Concerts

Festival en chanson de Petite-Vallée 2025 | Étienne Dufresne, Myriam Gendron, Martha Wainwright, Chansonneurs, Pierre Flynn et l’hommage à Beau Dommage

Il y a eu du beau à Petite-Vallée pour ma deuxième moitié de périple qui s’est entamé dans le vent avec Étienne Dufresne et qui s’est terminé dans une belle célébration de la musique de Beau Dommage.

C’est à regret que je quitte la Longue-Pointe et la gang attachante de Petite-Vallée qui, une fois de plus m’a accueilli à bras ouverts. Même si les travaux n’étaient pas finis, que l’équipe a couru pour régler tous les problèmes qui émergeaient, on peut dire qu’ils ont réussi haut la main la mission de faire un festival dans le nouveau théâtre.

Crédit : Alexandre Cotton

Etienne Dufresne

C’est dans le vent qu’Etienne Dufresne est venu présenter les pièces de ses deux premiers albums sur le terrain du motel L’Étoile du Nord à Cloridorme. Accompagné par les bourrasques et par David Lagacé à la guitare, il a offert de beaux moments avec les pièces Dans ma tête, J’fais des efforts et plusieurs autres.

Crédit : André Bujold

Myriam Gendron

Ce qui frappe le plus avec Myriam Gendron, c’est le naturel désarmant de jeu de guitare. Elle a démontré tous ses atours pour ce premier passage en Gaspésie. On peut dire que le public a aussi pogné de quoi en écoutant celle qui retravaille de la chanson traditionnelle de manière inventive. Sortant tout juste d’une tournée pour présenter les pièces de Mayday, qui l’a porté à l’étranger, Gendron a décidé de se concentrer sur son album précédent : Ma Délire – Songs of Love, Lost & Found. Passant à travers Go Away from My Window, Poor Girl Blues, Par un dimanche soir et Le tueur de femmes, pour ne nommer que celle-ci, elle a envouté le chapiteau. Les deux dernières chansons offraient une fermeture un peu intense. Seul accroc à Ma Délire, Myriam Gendron a présenté la touchante La Belle Françoise (pour Sylvie), une pièce qu’elle a adaptée pour traduire à travers la relation entre un bourreau et un condamné, la relation avec un proche qui s’en va vers la mort. Ça peut sembler dur, écrit comme ça, mais en fait c’est très beau. À voir en show pour comprendre!

Crédit : André Bujold

Martha Wainwright

Comme toutes les fois, Martha Wainwright a été hautement divertissante. En solo, elle s’est présentée sur la scène avec principalement les chansons de son album homonyme paru il y a 20 ans. Elle a expliqué la grande misère qu’elle a eu à trouver une maison de disque pour le publier. Et pourtant, il a si bien passé l’épreuve du temps! Avec sa voix toujours aussi impressionnante, elle a livré Far Away, Ball and Chain, When the Day Is Short et plusieurs autres titres en gardant évidemment Bloody Mother Fucking Asshole pour le rappel. Elle a aussi fait sa reprise de Quand reviendras-tu qui est sur la version de luxe de l’album et une reprise surprenante d’Ayoye d’Offenbach. Encore une fois, Martha Wainwright était totalement charmante.

Crédit : Alexya Crôteau-Grégoire

Les chansonneurs 2025

La classe 2025 du Festival en chanson de Petite-Vallée a montré de quel bois elle se chauffait sur les planches du Théâtre de la vieille forge. Séparé, comme la tradition le veut, en deux groupes de quatre artistes : MoMo, San-Nom (qui portait un t-shirt de l’album Déjà Vu des Cowboys Fringants), Emmanuelle Querry et Valois (le nouveau projet de Jordane Labrie) d’un côtés. De l’autre, on retrouvait Louis-Julien Durso, Rosalie Ayotte, Oli Féra et Héron.

Tous les chansonneurs et les chansonneuses se sont bien débrouillés avec leurs deux chansons. Du lot, certains étaient vraiment plus pop. C’est le cas de Rosalie Ayotte qui a démontré la justesse de sa voix et d’Emmanuelle Querry a proposé une pop un peu plus dansante, mais parfois un peu cliché dans l’interprétation. Valois a aussi proposé une pop dansante à l’instar de Querry tandis que Louis-Julien Durso a proposé une pop au piano qui rappelle vaguement Pierre de Maere. San-Nom pour sa part, avait toutes allures d’un Renaud non alcoolique.

