant. On y retrouve des moments de fêtes menés par Matiu et plusieurs moments de contre-emploi pour les auteurs-compositeurs-interprètes. Le plus drôle de ceux-ci étant sans doute Joëlle St-Pierre qui chante : « je vais prendre les clés du pick-up, c’est moi qui le paye anyway ». Florent Vollant et Alan Côté ont bien lancé le projet, mais ce sont les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes autochtones et allochtones qui l’ont maintenant entre les mains. Ils le tiennent magnifiquement. Le tout s’est terminé sur un morceau de Kashtin. Un des meilleurs spectacles que j’ai vu cette année, tous styles confondus.
Après l’amour vient le…
Les Louanges, c’est une bonne dose de sensualité. À l’instar du concert donné au Club Soda lors des Francos, Vincent Roberge et son groupe ont tout simplement défoncé la baraque en grands coups de mélodies lascives. Son aplomb sur scène est à un autre niveau et c’est impressionnant à voir. Tercel, La nuit est une panthère, Jupiter et tous les autres succès ont résonné magnifiquement dans le café de la Vieille Forge. Rajoutez à cela, le saxophone impressionnant de Félix Petit et les claviers envoutants de Gabriel Godbout-Castonguay et vous obtenez un concert à ne pas manquer.
Un autre moment bien intéressant a été le concert de Zachary Richard qui en a peut-être 68, mais semble en avoir pas plus de 45. Il bouge encore avec énergie et son plaisir d’être sur scène était contagieux. Il était aussi accompagné de son petit-fils Émile Cullin qui est venu faire deux chansons avec son grand-père. Tout ça pour terminer le tout avec L’arbre est dans ses feuilles et Jean Batailleur.
Terminer le tout en beauté
Avant que FouKi entre sur scène, c’est le rappeur Jack Layne qui avait le devoir de réchauffer la foule. Avec un débit impeccable, mais des textes faibles, le jeune homme a visiblement réussi à gagner la foule. Ce projet est jeune, mais parions qu’avec un tel aplomb sur scène, on devrait en réentendre parler.
Mon périple au festival s’est terminé sous le signe du Kankan avec FouKi qui est entré sur scène avec une tonne d’énergie. Avec lui se tenaient ses deux fidèles compagnons, Quiet Mike et Vendou. Le trio nous a servi des succès à un rythme effréné, gardant la foule dans un état d’excitation constante. ZayZay, Wono, Positif, Néfertiti, S.P.A.L.A., Gayé, Make-Up…. bref, il y avait du solide rap au pied carré. Une bien belle façon de conclure cette aventure.
Encore une fois, en quittant Petite-Vallée, où le soleil se pointe enfin le bout du nez, je me dis qu’avec de la volonté et une bonne dose de chaleur humaine, on réussit à créer des moments mémorables. À tout le moins, je repars avec ma dose de souvenirs que je garderai jalousement dans ma mémoire.