Chroniques

Nicolas Bernier et Florence Lafontaine | Entrevue : Ultrasons 2024

Ultrasons, un événement qui se tiendra du 17 au 19 avril, verra les étudiants du programme de musiques numériques de la Faculté de Musique de l’Université de Montréal présenter des performances hors du commun à la salle Claude-Champagne et à la Sala Rossa.



Durant la session d’hiver 2024, plusieurs universitaires ont perfectionné leurs compétences en musiques numériques, et plus particulièrement en musique acousmatique. Ils s’apprêtent à présenter leurs œuvres au public et à leurs camarades du programme. Je me suis entretenue avec Nicolas Bernier, un professeur à l’Université de Montréal (UdeM) détenant des expertises en musiques numériques en composition, création sonore ainsi qu’en installations sonores, et avec Florence Lafontaine, une étudiante du programme de musique numérique qui explore le textile circuité et se prépare à présenter une œuvre dans le cadre d’Ultrasons 2024. L’événement a lieu les 17 et 18 avril à la salle Claude-Champagne de l’Université de Montréal et est gratuit. Une troisième représentation a lieu à la Sala Rossa le 19 avril et une contribution de 5$ est demandée pour celle-ci.

La musique acousmatique, c’est quoi?

Nicolas Bernier la définit de la façon suivante : « Quand on parle de musique acousmatique, à priori, on parle d’une musique dans laquelle on ne peut pas reconnaître la source. Autrement dit, une musique de son. » Il renchérit en disant que s’il parlait à son voisin, il dirait qu’il fait une musique de bruit. Florence Lafontaine ajoute ensuite un exemple avec le philosophe grec Pythagore. Ce dernier donnait ses cours derrière un drap pour que ses étudiants se concentrent sur ce qu’il avait à dire. La musique acousmatique, c’est un tableau d’art abstrait avec des textures, des couleurs et des moyens différents. C’est mettre toute l’attention sur le son en soi.

Qu’est-ce qui pourrait être une bonne initiation à la musique acousmatique? L’étudiante affirme qu’écouter de la musique ambiant ou de paysage sonore pour se concentrer, étudier ou méditer, c’est être initié à ce monde. « Moi, j’allais dans un centre de yoga, maintenant, je sais que c’est de la musique de drones, mais ce genre de musique, ça m’a vraiment fait apprécier une sonorité riche, un spectre vraiment large et de très haute qualité. » Il y a plein de portes d’entrée possible pour apprécier ce type de musique. Le professeur a souligné que plusieurs étudiants du programme ont été initiés avant de joindre l’université en apprenant à faire de la production musicale et en consultant des tutoriels sur YouTube pour traiter les sons. 

À quoi s’attendre d’Ultrasons 2024

Selon les compositeurs, les spectateurs devront se préparer à être soniquement impressionnés et à voir des performances de haute qualité, notamment grâce aux 32 haut-parleurs qui seront éparpillés dans la salle. Pour Nicolas Bernier, le public doit avoir l’esprit ouvert : « … je vais vivre quelque chose, ça va être spécial, ça sera pas comme d’habitude ». Florence Lafontaine expérimente avec du textile circuité, ou en d’autres mots, des tissus qui peuvent conduire un signal électrique, et se produira sur scène avec une de ses créations. Elle insiste sur le fait que c’est en assistant à une autre édition d’Ultrasons, où un artiste avait inventé un instrument pour sa performance, que lui est venue l’idée de mélanger textile et musique numérique. « Voir des gens inspirés, ça devient inspirant. Et puis voir plein de gens qui sont passionnés, c’est passionnant pour moi. » 

Qu’est-ce que signifie Ultrasons pour eux? Pour Nicolas Bernier, c’est la découverte, des idées originales et de l’adaptation. « Évidemment, il y a plein de dispositifs technologiques. Il y a des affaires qui peuvent ne pas marcher. Ça prend plein de petites pièces, de petits cossins, de petits câbles, de petits adaptateurs… tout préparer ça, c’est toute une paire de manches! » Le professeur continue en disant que les étudiants éprouvent quand même du plaisir durant le processus de création. « C’est comme l’inconnu, t’sais?  Il faut vouloir se lancer là-dedans puis embrasser ça. » Selon le point de vue de Florence Lafontaine, Ultrasons c’est l’apprentissage à grande vitesse en regardant ses camarades de programme, l’admiration de la créativité et de l’authenticité des personnes avec qui elle partage une passion et la clémence envers les autres. « Il y a beaucoup d’empathie. Les gens se comprennent. »

Un bel échange entre passionnés de sons

Dans le processus de création qui mène au spectacle qui se déroulera en avril, les étudiants ont appris certaines leçons que n’importe quels artistes, dans tous domaines confondus, apprennent. « J’ai appris à être autonome et avoir confiance en ce que j’aime et mes idées, j’ai appris à coder, j’ai appris à faire des circuits électroniques, j’ai appris à coudre. » Florence Lafontaine ajoute qu’elle adore être compositrice, mais fabriquer un instrument, l’interpréter soi-même, puis composer les sons qui l’accompagnent, c’est une tout autre histoire. La compositrice avance que ses collègues et ses professeurs qui ont toujours été disponibles pour aider ont grandement contribué à la réussite du projet.

Dans la même optique, la priorité de Nicolas Bernier dans son enseignement, c’est de créer un climat de conversation et d’échange, car selon lui, faire de l’art, c’est être en contact avec les autres. Honoré avec le prix d’excellence en enseignement par l’UdeM, le professeur a lui-même eu la chance d’étudier avec des mentors qui mettait de l’avant la même méthode d’enseignement. De plus, il est ouvert à la rétroaction de ses étudiants dans le but d’améliorer son enseignement : « J’essaie d’être bien ouvert dans mes cours, puis justement de demander OK, là, on vient de faire tel truc, est-ce que ça vous est utile ? Est-ce que je pourrais en parler différemment ? Est-ce que je devrais ne pas en parler ? Est-ce qu’il y a d’autres affaires qu’on devrait aborder ? » Les deux compositeurs, durant l’entrevue, ont réitéré le fait qu’il y a un beau climat de partage et de soutien au sein du programme de musique numérique. 

En bref, les spectateurs qui ont envie d’être dépaysés et de vivre une expérience unique pourront assister à Ultrasons 2024 le 17 et le 18 avril à la salle Claude-Champage, ainsi que le 19 avril, à la Sala Rossa pour une deuxième année consécutive. Les billets sont gratuits pour l’UdeM et une petite contribution de 5$ est demandée pour La Sala Rossa. Ils sont disponibles ici.

* Cet article a été créé en collaboration avec la Faculté de Musique de l’Université de Montréal.

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