Dominique Fils-Aimé, Trilogie Symphonique à la Maison symphonique de Montréal, le 16 mai 2023
L’artiste populaire québécoise donnait une première performance à la Maison symphonique, en collaboration avec l’OSM. Invités et surprises aux rendez-vous.
Photos par Alexanne Brisson
Vous connaissez la différence entre un chat et une panthère? Le chat de son côté est plutôt paresseux, mesquin, gâté, il est le prince chéri qui n’a pas à chasser pour pouvoir se nourrir. C’est un simple animal, un animal simple. De l’autre côté, certes un autre félin, mais la panthère rugit, elle chasse, elle intimide. C’est un animal fort qui travaille pour sa survie. Difficile de trouver les mots pour débuter une telle couverture, alors je reviens sur un court texte d’Henry Dumas intitulé EchoTree pour m’inspirer.
Le concert
C’est dans une salle silencieuse, partiellement comblée, avec une luminosité tamisée, puis un orchestre et une chorale réchauffée, qu’entre tranquillement sur scène Dominique Fils-Aimé. Vêtue d’une élégante robe noire et de bijoux, elle affiche ses racines culturelles à travers sa tenue, ce qui donne bien le ton à la soirée. Elle nous exprime ses sentiments face à notre présence et de gentils mots.
Tout au long du spectacle, les projecteurs furent utilisés comme indicateur dans la discographie de la chanteuse. Le spectacle a commencé sur un bleu (Nameless), puis a changé au rouge (Stay Tuned!) et s’est finalisé sur un doré éblouissant (Three Little Words).
Sans oublier des deux invités de la soirée. Tout d’abord, Elisapie est entrée sur scène assez tôt dans la soirée. Elle a commencé sa performance avec sa chanson Call of the Moose puis enchaîné avec Arnaq, deux chansons de son album The Ballad of the Runaway Girl, sorti en 2018. Une voix puissante, qui se combinait bien avec l’orchestre derrière elle. Je dois avouer que j’en ai eu un peu la chair de poule. Puis, s’en est suivie la présence de la danseuse Axelle Munezero. Aussi vêtue de noir, lors de trois chansons, elle fut sur scène afin d’exprimer la musicalité des mots à travers différentes chorégraphies. Une excellente performance qui lui a valu une ovation debout des spectateurs à deux reprises.
Les textes de Dominique Fils-Aimé sont riches. Riche en émotions, en images, en couleurs. La musicalité des mots avec la mélodie de l’Orchestre Symphonique de Montréal et d’une chorale composée de chanteurs de l’émission Y’a du monde à messe et de la grande Kim Richardson, se sont mélangés parfaitement. Cependant, la sonorité de son micro n’était pas tout à fait au point. À quelques moments durant le concert, il en était presque impossible de comprendre les paroles de la chanteuse. De même qu’un débalancement sonore entre elle et l’orchestre, où il arrivait parfois que la musique jouât plus fort que les mots.
Les arbres
Nous avons aussi eu la chance d’avoir entendu en primeur mondiale, l’entièreté d’une chanson qui sera affichée dans son prochain album, qui sortira en septembre. Inspirée des arbres et des forêts, Dominique Fils-Aimé fait la comparaison avec la race humaine et y exprime un désir d’unification. Comme les arbres, tous lié par les racines sous la terre, l’humain est pareil, malgré l’apparence introvertie que chacun peut présenter dans la vie de tous les jours.
Je suis ressorti de cet événement musical en morceaux. Malgré le fait que je sais que j’ai aimé, je n’arrive pas à dire pourquoi exactement encore. Le concert était puissant. Il propose quelque chose de différent dans le spectre de la culture québécoise, quelque chose de frais. Dominique Fils-Aimé, Axelle Munezero et Elisapie nous ont exprimé tant d’émotions qu’il est impossible d’en ressortir complètement sûr d’avoir compris. Elles sont panthères, à travers leur musique et leurs performances.. Elles sont comme des protectrices culturelles qui partagent des sons, des mots, des messages, des symboles, des histoires, des mouvements. Ainsi, moi, le chat, s’est retrouvé décontenancé, mais curieux d’en écouter davantage.
Crédit photo: Alexanne Brisson