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Distorsion Psych Fest 2022 — Jour 3 — Larynx, N Nao, Motherhood, La Sécurité, Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

Comme annoncé la veille, la menace d’orages violents déplace la troisième soirée du Distorsion Psych Fest. On quitte le pittoresque site de l’Entrepôt 77 et on s’en va entre les murs de l’institution montréalaise qu’est la Sala Rossa. Était-ce vraiment la menace du mauvais temps, ou était-ce que la scène modulaire installée en plein air n’allait pas arriver à soutenir le poids de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp? Le secret ne sera probablement jamais dévoilé. Mais quel que soit l’endroit choisi, l’alignement pour cette soirée était celui qui me faisait le plus saliver de tout le festival.

Larynx

J’arrive quand Larynx a déjà commencé et que la foule est encore modeste, peut-être parce qu’un concert à l’intérieur commençant à 18 h 30 semble bizarre, même pour un évènement qui aurait normalement commencé à 16 h si ça se passait à l’extérieur. Qu’importe, la troupe d’Alexandre Larin a déjà quelques fidèles devant lui. Ses chansonnettes rock psychédéliques sont nappées de son sens de l’humour un peu puéril, mais sans complexes, une formule accessible qui a tout pour le placer sur la programmation de nombreux festivals au Québec. Pas mon genre de prédilection, si je peux me permettre, mais ce n’est pas sans attrait.

N Nao

Avant l’arrivée sur scène de N Nao, le groupe de Naomie De Lorimier, j’avais seulement entendu ses enregistrements les plus récents sur Bandcamp. Je m’attendais donc à un set plutôt ambiant, avec des influences dans la voix et les mélodies rappelant vaguement Tori Amos ou Cat Power. Cette première impression a pris le bord dans le temps de le dire! Les ébauches qui se trouvent en ligne prennent une toute autre vie sur scène, en grande partie grâce à la témérité de De Lorimier et au savoir-faire de ses compagnons sur scène, Samuel Gougoux et Charles Marsolais-Ricard. C’est la formation la plus game que j’ai vue de tout le festival, et de loin. Le trio gonfle les compositions de sa leader et se permet de suivre à peu près n’importe quelle avenue en faisant fi du danger de se retrouver dans une impasse. Ça donne un show d’équilibristes sonores absolument fascinant. Et mention spéciale à une des utilisations de l’autotune les plus intéressantes que j’ai eu la chance d’entendre.

Motherhood

Pas évident de suivre une telle prestation, mais le groupe Motherhood est venu en minifourgonnette directement de Fredericton pour nous montrer de quel bois il se chauffe et pour présenter son récent album, Winded. J’étais un peu vendu d’avance, le rock bruyant, mélodique et imprévisible du trio étant en plein mon genre, et il est parvenu à surclasser toutes mes attentes. Les tones sont parfaits, le groupe est en forme, le chanteur est en voix et l’interaction avec le public est sympathique et fluide. Il m’est passé par la tête diverses comparaisons du genre: « Ils sont bizarres comme Deerhoof », « Ils sont heavy comme les Melvins » et « Ils sont accrocheurs comme les Monkees. » Un éventail d’habiletés vraiment peu commun. 

La Sécurité

Vient ensuite un groupe qui génère pas mal de buzz, La Sécurité, pour leur tout premier spectacle. Le buzz est un couteau à deux tranchants, ça crée des attentes qui sont difficiles à satisfaire. Ce que je veux dire en gros, c’est que le groupe a de l’énergie et présente un mélange new-wave/post-punk/krautrock qui est valable sans être particulièrement excitant, mais l’exécution n’est pas tout à fait à la hauteur des ambitions. Si on veut faire bouger, ça doit être hautement tight. Disons que ça paraissait un peu que c’est un premier show. Mais bon, le groupe n’est pas composé de deux de pique, ces musiciens ont fait leurs preuves (Laurence-Anne, Choses Sauvages, Jésuslesfilles, Vanille…). Je parie que, d’ici quelques shows, ils me feront ravaler mes paroles.

Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp

Arrivent finalement les têtes d’affiches, le populeux OTP Marcel Duchamp. La formation de Genève arrive avec douze membres, et de l’équipement qui comprend DEUX batteries et DEUX marimbas. Je compte aussi six instruments à cordes et deux instruments à vent, et un total de dix micros pour chanter. Ce qui signifie que soit deux des membres ne chantent pas, soit la Sala Rossa était à court de micros, et je parierais plutôt sur la deuxième option. L’OTP Marcel Duchamp est une proposition ambitieuse, à mi-chemin entre grand orchestre post-rock et groupe de célébration africain. C’est un peu défier le destin de vouloir voler si haut, mais ces sympathiques Suisses y arrivent avec des pièces d’une variété surprenante. Le public, qui remplit maintenant la salle, est visiblement aussi séduit que moi. Ce spectacle était le dernier arrêt de la toute première tournée du groupe à l’extérieur de l’Europe. Espérons que la suivante ne se fera pas trop attendre. L’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp aurait sa place sur une multitude de festivals et tout le monde gagnerait à être exposé à sa musique.

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