Chroniques

Mariana Gianelli & Kyria Kilakos | Entrevue : faire rayonner les femmes en musique avec le répertoire de Women in Music Canada

Au cours des dernières semaines, un répertoire de femmes qui travaillent en musique a été mis en ligne par le chapitre québécois de Women in Music Canada pour aider les professionnels de la musique à assurer une meilleure diversité et égalité dans l’industrie.

Depuis 2017, MTL Women in Music, ou Femmes en musique Montréal, organisent des activités de réseautage, des formations et proposent de l’accompagnement pour des femmes qui évoluent dans le milieu musical. Je me suis entretenu avec Kyria Kilakos et Mariana Gianelli, toutes deux d’Indica Records, pour parler de ce nouvel outil, mais aussi pour faire un survol de ce qui en est de l’organisation qui reprend vie après quelques années plus tranquilles pendant la pandémie.

Trouver de nouveaux moyens de faire rayonner les femmes

MTL Women in Music organisait depuis 2017 de nombreux événements en présentiel et se collait à des festivals qui avaient lieu au Québec. Malgré le « Montréal » dans le nom, l’organisme est là avant tout pour aider les femmes partout à travers le Québec. Si la pandémie a ralenti certaines activités, l’organisme devait trouver de nouvelles manières d’avancer. Alors que la vie reprend en 2022, il y a Joëlle Bissonnette, une professeure à l’UQAM et chercheuse bien connue dans le milieu musical qui a publié une étude sur la présence des femmes dans le milieu.

L’étude proposait parmi ses conclusions que la création d’un répertoire pouvait être une manière efficace de donner plus de visibilité aux femmes qui travaillent dans l’industrie. C’est ainsi que DIG! Différences et inégalités de genre dans la musique au Québec, Femmes* en Musique, shesaid.soMTL, Lotus Collective Mtl Coop, le comité d’action Femmes, Inclusions et Diversité de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec se sont réunies avec MTL Women in Music pour avancer d’un seul pas à l’adaptation du répertoire que Women in Music Canada avait déjà mis sur pieds. Le but était simple comme l’exprime bien Mariana Gianelli : « Le but c’est d’avoir un endroit où toutes les femmes sont réunies […] Avec le répertoire, il n’y a plus d’excuses pour dire: je n’ai pas trouvé de femme pour mon CA. »

De plus, le travail des femmes passe souvent sous silence, car elles sont à l’arrière-scène et qu’elles ne sont pas dans des postes de pouvoir. Comme au marketing, aux relations de presses, à la gérance. Gianelli insiste sur le fait que « les femmes, on est souvent sur des projets, mais invisibles. Ce répertoire-là permet de créer des liens sur chacun des projets à un seul endroit. » Ainsi, on peut se rendre compte de l’importance de l’une d’elles à travers les sorties musicales. De plus, les deux femmes rappellent l’importance de la diversité et de l’inclusion dans leur démarche. Elles ne veulent plus que des gens se sentent laissés pour compte.

Un travail titanesque

« J’ai appris à coder en Joomla! » s’exclame Mariana Gianelli qui a mis de nombreuses heures bénévoles les soirs et les fins de semaine pour effectuer le travail. Elle n’était pas seule. Elle comptait toujours sur l’apport de sa collègue et amie Kyria Kilakos et sur l’aide précieuse de Shanti Loiselle. Ensemble, les trois femmes ont adapté le site anglophone pour qu’il soit accessible en français.

Ce dévouement ne vient pas de nulle part. Mariana Gianelli et Kyria Kilakos sont actives dans l’industrie musicale québécoise depuis une vingtaine d’années. La première explique « Kyria et moi, on pense à ça depuis longtemps parce que quand on a commencé on était peu de femmes, on se faisait harceler et mansplainer tout, mais je veux dire TOUTE. » Kilakos qui est aussi professeurs à Recording Arts Canada explique que : « j’avais 20 étudiants dans ma classe, mais seulement une femme ou deux. Ça m’enrageait. »

Le meilleur est à venir

« On est le chapitre au Canada le plus actif, probablement parce que le Québec est différent. On a beaucoup d’autonomie. On demande nos propres subventions et on travaille sur ça depuis longtemps. » Le chapitre de Montréal, mais qui dans le fond englobe le Québec, est un chapitre de Woman in Music Canada qui, lui-même, est un chapitre de Women in Music US qui a été fondé en 1985. Ce n’est pas d’hier qu’on se bat pour une meilleure représentativité.

Pour Kyria Kilakos, le mouvement Me too a beaucoup changé les choses. « Les jeunes femmes arrivent avec une attitude différente. À l’époque où Mariana et moi on a commencé, c’était une industrie dominée par les hommes. C’est encore le cas, mais on sent un vent de changement. » Elles soutiennent aussi qu’il faut donner le temps aux jeunes compagnies menées par des femmes pour faire leur place. Tout le monde n’arrive pas comme Cœur de Pirate une fois sa carrière bien établie. Plusieurs commencent au bas de l’échelle et devront travailler pour créer des fondations solides. Cela prend des années. Heureusement, MTL Women in Music est là en support.

Marina Gianelli explique que : « on a plein de formations qui s’en viennent. Récemment, on a fait une formation au Studio Planet et il y a avait 50 femmes! Ce qui nous surprend, c’est qu’on ne les connaissait pas encore, ce sont de jeunes femmes qui entrent dans le milieu. Il y a une relève qui arrive! » En tout cas, on souhaite que cette relève s’établisse pour paver le chemin de l’industrie de demain qui sera un peu plus égalitaire. En attendant, lorsque vous cherchez une technicienne, une relationniste de presse, une ingénieure de son ou encore une bassiste, il y a le répertoire de Woman in Music.

* Cet article a été créé en collaboration avec MTL Women in Music.

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