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BleuBleu 2024

Le festival BleuBleu vient de se terminer et déjà nous sommes nostalgiques. De retour à notre quotidien, nous nous demandons si tout ce que nous avons vécu là-bas est bel et bien réel. Ce festival gaspésien, situé dans la magnifique ville de Carleton-sur-Mer, offre un véritable et profond sentiment d’évasion et de déconnexion à ceux et celles qui s’y aventurent.

À environ neuf heures de route de Montréal, on est loin, et on se sent loin. Les paysages sont différents, l’air est différent, l’ambiance est différente. Et ça fait du bien.

L’évasion prend diverses formes à BleuBleu. On peut se laisser bercer doucement par le bruit des vagues qui s’écrasent sur la plage, centre névralgique de la ville et du festival, en observant le bleu du ciel se transformer au rythme de la trajectoire du soleil, ou bien lâcher notre fou dans un mosh pit enflammé, ou encore danser dans une rave jusqu’au petit matin. Nous avons fait tout ça et on vous raconte.

Jour 1

Vendredi soir, après un apéro sur la plage, nous nous dirigeons vers le quai de Carleton où se trouve la principale scène du festival. Le légendaire musicien louisianais Zachary Richard y performe. Les organisatrices racontent qu’elles souhaitaient sa participation depuis les débuts du festival, il y a six ans.

La météo est idéale ce soir-là, et le panorama : exceptionnel. Le ciel passe du bleu au rose à l’orangé. D’un côté, l’imposant Mont Saint-Joseph crée un magnifique contraste avec le ciel; de l’autre, des voiliers flottent dans la baie. Au milieu se trouvent le quai et la scène où Zachary Richard, accompagné de trois musiciens de son âge, chante ses plus grands succès à une foule de 7 à 77 ans.

Le Louisianais est un performeur divertissant, drôle et excellent conteur. Son spectacle généreux, de près de deux heures, est un bel hommage à sa culture cajun. L’interprétation douce et rassembleuse d’Au bord du Lac Bijou, la cathartique Ballade de Jean Batailleur et la rigolote danse du mollusque (Crawfish) sont des moments forts du concert.

Après avoir vu ce vétéran de la musique sur le quai, nous allons découvrir la relève sur la plage. Sous le chapiteau, la musicienne indie-rock lo-fi Sasha Cay en est à ses dernières chansons lorsque nous arrivons. L’ambiance est intime. Ses morceaux empruntent au shoegaze et au grunge. Dans l’assistance, beaucoup de membres du public racontent avoir eu un coup de cœur pour elle. Une belle découverte à suivre et à revoir.

Ensuite, le trio prog-rock expérimental Population II prend le relais, offrant l’un des meilleurs spectacles du festival. C’était la première fois que nous les voyions sur scène, et quelle claque ! Leur mélange de rock garage, métal, psychédélique et free jazz est d’une rare puissance. Le contexte du show, autour de minuit dans un espace restreint, est parfait. Les mosh pits se multiplient, les sourires sont omniprésents. Nous en sortons épuisés, mais heureux, prêts à affronter la suite le lendemain.

Jour 2

Se rendre au festival BleuBleu, c’est bien sûr assister à des concerts, mais c’est aussi profiter de ce que ce lieu magnifique de la Baie des Chaleurs a à offrir. Samedi, le beau temps nous permet de tester les terrains de tennis de la municipalité, les sentiers de randonnée du Mont Saint-Joseph et les bols au tempeh du Comptoir végé, le tout entrecoupé de quelques baignades à la plage.

En soirée, nous retournons au quai. Alors que le soleil se couche sur la baie, offrant un spectacle visuel aussi éblouissant que la veille, c’est l’excellente Shaina Hayes qui chante de sa magnifique voix les morceaux de son dernier album Kindergarten Heart. Elle-même avoue avoir du mal à se concentrer tant le paysage devant elle est beau.

Comme la veille à la même heure, le ciel devient rose. Elisapie, vêtue d’un costume de la même couleur, arrive sur scène. La chanteuse inuk présente son dernier album Inuktitut dans un spectacle somptueux, minutieusement travaillé, sublimé par le cadre naturel.

