Le trio de jazz québécois Misc présentera un spectacle pas piqué des vers le 23 et 25 février prochain, à l’Usine C et au Grand Théâtre respectivement. Entrevue avec Jérôme Beaulieu pour discuter de ce spectacle.

Le spectacle en question, Partager l’ambulance, la totale, célébrera le premier anniversaire de la sortie du plus récent opus de Misc. Ce spectacle, qui est « un fantasme depuis le jour 1 », selon les dires du pianiste Jérôme Beaulieu, aura finalement lieu le 23 et 25 février à Montréal et Québec. Ce spectacle se veut immersif. Le groupe et son équipe ont donc décidé d’opter pour la spatialisation sonore.

La spatialisation sonore pour un effet immersif réussi

La spatialisation sonore est un concept d’ingénieur de son. Comme l’explique le pianiste de Misc, il s’agit de « faire passer des affaires d’en haut à en bas, de gauche à droite, en arrière, […], pour que tu sois plongé dans l’environnement sonore. » L’idée leur est venue lors du mix de l’album. Pour cette étape, le groupe a décidé de faire appel à l’ingénieur de son Pierre Girard (Fred Fortin, Karkwa, Klô Pelgag). Les trois musiciens lui donnent alors carte blanche pour s’amuser avec le mix. L’homme ne se fait pas prier. Il joue avec le son, le faisant passer de gauche à droite; il place les sons dans l’environnement pour que l’auditeur ait une impression de 3D.

« La suite logique de ça, pour nous autres, c’était de se dire : « hey, mais ça serait tellement le fun de faire ça en live et d’avoir différentes sources de sonores, d’avoir différents speakers et de s’amuser avec ça pour créer une expérience 3D au niveau du son », explique l’artiste. Lors d’un tournage de vidéoclip à l’Usine C pour Bellflower, un groupe dans lequel Jérôme Beaulieu et son collègue William Côté jouent, l’artiste réalise tout le potentiel de la salle de spectacle. Cette dernière a une grille d’accroche qui couvre toute la salle et qui permet de configurer le son comme désiré. Que les gens de Québec soient rassurés : « Il y a moyen de le faire aussi sans avoir absolument cette grille-là », rassure le compositeur et pianiste de Misc.

L’adaptation de Partager l’ambulance à l’expérience scénique

Partager l’ambulance comporte son lot de défis pour l’adapter à la formule de direct. Par exemple, la pièce Mad a demandé au groupe de se creuser les méninges énormément. « Mad a une piste d’arpégiateur de synthétiseur qui est en trame de fond de toute la chanson. […] [Pour cette piste], on était trois gars autour du synthétiseur : moi je jouais les accords qui étaient arpégés par le synthé, les autres gars jouaient avec les filtres et les pitons pour que ça soit vivant. Juste ça, c’était une performance de trois gars en même temps. Après ça, par-dessus, on a enregistré […] des pianos jouets, des percussions, des bruits d’ambiance dans la pièce puis on était le trio qui joue par-dessus », décrit le natif des Cantons de Shefford.

Pour offrir Mad lors du spectacle La totale, le groupe ne voulait pas tomber dans les pistes préenregistrées qui leur auraient imposé un rythme et une certaine forme. Pour contrer cela, William Côté, le batteur du groupe, a installé des triggers sur sa batterie. Ces derniers, plutôt que de fonctionner selon un principe de binarité (marche/éteint), fonctionnent selon les vibrations. Dépendamment d’où le percussionniste frappe sur son tambour, le récepteur reconnait l’onde et reçoit un message différent. C’est comme ça qu’ils ont trouvé comment adapter cette pièce au spectacle. « William devient une espèce de pieuvre : il joue de la batterie, mais sa batterie génère un synthétiseur en même temps », décrit Jérôme Beaulieu.

Pour célébrer l’année d’existence de l’album Partager l’ambulance et voir comment le groupe a adapté l’œuvre à la scène, les intéressés n’auront que deux chances. C’est pourquoi La totale est un spectacle à ne pas manquer le 23 février 2022 à l’Usine C de Montréal et le 25 février 2022 au Grand Théâtre de Québec.

*Article écrit en collaboration avec La Tanière.

Crédit photo: Benoit Paillé