Les trois artistes qui m’ont le plus surpris sont MoMo avec sa pop au piano bien ficelée. Il était juste dans son interprétation et dosait bien la quantité d’émotion à injecter. Oli Féra a aussi surpris avec sa deuxième, Tourne-moi le dos, qu’elle a interprétée sans guitare dans les mains. Elle habitait bien la scène et c’était tout à fait convaincant. Finalement, Héron avec sa voix magnifique, ses compositions intéressantes et son interprétation impeccable ont franchement impressionné.

Pierre Flynn

Comme l’or, Pierre Flynn est une valeur sûre. Charmant la foule en deux temps, trois mouvements, l’auteur-compositeur-interprète a glissé des réflexions comiques sur le temps qui passe, sur notre condition humaine et sur sa carrière qui a passé le cap des 50 ans. Entre les applaudissements nourris des spectateurs, il a offert des versions piano-voix-quatuor à cordes de ses chansons. C’était chaleureusement convaincant.

L’hommage à Beau Dommage

Encore une fois cette année, c’est le pétillant Christian Bégin qui animait l’hommage qui mettait à l’honneur un mélange de gens du village et d’artistes de la programmation qui réinterprètent les chansons du groupe. Mi-bien cuit, mi-hommage langoureux, les membres de Beau Dommage en ont vu de toutes les couleurs.

La soirée s’est entamée sur Canteledam formé de membres de la communauté, dont Danielle Vaillancourt, qui a longtemps été à la tête de la petite école de la chanson, qui a interprété Harmonie du soir à Châteauguay avec des harmonies vocales (sans mauvais jeux de mots) fort agréables. Les chansonneurs de l’édition 2025 ont interprété Le Blues d’la Métropole en groupe près de micro à condensateurs. Les Côté, Alan, Mathilde et Jeanne, ont interprété une Rive-Sud fort sympathique avec des instruments pour enfants. Luan Larobina et Velours Velours ont offert de leur côté J’ai oublié le jour en duo. Les Cormier, Louis-Jean, Camille et ses deux cousins, ont brillé en habits estivaux pour Tous les palmiers. Les Fournier-Lafontaine, Marie-Pierre et Léopold, se sont aussi très bien tiré d’affaires avec Tout va bien en mode Beach Boys.

Plusieurs moments marquants ont été offerts par des artistes de la programmation, comme Klô Pelgag, Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur qui ont présenté Tout simplement jaloux. Salomé Leclerc, pour sa part, est arrivée en surprise pour interpréter avec brio Le picbois. Quelle voix, cette Salomé! D’ailleurs, parlant de moment hallucinant, il y a Daniel Boucher qui s’est gâté avec Hockey pendant laquelle Pierre Huet a enfilé l’aiguille à sa troisième tentative (fallait être là), et Michel Faubert qui a interprété Montréal avec une incroyable profondeur. À ses côtés, il y avait Bernard Falaise à la guitare. Tous les numéros, au final, étaient sympathiques, bons, drôles et exécutés avec panache, soutenus par le groupe maison formé de Vincent Carré, Émile Lou T Gravel, Manuel Gasse, André Lavergne, Philibert Gasse, Lana Carbonneau et Jean-Sébastien Tibasse Fournier.

Il y a eu aussi plusieurs blagues pendant la soirée, comme Manuel Gasse qui a actualisé les pièces de Beau Dommage qui chantent Montréal avant de se lancer dans Le Phoqué aux USA. Fidèle à sa réputation, Christian Bégin a poussé quelques bonnes blagues pendant ses présentations. On retient la confession de moments intimes lors de l’adolescence lorsqu’il pensait à Marie-Michèle Desrosiers, cette dernière allant jusqu’à faire aller un mouchoir dans les airs. Ou encore lorsqu’il a utilisé les titres des chansons dans de nouveaux contextes, dont Amène pas ta gang, « ce qu’on aurait voulu dire à Gilbert Rozon pour son procès. » Une affirmation qui a été chaudement applaudie par la foule.

Une première empreinte et des au-revoir

Il y avait cette année dans l’air une atmosphère de célébration, et ce, même si les travaux n’étaient pas terminés. L’équipe du Théâtre de la Vieille Forge a certainement sué quelques grosses gouttelettes, mais elle s’est arrangée pour que ça ne paraisse pas. J’étais heureux de mettre les pieds dans ce lieu qu’on a rêvé depuis quelques années. Enfin, il était là. Et si je me dirige maintenant vers Montréal, j’ai déjà hâte de revenir prendre un verre au café, serrer la pince à ces gens qui font en sorte que le festival existe et que l’art chante plus fort que la mer dans ce petit coin de paradis qu’on a nommé Petite-Vallée. À l’année prochaine!

Crédit photo: Couverture : Alexandre Cotton

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