Chroniques

Jungle : en quête de liberté

Le groupe anglais Jungle a connu un succès notable avec ses deux premiers albums. Alors qu’un troisième est prévu pour le 13 août prochain, je me suis entretenu avec Josh Lloyd-Watson, la moitié du duo.

Après deux albums qui ont charmé les mélomanes, Jungle a annoncé récemment son troisième album, Loving in Stereo, prévu pour le 13 août prochain. Alors que celui-ci baigne dans le soleil qui entre par la fenêtre, je rejoins Josh Lloyd-Watson qui est du côté d’Anvers où il réside.

Rapidement, nous nous mettons à table. Il y a un gros changement pour ce troisième album : plutôt que de le publier via XL Recordings, le groupe est entièrement indépendant. Pourquoi ce choix? « Le premier album, t’es un peu naïf, t’as un peu toute ta vie d’avant pour y arriver, tu ne sais pas tout à fait ce que tu fais. Puis, le deuxième album est difficile pour n’importe qui qui a eu du succès avec son premier. Tu te demandes : est-ce qu’on fait la même chose? Est-ce que c’est ce que vous voulez? Puis le troisième pour nous était entièrement libérateur. Nous avons décidé de faire ce qu’il nous tentait de faire. »

Lloyd-Watson m’explique aussi que c’est l’aboutissement de ce que lui et Tom McFarland croyaient que le groupe devrait être. Le projet devient un tout qui dépasse les frontières de la musique, mais nous y reviendrons. « Je crois que c’est la représentation la plus fidèle de ce que nous voulions comme son pour Jungle. »

Changer… pour que la passion nous délivre…

Les changements effectués par le groupe sont importants. Notamment au niveau musical. « Avant nous étions souvent dans une rythmique mid-tempo, parce qu’on aime beaucoup le hip-hop et que nous étions un peu naïfs à travers le tout. […] Nous étions pris entre le hip-hop et la musique dance à 100, 110 BPM. Cette fois-ci avec l’album, nous voulions des chansons qui montent à l’infini. Keep Moving (le premier simple de l’album) est une de nos chansons les plus lentes de l’album. […] Là où Casio et Smile étaient sur le dernier album, pour nous c’était le début d’un son que nous cherchions. »

D’ailleurs, les deux chansons avaient été travaillées avec Inflo qui a une fois de plus collaboré avec le groupe. Peut-être que le nom vous est familier, il est l’un des compositeurs principaux derrière l’excellent projet Sault qui a lancé deux albums l’an dernier. « Des fois quand tu essaies de tout faire : écrire, enregistre, réaliser, tu te perds un peu. C’est ce qui est arrivé avec le dernier album. Inflo nous a aidés à retrouver le droit chemin. Cette fois-ci, nous n’avons collaboré avec lui que sur quelques chansons que nous avons enregistrées ou écrites ensemble. Le reste nous l’avons fait par nous-mêmes. »

Un projet qui dépasse la musique

Jungle est plus qu’un projet musical pour le duo. C’est aussi une possibilité de créer des œuvres artistiques visuelles. La plupart des clips du groupe pour l’album Forever ont été réalisés par Lloyd-Watson et Charlie Di Placido. C’est encore le cas et cette fois, Jungle pousse la note plus loin : chacune des pièces de l’album aura son clip. De plus, ils continuent la mode du plan séquence qui a fait leur marque dans les dernières années.

De plus, le groupe lance sa maison de disque Caiola. Celle-ci est nommée en l’honneur de la guitare préférée de Lloyd-Watson, qui elle-même est un hommage au guitariste Al Caiola. « C’était plus facile. Nous n’avions pas personne qui nous demandait de compte. Nous avons fait l’album que nous voulions faire au rythme que nous voulions. Il n’y a personne qui nous demande si nous avons des chansons prêtes à être des simples. »

Dépasser l’égo

Pour Josh Lloyd-Watson, il est important de se défaire de son égo pour qu’un projet comme Jungle fonctionne. C’est une unité de groupe et c’est ensemble que ça peut avancer. D’ailleurs, la formation est particulièrement fidèle à ses musiciens de tournées et ceux qui participent à leurs vidéoclips. Ce sont toujours les mêmes artistes qui mettent la main à la pâte. Josh pousse même la réflexion plus loin en entrevue.

Il trouve désolant l’âge individualiste d’Instagram dans lequel nous vivons : « Nous avons toujours voulu jouer de la musique avec nos amis et nous voulons que les gens aient du plaisir à nous écouter, mais nous n’avons jamais voulu la célébrité. Je ne vois pas ce que ça apporte à un individu. C’est particulièrement difficile ces temps-ci, alors que nous vivons dans un monde individualiste et centré sur le culte de la personnalité. Au final, je ne pense pas que ça nous ait servi en tant que société.»

« Je me rappelle, il y a 6 ou 7 ans je me disais que je n’avais pas besoin d’Instagram, c’est pour mettre des photos de lacs et de montagnes. Puis, quelqu’un a eu l’idée de tourner la caméra de bord. Nous avons perdu le sens de la communauté, c’est toujours à propos de ton égo et de comment tu es bon. Si nous avons une chance de sauver cette planète et de nous aider à passer à travers les moments difficiles, nous devons revenir à l’idée de communauté. Jungle est pour moi une façon de me forcer à oublier mon égo et mettre au service du projet. »

Lloyd-Watson précise aussi que c’est une des choses qui l’impressionne de Sault où les créateurs ont réussi à rester hors de la lumière pour laisser le projet vivre et dépasser leurs personnalités individuelles.

L’album Loving in Stereo arrive le 13 août prochain. Vous pouvez le précommander ici.

Crédit photo: Anna Victoria Best

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