Elisapie a une présence scénique impériale et envoûtante. Elle s’adresse au public en inuktitut et en français. Ses histoires pour présenter ses chansons, des classiques de sa jeunesse qu’elle a volés aux Blancs, plaisante-t-elle, sont touchantes et chargées, évoquant des souvenirs de son frère décédé ou du suicide de son cousin, qui, dit-elle, aurait adoré le festival Bleubleu et se serait fait un grand plaisir de participer à la rave à laquelle nous allions, nous, avoir la chance prendre part plus tard en soirée.

Le transcendant spectacle prend fin après une puissante interprétation a cappella de Wish You Were Here de Pink Floyd, au même moment où une pleine lune orange est en train de se lever.

Nous nous dirigeons ensuite vers la micro-brasserie Le Naufrageur pour voir le groupe pop-punk acadien Peanut Butter Sunday. L’ambiance est festive, la scène petite et l’espace limité. Il faisait chaud, ça sentait le swing, le plancher était collant de bière… bref, c’était le contexte idéal pour voir ce groupe éminemment divertissant. Leur performance énergique se termine par une reprise de All the Small Things de Blink-182, une chanson en plein dans leurs cordes.

La soirée se conclut par cette fameuse rave organisée par la radio-web indépendante Shift Radio dans un pit de gravelle, marquée par l’une des dernières performances du groupe électronique Pelada, qui a récemment annoncé la fin de son projet après dix ans de carrière. En plus des bonnes prestations des DJ, qui ont permis aux festivaliers les plus motivés de danser en plein jour au petit matin, c’est le cadre de l’événement, inusité, qui le rend si unique.

Jour 3

Dimanche, la météo est moins clémente avec une pluie continue presque toute la journée. Pour les festivaliers, comme nous, ayant fait la fête toute la nuit, ce temps est en adéquation avec notre énergie.

L’organisation du festival ne se laisse pas abattre et déplace les spectacles extérieurs à l’intérieur. Ainsi, le spectacle de la Saint-Jean, avec Robert Robert et Lydia Képinski, se tient au sec dans l’aréna de Carleton.

Si notre niveau d’énergie est plus bas, celui du reste du public, ce soir-là très jeune, constitué majoritairement d’adolescents de la ville arborant des costumes à l’effigie de la fleur de lys, était, quant à lui, très élevé.

La pop sympathique de Robert Robert, qui a visiblement gagné en assurance sur scène depuis le début de son projet musical, fait sauter la foule.

Lydia Képinski prend ensuite la scène, offrant un concert parfait pour faire la fête. Ce spectacle, accompagnant son album Depuis, est d’autant plus efficace qu’il est bien rodé, alors qu’elle le présente maintenant pour un troisième été consécutif. La chanteuse y apparaît théâtrale et dramatique, mais aussi séduisante et décomplexée. L’éclairage et l’énergie électrisante de ses musiciens participent également à créer une ambiance de party explosive.

Les festivités de la fête nationale se poursuivent sous le chapiteau à la plage, mais la fatigue accumulée nous empêche de nous y rendre. Nous nous couchons en espérant que la jeunesse de Carleton y a trouvé autant de plaisir qu’à l’aréna.

Jour 4

Le festival BleuBleu se poursuit pour une dernière journée lundi, mais la route vers Montréal est longue, nous devons malheureusement partir tôt. En longeant la rivière Matapédia puis le fleuve Saint-Laurent sur la route du retour, nous repensons à tous ces moments magiques vécus à Carleton-sur-Mer. BleuBleu est vraiment un festival unique et précieux. Rassembleur, propice aux rencontres, il nous laisse avec l’impression de connaître tout le monde à la fin du week-end. Assez grand pour attirer des artistes de renom, assez petit pour permettre de se faufiler aux premiers rangs pour les admirer de près. Un lieu de découvertes musicales, amicales, naturelles et culturelles, où la population gaspésienne rencontre celle de Montréal et d’ailleurs dans un contexte accueillant pour tous. Nous reviendrons, c’est certain.

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